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Libération | Maroc | 11/11/2020
Au Maroc, le débat prédomine sur les réseaux sociaux comme dans les discussions privées : faut-il se faire vacciner contre la Covid-19 ou pas ? L’opération massive de vaccination contre la Covid-19 qui devrait commencer en décembre et durer quelques mois sera-telle obligatoire ? L’efficacité du vaccin est-elle prouvée ? Des questions, des hésitations et des inquiétudes qui ne sont pas purement exclusives aux seuls citoyens marocains. En effet, le débat est mondial. Une récente étude a démontré que le nombre de personnes désireuses de se faire vacciner contre la Covid-19 est en régression.
Réalisée récemment par le Forum économique mondial et l'Institut Ipsos, cette étude internationale a révélé que le nombre de personnes désireuses de se faire vacciner contre la Covid-19 est tombé à 73%, soit une baisse de 4 points depuis le mois d'août. Une autre étude du Forum économique mondial et Ipsos réalisée il y a trois mois avait révélé que dans 15 pays, 77% des adultes étaient tout à fait ou plutôt d'accord avec l'affirmation "si un vaccin contre la Covid-19 était disponible, je me ferais vacciner".
Les intentions de vaccination ont diminué dans 10 des 15 pays, principalement en Chine, en Australie, en Espagne et au Brésil. Plus de quatre personnes sur cinq en Inde, en Chine, en Corée du Sud et au Brésil déclarent qu'elles obtiendraient un vaccin si celui-ci était disponible, contre un peu plus de la moitié en France et environ deux personnes sur trois aux Etats-Unis, en Espagne, en Italie, en Afrique du Sud, au Japon et en Allemagne. Concernant les raisons avancées pour expliquer cette baisse de confiance dans le vaccin, il y a d’abord l’inquiétude vis-à-vis d’éventuels effets secondaires (34% au niveau mondial).
Ensuite, la rapidité des essais cliniques relatifs au vaccin (33%). Un nombre plus faible de personnes disent qu'elles ne pensent pas que celui-ci sera efficace (10%), qu'elles sont contre les vaccins en général (10%) et que le risque de contracter la Covid-19 est trop faible (8%). C'est au Japon (62%) et en Chine (46%) que les inquiétudes concernant les effets secondaires sont les plus fortes. L'inquiétude concernant la rapidité avec laquelle les essais cliniques ont été menés est la plus forte au Brésil et en Espagne (48% dans les deux pays). Parmi ceux qui ne se feront pas vacciner, l'opposition aux vaccins est la plus forte en Afrique du Sud (21%) et en Inde (19%).
Sur un autre registre, ladite étude a indiqué que près de la moitié des adultes dans le monde déclarent qu'ils se feraient vacciner dans les trois mois suivant la mise à disposition du vaccin anti-Covid-19 pour tous. Plus des deux tiers le feraient au Mexique (71%), au Brésil (68%) et en Chine (68%), mais moins de quatre sur dix en France et en Espagne (38% dans les deux cas). Jusqu'à 90% des Chinois et 86% des Sud-Coréens déclarent qu'ils se feraient vacciner dès la première année de disponibilité du vaccin, contre seulement 54% des Français.
L'OMS a classé les hésitations du public à l'égard de la vaccination parmi les dix ennemis que l’organisation devrait affronter et qui touchent non seulement la santé publique, mais aussi les entreprises et les économies. « Les réserves ou plutôt la peur des vaccins est une tendance mondiale qui ne date pas d’aujourd’hui. Le fiasco de la vaccination contre la grippe H1N1 en 2009 a donné un coup de fouet à cette tendance en semant plus de troubles dans la population. En effet, trop de confusion et trop de flou résultent de la profusion d'articles, de rapports et d'études aux antipodes de la réalité scientifiquement établie. Même le personnel soignant est victime de cette littérature souvent non validée par les pairs », nous a indiqué M.M, médecin généraliste casablancais. Et de poursuivre : « Souvent, les experts et les sociétés savantes émettent des réserves à propos des résultats des études concernant les vaccins puisqu’ils pensent que rien n’est sûr du fait que la vérité scientifique est en constante évolution ».
Concernant le lancement d’une opération massive de vaccination contre la Covid19 au Maroc annoncée dernièrement par le Souverain et qui va donner la priorité au personnel de la santé, aux autorités publiques ou encore aux forces de sécurité et autres personnels de l’éducation nationale, sans oublier les personnes âgées ou vulnérables, notre interlocuteur nous a affirmé qu’il s’agit bien du vaccin chinois de Sinopharm qui dispose d'un institut de recherche pharmaceutique appliquée et d'un institut de conception technique, tous deux occupant une position de leader en Chine. Il a également présidé à la définition de plus de 530 critères techniques nationaux, parmi lesquels le vaccin EV71. « Le vaccin de ce groupe reste le meilleur puisqu’il est réalisé selon des méthodes traditionnelles et qu’il n’a pas été le fruit de manipulations génétiques comme les vaccins russe ou britannique », nous a révélé M.M.
Et de poursuivre : « Ce vaccin a déjà été testé sur le personnel du groupe qui s’élève à 128.000 employés et sur un million de personnes de par le monde ». Rappelons à ce propos qu’une partie de ces essais de phase 3 ont eu lieu au Maroc. 600 volontaires y auraient participé. « Ces premiers essais au Maroc ont été concluants selon les témoignages de plusieurs participants qui ont affirmé que jusqu’à présent, ils n’ont rien ressenti comme effets secondaires indésirables. Il faut souligner, cependant, que l’opération de vaccination massive demandera beaucoup de travail et d’organisation. Il est vrai que le Maroc a une très bonne expérience en la matière (campagne de vaccination des enfants), mais il y a aujourd’hui un défi logistique de taille à relever puisque le vaccin exige des températures très basses », a conclu M.M.
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