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Revue de presse

L’export des médicaments déconfiné

L'économiste | Maroc | 01/06/2020

Les laboratoires pharmaceutiques poussent un « ouf » de soulagement. La circulaire n°91DMP/00 du 31 mars 2020, qui subordonnait les exportations de médicaments à autorisation du ministère de la Santé, vient d’être définitivement abrogée.

L’export peut donc reprendre selon la procédure classique et ce, sans aucune restriction ni qualitative ni quantitative. La décision du ministère, sous la pression des autres départements tels que l’Industrie, les Finances, met ainsi fin à un bras de fer avec les opérateurs qui a duré deux mois (Cf. L’Economiste n°5746 du 22/04/2020).

Dès le début de la pandémie du coronavirus, le ministère de la Santé a émis une circulaire, signée avec le conseil des pharmaciens fabricants et répartiteurs, imposant des restrictions à l’export de médicaments peu importe la spécialité. La décision avait pour objectif de sécuriser des réserves pour parer à tout imprévu.

Ainsi pour exporter, les industriels devaient fournir une panoplie de documents (toujours les mêmes) pour chaque opération. Ce qu’ils n’ont jamais compris, car ces mêmes documents étaient délivrés par le même ministère et donc toujours en sa possession tels que le numéro de l’autorisation de mise sur le marché. Or, ces références ne concernent en rien les pays destinataires. Par ailleurs, les exportateurs devaient communiquer certaines informations jugées sensibles et confidentielles telles que le prix pratiqué à l’international ou encore les conditions de vente.

Les industriels ne comprenaient pas non plus pourquoi le ministère de la Santé a généralisé les restrictions à tous les médicaments, y compris ceux qui ne sont pas dédiés au traitement du covid-19 et ceux dont les stocks dépassant parfois largement les besoins du pays. Pour un industriel, « le Maroc a plus un problème de débouchés que de production. Pour certaines références, les laboratoires nationaux disposent parfois de l’équivalent de la consommation annuelle ».

A défaut de retirer la circulaire, les industriels avaient réclamé la publication d’une liste négative de produits suspendus à l’export. En effet, le blocage des exportations avait mis dans l’embarras les entreprises qui se sont retrouvées avec de gros volumes de médicaments dont l’emballage et le prospectus sont rédigés soit en anglais, soit en anglais et en arabe, ou en français, conformément aux spécifications précisées par les pays de destination. Les boîtes ne portaient pas non plus la mention de PVP (prix public de vente) adopté au Maroc. Par conséquent, si le blocage perdurait, ces médicaments n’auraient pas pu être écoulés au Maroc puisqu’ils sont fabriqués pour l’étranger.

Les laboratoires pharmaceutiques se sont également trouvés dans une situation économique difficile du fait que leurs bureaux de représentation dans les pays de destination en Afrique subsaharienne étaient compromis, sans oublier la mise au chômage de plusieurs dizaines de délégués et de visiteurs médicaux (250 selon un industriel).

L’industrie pharmaceutique est l’un des secteurs qui contribue de manière de plus en plus accrue à la balance des paiements. Depuis 2016, les exportations de médicaments sont en hausse. En 2019, elles avaient atteint 1,27 milliard de DH contre 1,25 milliard un an auparavant. D’aucuns se demandaient pourquoi restreindre les exportations quand on sait que pour certaines références pharmaceutiques, les stocks dépassent parfois de loin les besoins nationaux.

Une décision salvatrice

La levée des blocages sur les exportations constitue une bouffée d’oxygène pour l’industrie. En effet, depuis l’instauration de l’état d’urgence, les ventes de médicaments sont en chute libre. Les problèmes de couverture médicale, exacerbés par la faiblesse du pouvoir d’achat, ont été aggravés par les contraintes du confinement. De nombreux patients ont annulé leurs rendez-vous. Il y a eu un certain cafouillage quant à l’ouverture des cabinets médicaux. Du coup, le chiffre d’affaires des pharmaciens et des laboratoires s’en est largement ressenti. Certains industriels estiment à 80% la baisse de consommation de médicaments pour le mois d’avril.

Hassan EL ARIF

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