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Maroc Hebdo | Maroc | 23/11/2020
Comment avancent les essais cliniques ? Comment se déroulera la campagne de vaccination ? Quelle est la différence entre les vaccins chinois et britannique et pourquoi la vaccination n’est-elle pas suffisante pour mettre fin à la pandémie ? Le point avec Moulay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de Virologie de l’Université Hassan II de Casablanca.
Les Marocains se posent beaucoup de questions concernant les vaccins, leur efficacité et le choix par le Maroc du vaccin chinois. Est-ce le bon choix, selon vous ?
Permettez-moi tout d’abord de planter le décor. Actuellement, le Covid-19 se propage au Maroc à une grande vitesse, le facteur R avoisine désormais 1,22, c’est grave. Si on ne fait pas attention, la situation risque d’être très dangereuse. Il existe deux solutions, la première est la protection grâce aux mesures barrières, la deuxième, la plus efficace, est la vaccination. Si on atteint un taux d’immunité de 80% de la société marocaine, on sera épargnés par ce danger.
La course au vaccin est à son apogée actuellement. Au début, ils étaient 200 laboratoires à travers le monde à annoncer leur travaux de recherche pour le développement d’un vaccin. A l’heure où je vous parle, 15 vaccins ont atteint leur étape finale et 5 sont en phase de production. Parmi ces 5 vaccins, figure celui du chinois Sinopharm, avec lequel le Maroc a signé un accord.
Certains se demandent si le Maroc a fait le bon choix en optant pour le vaccin chinois pour la première étape de la campagne de vaccination. Que leur répondez-vous ?
Je leur dirais tout simplement que la Chine dispose d’une très grande expertise avérée dans le domaine des vaccins. Elle dispose d’une histoire riche en réussites et en exploits. Certains ne le savent pas, mais figurez-vous que de grands laboratoires tels que AstraZeneca, Pfizer ou encore Moderna, qui développent actuellement des vaccins anti-Covid, disposent de partenariats avec les Chinois pour la production de leurs vaccins.
Un flou caractérise la campagne de vaccination au Maroc. Comment va-telle se dérouler ?
La campagne de vaccination va commencer le 1er décembre 2020 et devra durer trois mois. Elle sera répartie en quatre étapes, chacune ciblant un groupe en fonction de sa vulnérabilité et le risque d’exposition au virus. La cadence de vaccination sera de 200.000 personnes par jour au niveau urbain et rural. Toutes les infrastructures disponibles seront mises à l’œuvre, comme les hôpitaux communautaires, les CHU, les universités, en plus d’unités mobiles.
Le premier groupe ciblé par la campagne sera constitué par ce qu’on appelle les « Frontliners », à savoir les médecins, les infirmiers, les forces de l’ordre et le corps enseignant, ensuite ça sera au tour des personnes âgées de 65 et plus. Les enfants de moins de 18 ans ne sont pas concernés par la vaccination. Pour le mois de décembre, ce sont 5 millions de doses du vaccin Sinopharm qui seront concernées par la campagne. Ensuite, à partir du 1er janvier, commencera la vaccination de 24 millions de Marocains par le vaccin d’AstraZeneca, et/ou d’autres vaccins.
Quelle est la différence entre le vaccin de Sinopharm et celui d’AstraZeneca ?
Le vaccin du chinois Sinopharm est de type « old fashion » qui ne présente pas de problématique et qui donne une immunité sûre. Pour le britannique AstraZeneca, il a développé ce qu’on appelle les vaccins nouveaux, qui sont basés sur une nouvelle technologie.
Le laboratoire travaille aussi sur un autre vaccin de type « old fashion » comme celui de Sinopharm. On peut l’acquérir également. Vous savez, ce qui est important à mes yeux, c’est l’efficacité du vaccin et les deux laboratoires ont prouvé l’efficacité de leurs vaccins. Maintenant, le Maroc ne va pas se contenter, à mon sens, de ces deux laboratoires. Il y aura plusieurs autres offres de laboratoires qui ont avancé dans leurs processus de développement. Des laboratoires basés en France, Italie, Inde, Corée du sud, les Etats-Unis et même Israël.
Comment avancent actuellement les essais cliniques de Sinopharm au Maroc ?
Les essais cliniques auprès des 600 volontaires ont été clôturés avec succès.
Le vaccin sera-t-il gratuit ? Obligatoire ?
Je ne pense pas que le vaccin sera obligatoire. Mais l’objectif est d’assurer une immunité collective à hauteur de 80%. Pour ce qui est de la gratuité, je ne dispose pas d’informations mais je ne pense pas que le prix sera une barrière ou contrainte à une vaccination. Je pense que l’Etat fera le nécessaire pour les personnes défavorisés, même si le prix ne va pas être cher.
Le Maroc acheminera par voie aérienne les premières doses de vaccins à partir de décembre. Quand est-ce qu’on pourra passer à la phase production ? Est-ce qu’on dispose des moyens humains et technologiques pour le faire ?
Le Maroc compte effectivement produire le vaccin grâce à un transfert de technologie, mais on va y aller doucement car ça va être une première pour le Maroc. Sothema pourrait s’occuper de la phase production du vaccin Sinopharm, puisque le laboratoire marocain a déjà conclu un accord avec le chinois pour gérer les essais cliniques au Maroc. Je pense que nous serons capables de relever ce challenge, car nous disposons, surtout, des moyens humains. Même si on n’a jamais produit de vaccins pour les humains, nous comptons déjà deux laboratoires qui produisent des vaccins destinés aux animaux, Biopharma, à Rabat, et MCI, à Mohammedia.
Le directeur général de l’OMS a alerté sur la nécessité de maintenir les mesures barrières et que le vaccin, seul, ne mettra pas fin à la pandémie…
Il a raison. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que dès l’administration du vaccin anti-Covid, il faudra compter deux mois pour que notre corps y réponde et produise l’immunité nécessaire pour faire face au Covid-19. En attendant cette réponse immunitaire, il faut continuer à adopter les mesures barrières. Il faut faire attention, se faire vacciner ne veut pas dire être immédiatement immunisé.
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