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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 28/05/2020
12% sont frappés à la fois par la pauvreté monétaire et multidimensionnelle
17,6% des enfants vivent dans des logements avec plus de trois personnes par chambre et 19,1% habitent dans des logements construits avec des matériaux non améliorés pour les toits et les sols.
L’Unicef vient de publier son dernier rapport sur la situation des enfants au Maroc. Cette nouvelle analyse axée sur l’équité réalisée conjointement avec l’Observatoire de développement humain (ONDH) et l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE) permet d’examiner les progrès réalisés dans l’atteinte des droits des enfants au Maroc et d’identifier les nombreux défis qui restent à relever. A noter que la dernière analyse sur la situation des enfants remonte à 2014. Des améliorations en termes de réduction de la mortalité maternelle et infantile ou encore des acquis en matière d’éducation primaire universelle ont été relevées. Cependant, tous les enfants ne bénéficient pas de ces progrès de la même manière. Le rapport relève que les conditions de vie des enfants et la réalisation de leurs droits sont fortement tributaires du niveau économique de leurs familles, du degré d’instruction des parents, ainsi que de leur milieu de résidence. Un net désavantage a été observé pour les enfants vivant en milieu rural, dans les zones les plus enclavées, ainsi que ceux issus des milieux périurbains pauvres.
Au Maroc, 12,1% des enfants se trouvent dans une situation de pauvreté/vulnérabilité monétaire et de pauvreté multidimensionnelle. Il a été constaté que pour toutes les tranches d’âge (0-4, 5-14 et 15-18), les enfants les plus exposés à la pauvreté multidimensionnelle vivent en milieu rural, au sein de foyers où le chef de famille n’a pas ou peu de niveau de formation formelle et appartenant au quintile le plus pauvre. En effet, en matière de pauvreté multidimensionnelle, seulement 27,4% des enfants ne vivent aucune privation d’accès aux huit droits analysés (eau, assainissement, logement, nutrition, santé, couverture médicale, éducation et information). Cependant, 32,9% des enfants vivent au moins une privation et 39,7% sont privés de deux dimensions ou plus et sont donc en situation de pauvreté. Les enfants sont plus vulnérables aux privations en milieu rural : à peine 8,% des enfants n’ont aucune privation, contre 42,5% en milieu urbain. Le pourcentage des enfants en situation de pauvreté multidimensionnelle en milieu rural est beaucoup plus élevé qu’en milieu urbain (69,1% et 17,7% respectivement).
La mortalité infanto-juvénile a reculé. Entre l’enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF) de 2011 et celle de 2018, la mortalité des enfants de moins de 5 ans s’est réduite de 27% et la mortalité des enfants de moins d’un an (mortalité infantile) a baissé de 38%. La mortalité néonatale (mortalité durant le premier mois de l’enfant est passée de 21,7 à 13,6 pour 1.000 naissances vivantes. En dépit de ces progrès, de nombreux défis persistent, notamment en matière d’accès aux services de santé pour la femme et l’enfant. Bien que les infrastructures publiques de santé aient connu un développement notable, 20% de la population se trouve encore à plus de 10 km d’un établissement de santé. La pénurie des médecins constitue un réel problème. A l’échelle nationale, le ratio de médecins généralistes par habitant est de 11 pour 100.000, celui des pédiatres n’est que de 4 pour 100.000 enfants. Si l’on considère les femmes de 15 à 49 ans, le ratio de gynécologues est d’à peine 5 pour 100.000, tandis que le ratio de sages-femmes n’est que de 1 pour 100.000. Ainsi, la pénurie de personnel, la faible qualité des prestations offertes et l’éloignement géographique aboutissent à un manque de confiance de la population envers le système de santé public.
En matière d’éducation, le rapport mentionne qu’en dépit d’une augmentation des taux de scolarisation, l’accès à l’école se fait parfois de façon tardive et la capacité de rétention du système reste limitée. La déperdition et l’abandon scolaires ainsi que la qualité de l’école constituent des obstacles majeurs. Le document met en exergue le manque d’accompagnement de l’élève, de la faible fréquentation du préscolaire, de l’insuffisance de services de transport pour accéder aux établissements ou du faible niveau de formation du corps enseignant. Par ailleurs, certains enfants perçoivent l’école comme un espace où l’équité est absente et qui ne favorise pas encore la justice et la cohésion sociales.
Le nombre d’enfants au Maroc est estimé à 11,2 millions en 2019 (5,5 millions de filles et 5,7 millions de garçons). Ainsi, 31,4% de la population marocaine a moins de 18 ans. Selon les projections démographiques, la part des enfants dans la population totale devrait diminuer en passant à 27% en 2030 et à 22% à l’horizon 2050. Cette réduction s’explique par la baisse de l’indice synthétique de fécondité (2,38 enfants par femme) et l’allongement de l’espérance de vie (77,2 ans pour les femmes et 74,9 ans pour les hommes). Cela dit, des écarts persistent entre les régions et notamment entre les zones urbaines et rurales. Ainsi, l’indice synthétique de fécondité est de 2,12 en milieu urbain contre 2,8 en milieu rural. Il varie de presque un point entre la région ayant l’indice le plus élevé, en l’occurrence Dakhla-Oued Eddahab et celles de Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra qui présentent l’indice le plus bas. Ces écarts sont encore plus prononcés à l’échelle des provinces (de 1,6 dans la province de Rabat à 3 dans les provinces de Zagora, Youssoufia ou Tinghir). S’agissant de la répartition des enfants sur le territoire, 59,1% se concentrent dans les pôles urbains de Casablanca-Settat (19,2%), Marrakech-Safi (14,3%), Rabat-Salé-Kénitra (13,1%) et Fès-Meknès (12,5%). Concernant le type de logement, les enfants et leurs familles habitent en majorité dans des maisons marocaines (56,8%), puis dans des logements de type rural (22,8%) et enfin en appartement (11,6%). La capacité des logements et leur qualité sont à améliorer. Selon l’ONDH, 17,6% des enfants vivent dans des logements avec plus de trois personnes par chambre et 19,1% habitent dans des logements construits avec des matériaux non améliorés pour les toits et les sols. Si les conditions d’habitation en milieu urbain sont en général meilleures qu’en milieu rural, il faut tenir compte du nombre élevé d’enfants vivant dans les périphériques pauvres des villes, notamment dans les bidonvilles et les habitats insalubres, où les carences en matière d’accès aux services publics peuvent être plus importantes qu’en milieu rural.
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