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Revue de presse

Les intolérants au gluten par temps de confinement/Ramadan

Hespress | Maroc | 23/05/2020

La Journée internationale de la Maladie Cœliaque, fêtée chaque 15 mai, est l’occasion de faire le point sur la façon dont les intolérants au gluten vivent ou ont vécu ce confinement sanitaire et le mois sacré du Ramadan, d’autant plus que le seul traitement de la maladie repose sur un régime alimentaire sans gluten (RSG) très strict.

La maladie cœliaque (MC), mieux connue sous l’appellation d’intolérance au gluten, est une protéine contenue dans les céréales (blé, orge, seigle…), ainsi qu’une maladie auto-immune, plutôt féminine, où le système immunitaire attaque la paroi de l’intestin grêle induisant des dommages et des troubles de l’absorption du fer, du calcium, et des vitamines et de multiples autres complications.

Selon une étude réalisée par Dr Khadija Moussayer, Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) et Jamila Cherif Idrissi, Présidente de l’association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG), l’application de ce régime contraignant demeure toujours difficile en temps ordinaire du fait de l’absence d’un étiquetage obligatoire sur la présence du gluten dans certains pays comme le Maroc (à la différence de la France), alors que ce nutriment est présent dans la plupart de produits très divers (pain, farines, pâtisserie, pâtes, charcuterie…) et souvent insoupçonnés (médicaments, rouge à lèvres, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade, plats cuisinés…).

De plus, il y a une faible disponibilité de ces produits sans gluten au Maroc, en dehors de boutiques spécialisées et de grandes surfaces. Et par temps de pandémie du coronavirus ainsi que l’avènement du mois sacré, la recherche épuisante de ces aliments peut se transformer en véritables « chasses » souvent infructueuses.

Entre courses aux produits de base et solidarité avec les plus démunis

Dans leur étude, les deux spécialistes de la question indiquent que les malades ne sont malheureusement pas en effet tous logés à la même enseigne au Maroc pour leur approvisionnement en produits sans gluten, qui, rappelons le, peuvent être jusqu’à dix fois plus chers que les aliments « normaux », soulignant que les cœliaques vivant dans les grandes villes peuvent bien les trouver effectivement, mais souvent loin de leurs domiciles car ils ne sont pas disponibles dans toutes les surfaces et sont concentrés dans certains magasins spécialisés.

Par ailleurs, ils estiment que l’autorisation de déplacement dérogatoire ne permet pas toujours de circuler jusqu’à ces magasins, en plus du prix devenu exorbitant pour certains produits, dans tel ou tel magasin proche, qui pousse ces mêmes familles à essayer de s’approvisionner à moins cher mais beaucoup plus loin chez des grossistes ou semi-grossistes, sans parler de ceux qui vivent dans des lieux plus reculés, comme des petites villes ou la campagne, où l’approvisionnement est devenu une « mission impossible ».

Ainsi, et avec la pandémie du Covid-19, beaucoup de personnes ont de plus perdu actuellement leur emploi ou bien reçoivent une subvention de l’Etat qui, selon les deux spécialistes, ne leur permet même pas de couvrir les frais de ces produits.
Face à cette situation, l’Association Marocaine des Intolérants et Allergiques au Gluten s’est mobilisée pour récolter des fonds, acheter des produits sans gluten et les distribuer sous forme de « paniers » alimentaires à une centaine de familles nécessiteuses. D’autres actions sont en préparation, fait savoir les organisateurs, qui soulignent que beaucoup de ces familles espèrent maintenant sortir de ce confinement rapidement car leur situation n’est plus tenable.
« Toutes ces familles sont également inquiètes de pouvoir continuer à se nourrir en toute sécurité en cas d’hospitalisation à la suite d’une contamination. Précisons quand même qu’il n’existe aucun risque augmenté pour les malades cœliaques face au coronavirus. Les recommandations sont les mêmesque celles délivrées à la population générale. Concernant les enfants, aucune donnée ne fait craindre une fragilité particulière ,» explique l’étude.

Une maladie aux manifestations peu claires et déroutantes

Toujours selon l’étude des deux expertes, cette affection demeure difficile à diagnostiquer à cause de ses multiples manifestations. D’une affection de nourrissons et d’enfants en bas âge et dont les signes typiques se limitent à l’appareil digestif (diarrhées, vomissements, état irritable, cassure de la croissance), la maladie cœliaque est devenue ces dernières décennies une pathologie de l’adolescent et de l’adulte et dont les manifestations sont très étendues.

Des douleurs articulaires, une ostéoporose, des anémies, des fausses couches à répétition, des aphtes buccaux, une dermatite ou même encore des maux de tête, une fatigue chronique, une anxiété, une dépression… constituent le large spectre clinique de la maladie. Elle peut d’ailleurs rester plus ou moins « silencieuse » pendant des années tout en poursuivant un travail de destruction sur l’intestin et d’autres organes.

Un mal trop peu diagnostiqué

De ce fait, la maladie cœliaque chez l’adulte est bien souvent découverte au stade de complications, fait savoir l’étude qui estime que le délai de sa mise en évidence est de 13 ans et que, pour chaque cas détecté, en particulier chez l’adulte, 8 resteraient ignorés.

Il est indiqué incidemment que le diagnostic de la maladie cœliaque repose sur la recherche de substances particulières, responsables d’attaques sur l’organisme et appelées auto-anticorps (les anti-transglutaminases) et sur la découverte d’une atrophie des replis de la paroi intestinale (les villosités) après la réalisation d’une biopsie duodénale.

Comme précision, Dr. Khadija Moussayer indique qu’au Maroc, la maladie cœliaque reste encore peu connue malgré qu’elle atteigne environ 1% de la population. Le Maroc est d’ailleurs parmi les pays les plus touchés par la maladie cœliaque. Une étude effectuée en 1999 par l’OMS avait ainsi montré un taux très élevé très élevé de 5,6 % de personnes atteintes au sein des populations Sahraouis du sud du Maroc. Il existe aussi une forte prédisposition génétique à la maladie et les membres de la même parenté sont touchés dans 10 % des cas.

Khadija KHETTOU

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