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Hespress | Maroc | 02/05/2020
Le confinement instauré pour limiter la propagation du coronavirus a bousculé le quotidien du monde entier. Se préoccupant davantage du risque de contracter le virus fantôme, les personnes ont accusé un manque d’activité physique, laissant place à l’anxiété et à d’autres pathologies néfastes pour la santé psychique et physique.
Dans une analyse appuyée par une étude de l’Académie nationale de médecine, l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) veut attirer l’attention par la voix de sa présidente, le Dr khadija Moussayer, sur les risques physiologiques d’un confinement prolongé.
Tout en assurant que le confinement est une mesure primordiale et nécessaire pour lutter contre la propagation du coronavirus au Maroc, Dr. Moussayer estime qu’il impose toutefois à notre mode de vie habituel des contraintes aux conséquences parfois néfastes pour notre santé physique et mentale, à savoir une activité physique réduite, sommeil perturbé, angoisse de contracter la maladie, tentation de se réfugier dans la nourriture ou devant les écrans.
Tout ceci, poursuit-elle, constitue un véritable problème de santé publique et alerte sur le fait que « si nous n’y prêtons pas assez attention, nous risquons qu’une partie de la population ne sorte durablement affaiblie de cette épreuve ».
Facteur d’affaiblissement potentiel de notre santé
Dans ce premier axe de son analyse, Dr. Moussayer explique que suite au stress que nous subissons, on est exposé en premier lieu à l’anxiété source d’irritabilité, de risques de violences et même de dépression en cas de fragilité mentale.
Par ailleurs, elle estime que notre rythme quotidien habituel est structuré par notre activité professionnelle qui nous impose des horaires de lever et de coucher, qui nous permet une exposition à la lumière de jour.
Et cette rupture, explique-t-elle, peut perturber notre horloge biologique et nuire à la qualité de notre sommeil, voire provoquer des insomnies, aggravées de surcroît par une augmentation du temps passé devant les écrans.
Mais pas que ! Le coté le plus alarmant du confinement pour la spécialiste, est qu’il augmente l’inactivité physique et donc la sédentarité, ce qui, selon l’OMS, double déjà, en temps normal, les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et augmente ceux de cancer du colon, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose, de troubles lipidiques, de dépression et d’anxiété, renforçant ainsi toutes les causes de mortalité.
« Cette sédentarité a en effet un impact direct sur nos muscles en induisant une perte de la masse musculaire et une plus grande fatigabilité musculaire. Cette perte a même été mesurée par l’Académie nationale de médecine française : elle est de 3,5% à 5 jours d’inactivité musculaire, de 8% à 14 jours, de 0,4%/j sur 3-4 semaines » explique-t-elle, alertant que « cet affaiblissement musculaire est évalué à 9 et 23% après 5 et 14 jours pour les membres inférieurs ».
La spécialiste indique que si cette situation est réversible sans difficulté pour les personnes jeunes, elle a des conséquences majeures chez les personnes âgées, à l’origine de chutes et de fractures avec un risque de perte d’autonomie.
En effet, selon Dr. Moussayer, l’inactivité affecte le flux d’informations vers le cerveau, réduisant la commande motrice de nos muscles, ce qui va encore augmenter la fonte musculaire, soit un cercle vicieux dont il faut prévenir l’installation.
« Une situation de confinement de 4 à 6 semaines est d’ailleurs souvent une cause d’amyotrophie (atrophie musculaire) et de déconditionnement musculaire délétères pour la santé de beaucoup de nos seniors », dit-elle.
Le confinement expose aussi à un risque nutritionnel qui se surajoute à la réduction de l’activité physique. Consommer plus d’aliments sucrés et grignoter davantage provoquent des prises de poids, explique-t-elle, en donnant l’exemple d’une réduction de 10 000 pas/jour à 1 500 pas, pendant 14 jours, augmente de 7% le volume du tissu graisseux abdominal profond chez des adultes indemnes de toute pathologie !
« Attention aussi aux enfants et adolescents, le grignotage devant les écrans, à longueur de journées, constitue un facteur de risque indéniable de surpoids et d’obésité, parfois irréversible ! », avertit la spécialiste.
