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Revue de presse

« Plus il y a de candidats pour le vaccin, plus on a de chances d’aboutir à un résultat rapide »

Albayane | Maroc | 27/08/2020

AlBayane : l’épidémie ne semble pas fléchir, chaque jour le nombre de nouveaux cas de coronavirus dépasse les 1.000. Faut-il craindre une deuxième vague avec l’arrivée de l’automne et l’hiver ?

Docteur Omar Menzhi : L’augmentation du nombre de nouveaux cas qui sont actuellement enregistrés, n’a rien de fortuit, ce n’est pas dû au hasard, c’est essentiellement le résultat des comportements irresponsables de certains citoyens qui font preuve d’un relâchement concernant l’observation des mesures barrières et la distanciation physique. Les autorités ne cessent de rappeler a travers tous les canaux de communication (TV - Radio - presse écrite, électronique…) que la situation est sérieuse, qu’il est important que nos concitoyens maintiennent les mesures barrières à l’occasion des regroupements familiaux, mais aussi extra-familiaux publics ou privés, notamment à l’égard des personnes les plus à risque.
La situation actuelle, caractérisé par la multiplication des cas et des clusters, ont amené les autorités à faire du port du masque une obligation.
L’évolution actuelle particulièrement au niveau de certaines régions et villes (Casablanca - Marrakech - Beni Mellal - Meknès - Fès - Tanger …), a obligé les autorités a prendre des décisions radicales, des actions de confinement localisé de quartiers à fortes densités de population, sont prises pour contenir et arrêter la propagation du virus et pour sauver des vies.

Sans vouloir être alarmiste ou pessimiste, je crains une seconde vague épidémique qui sera très probablement observée au cours de l’automne ou de l’hiver prochain.
L’avenir de l’épidémie à court terme est en grande partie entre les mains des citoyens, notamment par leur capacité à assimiler et à respecter l’ensemble des mesures barrières.
Il est hautement probable qu’une seconde vague épidémique soit observée à l’automne ou hiver prochain. L’anticipation des autorités sanitaires à mettre en place opérationnellement les plans de prévention, de prise en charge, de suivi et de précaution est un élément majeur.

Que pouvez-vous nous dire au sujet de l’immunité collective tant espérée, et qui n’est plus envisageable ?

Cette option, n’était pas à l’ordre du jour pour notre pays, contrairement à certains pays (Angleterre - Suède - Pays-Bas…), qui ont opté pour cette solution. Il faut savoir que l’immunité collective est un principe selon lequel plus les personnes sont infectées par un agent pathogène responsable (ici le virus) d’une maladie, plus elles développent des anticorps contre ce virus, et moins l’épidémie se propage dans la population.
Mais dans la réalité des choses, et en l’occurrence face au coronavirus, dont on connait très peu de chose, une immunité collective n’est pas facile à obtenir. C’est des sacrifices énormes surtout en vies humaines. C’est laisser mourir un grand nombre de personnes vulnérables, les personnes âgées, celles et ceux qui souffrent de multiples maladies chroniques (diabète - hypertension artérielle - cardiopathies, maladies rénales, cancers…). Et dans la situation actuelle concernant le SARS Cov-19, rappelons qu’il n’existe aujourd’hui ni traitement radical, ni vaccin. Cela a pour effet des conséquences catastrophiques d’un afflux massif de patients dans des hôpitaux en manque de moyens, ce qui s'est passé au niveau de certains pays comme l’Angleterre, et les Pays Bas, qui avaient au début de cette épidémie fait le choix de l’immunité collective, pour éviter le confinement et le blocage du pays.

Mais face au nombre grandissant de malades, et de décès que ces deux pays ont enregistré, les responsables et décideurs ont très vite compris les dangers auxquels leurs populations respectives étaient confrontées.
C’est pourquoi l’option d’une immunité collective a été abandonnée, et des mesures plus sévères de confinement, de mesures préventives, et gestes barrières ont été privilégiés pour limiter la propagation de la pandémie de coronavirus.

Nous constatons qu’à ce jour, il n’y a pas encore un traitement radical contre le coronavirus. Quel est votre avis sur la question ?

Face à cette maladie, nous n’avons pas encore un traitement efficace, c’est difficile à obtenir face à un virus émergeant tel le SRAS COV 2.
On comprend dès lors mieux pourquoi la covid-19, qui est une maladie virale n’a à ce jour malheureusement aucun traitement curatif bien spécifique, comme c’est le cas pour d’autres maladies, que la médecine maitrise très bien. Pour l’heure nous disposons de tout un arsenal thérapeutique symptomatique, et les traitements donnés aux patients sont pour le moment uniquement destinés à soulager les symptômes, et aucun d’entre eux n’a pour l’instant démontré une efficacité incontestable contre la maladie.
C’est du reste ce que confirme l’OMS sur son site, il n’existe actuellement aucun médicament homologué pour le traitement ou la prévention du Covid-19.
Tout cela pour vous dire qu’il faut rester très prudent sur ce que disent certains scientifiques sur les réseaux sociaux

Vous savez face à cette crise sanitaire majeure, qui n’a épargné aucun continent, aucun pays, nous devons nous réjouir quelque part, et rendre grâce à Dieu qui a bien fait les choses, car 70 à 80% des cas sont asymptomatiques, ou des cas bénins.

Face à cette situation, le vaccin anti Covid est- il la solution pour faire fléchir la pandémie ?

