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Revue de presse

Coronavirus : La chloroquine, réel protocole thérapeutique ou vaine polémique ?

Hespress | Maroc | 29/09/2020

Causée par le virus SRAS-CoV-2 qui infecte l’appareil respiratoire, la Covid-19 a été très tôt catégorisée comme un coronavirus fatal et considéré comme une menace planétaire. A chaque jour que Dieu fait plusieurs milliers de personnes en décèdent, et pour l’heure on ne s’est toujours pas accordé sur un protocole thérapeutique universel efficace.

Le traitement à base de la chloroquine qui connut au début de la pandémie un vif succès si l’on peut dire est vite tombé en disgrâce et est devenu au cœur d’une vive polémique au point où l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la suspension temporaire des essais cliniques. Une situation qui n’a toutefois pas empêché plusieurs pays d’adopter un traitement à base de chloroquine comme le Maroc. A priori pour nombre de pays, ce traitement continuerait de faire des cas de guérison…

Si bien et tant qu’au Maroc, la chloroquine sera bientôt sur le marché dans les officines si l’on s’en tient aux dires de sources proches de ce dossier. Cette décision serait en lien avec la pression que connaît l’hôpital public depuis que la pandémie a gagné en augmentation. En effet devant le nombre à la hausse de personnes positives, les établissements hospitaliers du Royaume saturent.

Aussi pour alléger ces dispositifs dédiés aux soins de la Covid-19, nombre de malades sont traités à domicile aujourd’hui. Mais pour autant est-ce que ce médicament prouvé son efficacité contre la pandémie du coronavirus (Covid-19) qui fait rage au Maroc ou s’agit-il d’une vaine polémique autour de l’usage de la chloroquine dans le traitement de la Covid-19 ou d’un conflit d’intérêt ? Une question qui mérite d’être posée au regard des résultats obtenus et qui s’observent à travers le monde grâce au protocole thérapeutique à base de la chloroquine.

Le ministère de la Santé du Maroc avait précédemment décidé de généraliser le traitement à la chloroquine pour chaque cas possible d’infection par le coronavirus (Covid-19) présentant des symptômes, sans attendre les résultats de laboratoire. En juillet il avait adressé au président du Conseil national de l’Ordre des Médecins une mise à jour des procédures de prise en charge des cas de Covid-19 et de leurs contacts en référence à la circulaire n°38/DELM/00 du 20 mai 2020 qui pressentait cette décision.

Auparavant sur avis du comité scientifique et technique ainsi que sur des recommandations d’éminents praticiens marocains et notamment, le professeur de médecine de travail et spécialiste en pneumologie Chaquib Laraqui, le ministère de la Santé mettait à jour un protocole de soins des personnes atteintes de coronavirus. Le dépliant de la Santé a été publié à des fins de diminuer le risque d’éventuelles complications de santé pour le patient et la forte probabilité de son décès et dans le but de réduire le temps du traitement et d’alléger ainsi les structures de santé trop sollicitées.

Les consignes étaient claires et appelaient les responsables concernés à respecter leur application. C’est ainsi que les cas symptomatiques bénins devaient être suivis à domicile, l’identification des cas suspects reposant sur l’observation des symptômes et signes d’infection au niveau du système respiratoire, tels que toux, maux de gorge et difficultés respiratoires, que ces symptômes s’accompagnent ou non de fièvre. Mais surtout, le département d’Ait Taleb a appelé les directeurs des centres hospitaliers universitaires à soigner le plus rapidement possible les éventuels cas infectés, sans attendre la confirmation virologique pour les cas probables, et sans attendre le résultat du test « PCR » pour les contacts avec des maladies.

C’est ce que préconisait le professeur Chakib Hossini Laraqui qui est également membre de l’Académie nationale de médecine de France, titulaire du plus haut diplôme universitaire français (habilitation à diriger les recherches en médecine) et ex temporary medical adviser de l’OMS en matière de tuberculose, « « il faut traiter le cas dès l’apparition des signes cliniques sur les symptômes (syndrome pseudo-grippal). Une enquête de l’entourage étant indispensable pour traiter les cas suspects, ce qui permettrait de limiter la contagion et l’aggravation conduisant à la réanimation » nous déclarait-il en avril dernier. A ce propos, Pr Laraqui insistait sur le fait que le traitement devait être prodigué le plus rapidement possible sur ordonnance médicale tout en respectant les contre-indications.

L’hydroxychloroquine (HCQ) dès lors qu’elle fut adoptée dans le protocole de traitement de l’épidémie de Covid-19 au début de la pandémie, le ministère de la Santé l’avait retirée du marché et mise en stock pour une utilisation au niveau des CHU et des établissements agréés et équipés pour les soins de la maladie du coronavirus (Covid-19). « Si le ministère avait eu raison de prendre cette décision à l’époque, la situation est aujourd’hui différente » avait déclarait Mohamed Houachi, vice-président de la Fédération nationale des syndicats de pharmaciens au Maroc (FNSPM) au micro de Hespress qui mettait en avant pour étayer ses dires les traitements des patients à domicile par le privé avec évidemment les procédures de rigueur qui vont avec telles que recommandées par le département de tutelle, (isolations, gestes barrières etc.).
Bien plus que sa remise sur le marché de la chloroquine, le sujet ce qui nous intéresse ici est la polémique que l’hydroxychloroquine suscite en l’absence d’un traitement efficace et de vaccin. Que sait-on vraiment de ce remède qui associé à un antibiotique (combinaison HCQ et azithromycine) avait prêté à espoir. Le professeur et pneumologue Chaquib Hossini Laraqui décrivait ainsi la maladie de la Covid-19 : «

Dans cette maladie il y a deux phases, celle de la bronchite avec le syndrome pseudo-grippal dû au virus et sensible au dit protocole de traitement précité si prise à temps et la phase de pneumonie qui est parfois fatale, dès lors que l’on la laisse trainer ».

D’aucuns préconisent la chloroquine pour le traitement des cas légers – mais à haut risque – et pour les cas modérés de Covid-19 sans toutefois le recommander pour les cas graves et ceux avec une maladie cardiaque préexistante. Aussi nombre de gouvernements dans le monde l’ont réorientée à cet usage quand ils ne l’ont pas bannie à l’image de la Suisse. Le Brésil a généralisé son usage, Donald Trump en prenait tous les jours jusqu’à dimanche dernier et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a suspendu « temporairement » ses essais cliniques après une nouvelle étude évoquant des risques de décès accru.

La chloroquine est prescrite depuis plusieurs décennies contre le paludisme, un parasite véhiculé par le moustique. Elle est peu onéreuse, ce qui lui confère des caractéristiques convenables d’accueil surtout en Afrique. L’hydroxychloroquine a connu une notoriété inédite depuis que le Pr Didier Raoult, de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée-Infection, à Marseille, l’a relayée. L’effervescence fût telle que les présidents américain, Donald Trump et brésilien, Jair Bolsanero, s’en sont fait les apôtres, au point d’en prendre quotidiennement à titre préventif. L’Inde a beaucoup consommé ce médicament et l’a également exporté vers de nombreux autres pays, dont les États-Unis.

Mais grosso-modo face à ce fléau, il faudrait se mettre en tête qu’actuellement il n’existe ni traitement ni vaccin. La Covid-19 a encore de beaux jours devant elle, il va falloir vivre avec, et pour seule et réelle défense pour l’heure que les gestes barrières, tester, isoler pour éviter la propagation du virus et surtout communiquer, sensibiliser et avoir une attitude responsable et citoyenne.

Mohamed Jaouad EL KANABI

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