Maladies sont susceptibles d’être accentuées
Dans ce deuxième axe, Dr. Moussayer avance que dans cette période de confinement, le risque de délaisser les soins chroniques est énorme, ce qui présente des conséquences néfastes sur l’équilibre de la maladie sous-jacente.
Par ailleurs, l’inactivité musculaire, conjointement au stockage d’énergie sous forme de graisse engendrent une diminution de la sensibilité à l’insuline et précipitent alors des personnes (prédisposées génétiquement) dans le diabète.
« N’oublions pas que les personnes qui souffrent d’une pathologie chronique telle l’insuffisance rénale, cardiaque, l’hypertension artérielle, une maladie respiratoire, ou un surpoids sont les plus vulnérables face au coronavirus », explique la spécialiste.
De plus, elle estime que le confinement dans son habitation accroît par ailleurs fortement les risques d’allergies à cause de polluants et d’allergènes souvent présents au domicile en trop grandes quantités.
Pour les éviter, il convient en particulier selon Dr. Moussayer de privilégier pour le nettoyage les produits naturels (comme le savon) et ne pas abuser des produits ménagers industriels (l’eau de javel, c’est bien mais gare aux excès), ouvrir vos meubles (surtout en bois agglomérés qui contiennent souvent des produits chimiques nocifs), aérer le logement quotidiennement, battre et nettoyer les tapis, car ils sont souvent allergènes, et laver les draps au minimum toutes les semaines.
La spécialiste souligne dans ce sens que « certains symptômes de l’allergie (gorge irritée, éternuements, gêne à respirer…) peuvent évoquer à tort malheureusement le Covid-19 ».
Dispositions à prendre pour éviter certains troubles
En guise de conclusion, la spécialiste donne des questions sur comment limiter les effets de l’anxiété. Elle recommande ainsi d’essayer de garder le rythme d’une vie normale, avec des horaires fixes de repas, de consacrer du temps pour des activités ludiques et récréatives et de suivre un emploi du temps établi de la journée, cela afin surtout de ne pas monopoliser son temps libre à l’écoute d’informations, toujours anxiogènes par nature, sur l’épidémie !
« Pour parer aux conséquences de la sédentarité, il est conseillé de se lever toutes les 30 minutes au minimum pour marcher pendant 4 ou 5 mn et de faire des exercices de souplesse et de renforcement musculaire, au moins pendant 15 mn par jour : même dans un espace restreint, c’est un bon moyen de maintenir la masse musculaire. Cette activité physique a également un impact positif sur le sommeil et sur le moral en général », avance la spécialiste.
Pour limiter les effets d’un déséquilibre nutritionnel, il est préférable selon Dr. Moussayer de respecter des horaires de repas fixes, de cuisiner des produits bruts, de manger des légumes, des fruits et des légumineuses et de réduire un peu les quantités consommées.
« Pendant un premier temps, estimé entre 5 et 8 jours de confinement, nous conservons le même niveau de consommation énergétique et un stockage du surplus énergétique sous forme de graisse va en découler. Passé la première semaine, une régulation se produit généralement avec une perte de l’appétit qui se cale à peu près sur la dépense en énergie », explique-t-elle.
Pour faire face aux troubles de sommeil, Dr. Moussayer recommande de garder un rythme précis, avec un horaire de lever identique, une durée de sommeil suffisante mais pas excessive (entre 7 et 8 heures), et d’être attentif à une exposition à la lumière qui permet la production de la mélatonine (l’hormone du sommeil) par le cerveau.
Il est préconisé, selon la spécialiste, de ne pas rester éveillé (à traîner) au lit, de modérer sa consommation d’excitants et de se déconnecter des écrans une à deux heures avant le coucher !
« Sachant d’ailleurs que les personnes passant plus de 7 h par jour en position assise devant un écran de télévision ont un risque de mortalité cardiovasculaire de l’ordre de 85 % plus élevé que celles passant moins d’1 h par jour devant la télévision ! », conclut-elle.
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