Évidement que c’est une solution. Personnellement, j’ai toujours été, et je demeure un fervent défenseur de la vaccination. Je n’ai jamais été un nihiliste.
La vaccination a sauvé la vie à des millions de personnes, je dirais a des milliards d’individus à travers le monde, comme elle a aussi épargné a l’humanité des millions d’handicaps.
Donc, oui un vaccin sûr et efficace pourrait être effectivement le seul outil permettant de faire comme vous dites fléchir cette épidémie et permettre du coup un retour à une vie normale.
Vous savez le Maroc a une très grande expérience en ce qui concerne la vaccination, c’est un pays qui est cité en exemple par les plus hautes autorités sanitaires mondiales.
Notre pays a réussi a éradiquer définitivement certaines maladies, et a en contenir d’autres, grâce à la vaccination.
Aujourd’hui sur la base de notre longue expérience, il est donc tout à fait compréhensible de dire qu’il est difficile d’imaginer la disparition totale du coronavirus avant qu’il n’y ait un vaccin.

Selon vous, la mise au point d’un vaccin anti covid sûr et efficace, est-elle pour bientôt ?

Je vous réponds tout de suite, en vous disant que les vaccins sont parmi les produits les plus difficiles à développer, certains vaccins ont nécessité 10 ans, d’autres 20 ans.
Mais face à cette pandémie, aux drames humains quotidiens, aux enjeux sanitaires et économiques, toutes les équipes de chercheurs, des laboratoires implantés a travers le monde, n’ont ménagées aucun effort pour mettre au point un vaccin susceptible de vaincre définitivement le coronavirus.
En effet toutes les équipes fournissent des efforts louables pour permettre a l’humanité de dépasser ce fléau, et vaquer au développent économique et social
Tous les pays sont de la partie, bien évidemment, il s’agit des Etats Unis, de la chine, de la Russie, l’Allemagne, la France, l’Angleterre, l’Inde, l’Australie…
Comme on peut le voir, il y a du monde. C’est une très bonne nouvelle, car plus il y a de candidats pour le vaccin, plus on a de chances d’aboutir à quelque chose dans les mois à venir.

Pourquoi la fabrication d’un vaccin anti-covid constitue-t-elle un processus aussi long ?

Il faut savoir que la production d’un vaccin passe par plusieurs phases (préclinique - clinique - et production).
Il faut en outre trois principales caractéristiques qui sont a recherchées pour un candidat-vaccin qui sont :

  • Son innocuité pour les humains
  • Sa tolérance par l’organisme
  • Son immunogénecité

Il y a d’autres atouts qui sont à évaluer chez le candidat vaccin, qui sont aussi très importantes, à savoir :
Le vaccin procure-t-il bien une protection durable contre l’infection ?
Quelle stratégie vaccinale possible ?
A quel moment, quelle dose, la fréquence à adopter ?

Tous ces éléments sont a prendre en considération pour savoir si cette stratégie est susceptible de fonctionner pour réduire le risque de transmission de l’agent pathogène.
Vous savez un vaccin grippal, qui revient chaque année, et dont la fabrication est relativement aisée et de courte durée, pourtant tous les ans les chercheurs, des spécialistes aguerris dans le domaine de la vaccination et de la mise au point des vaccins, sont mobilisés, le vaccin passe-passe par plusieurs étapes :

Après l’identification et l’isolement d’une nouvelle souche de virus grippal susceptible de donner lieu à une pandémie, il faut environ 5 à 6 mois pour pouvoir commencer à se fournir en vaccins homologués. Ce délai est nécessaire parce que le processus de fabrication comporte de nombreuses étapes, chacune d’entre elle nécessitant un certain temps.
Vous imaginez ce que cela peut représenter pour un vaccin anti covid, un virus qui demeure insaisissable. Tout cela pour dire que la fabrication d’un vaccin ca prend du temps.
Ce qui peut contribuer à réduire considérablement la durée de temps, c’est qu’aujourd’hui plusieurs organismes, laboratoires, gouvernements, sont dans la course pour développer un vaccin contre le SARS-CoV-2 (le virus responsable de la maladie Covid-19). Tous sont au coude à coude et font la course pour sortir leur vaccin en premier. Les enjeux sont énormes, et il n’est pas exclu de voir un vaccin contre le coronavirus dans les prochains mois.

Dans cette course au vaccin anti covid, où en sommes-nous au Maroc ?

Notre pays s’est proposé pour participer à un essai clinique de phase III. A cet effet, le Maroc et le laboratoire chinois CNBG ont conclu deux accords de coopération en matière d’essais cliniques du vaccin anti-Covid-19.
Personnellement, je trouve cette décision très pertinente et courageuse.
Cette phase III va permettre d’évaluer l’efficacité, et les bénéfices/risques du candidat vaccin. Les essais seront réalisés sur des centaines, voire des milliers de personnes volontaires et consentantes.
Les responsables vont leur assurer une protection conformément au dispositif réglementaire dont dispose le Maroc.

Ces essais pivots permettront de définir les conditions, et les précautions d’emploi du vaccin, et à terme de poser des demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM).
Si les essais sont concluants, et si l’AMM est accord », la vaccination à grande échelle pourra commencer.
L’heure est à l’optimisme, de grands espoirs existent et des perspectives qui sont raisonnables d’avoir un vaccin dans les prochains mois.
C’est en tous les cas ce que personnellement je souhaite.

Propos recueillis par Ouardirhi Abdel

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