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Hespress | Maroc | 26/04/2020
Depuis l’apparition du nouveau Covid-19 en Chine et sa propagation de par le monde, devenant ainsi une pandémie faisant plus de 200.000 morts, plusieurs gestes de prévention ont été recommandés par les spécialistes de la santé.
Outre le confinement imposé dans plusieurs pays du monde pour éviter le contact homme-homme qui accélère la propagation du virus, les spécialistes ont également conseillé d’éviter tout contact de la main avec le visage (nez, bouche, yeux), pour éviter ainsi la contamination.
Dans une analyse sur le danger de contamination que peut provoquer le contact de notre main avec notre visage, Dr. Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM), interprète dans un premier temps cette scène comme suit : « la main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les temps actuels ».
La spécialiste rappelle que, face à la pandémie du COVID-19, les recommandations de l’OMS sont claires, à savoir ne plus se toucher le visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les portes d’entrée du virus, ou plus exactement ne pas le faire quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement contaminés, tant que nous ne les avons pas lavés méticuleusement après, soulignant que ce lavage permettrait de diminuer la contagion de 30 à 50%.
Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu’à faire, poursuit Dr. Moussayer, tant ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage. « Il s’agit de gestes +réflexes+ qui nous permettent d’interagir avec nous-mêmes et les autres », dit-elle.
Un geste régulateur de notre état d’esprit
S’appuyant sur plusieurs études sur la question, Dr. Moussayer explique que la gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de notre inconscient et de notre état d’esprit, notant que 70 à 80% des aires cérébrales du cerveau sont d’ailleurs en lien avec ces deux organes.
« Ce geste de se toucher (une micro-démangeaison le plus souvent) est le meilleur révélateur de notre état interne car il permet de réguler les émotions et d’évacuer les tensions. On a tendance à augmenter sa fréquence pour de multiples raisons lorsqu’on est anxieux, gêné ou stressé mais aussi lorsqu’on s’ennuie. On l’accomplit aussi quand on ne ressent rien de particulier. Tout cela, sans que nous nous en rendions compte, la plupart du temps », développe la spécialiste.
Dans le même contexte, elle poursuit que ce phénomène est même « archaïque », venant de la nuit des temps et avant même la naissance, rappelant ainsi qu’en 2013, des chercheurs britanniques ont découvert que les fœtus portent déjà la main à leur visage pour développer leur sens du toucher et également lorsque leur mère est dans une situation d’anxiété.
On se touche le visage toutes les 2’30
Le mouvement de toucher notre visage, est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit souvent. Selon une étude australienne, abordée par Dr. Moussayer, (confortée par une étude japonaise en 2019), et réalisée en 2015 sur un groupe de vingt-six étudiants, ces jeunes gens se touchaient, en moyenne, vingt-trois fois par heure, soit environ une fois toutes les 2 min 30.
« 44 % de ces contacts impliquaient une muqueuse (yeux, nez et bouche) et 56 % des zones non muqueuses. Parmi les contacts avec les muqueuses, 36 % concernaient la bouche, 31 % le nez, 27% les yeux et 6 % une combinaison de ces trois zones », dévoile-t-elle.
D’après une autre étude des agences régionales de la santé françaises dévoilée en 2017 et qui porte sur les gestes barrières pour se protéger du virus de la grippe (ARS) évoqué par Dr. Moussayer, cette fréquence est très variable selon les individus, certains se touchant machinalement jusqu’à 3.000 fois par jour.
Changeons nos habitudes
La crise sanitaire engendrée par le Covid-19 a certainement mis l’être humain face au défi de changer plusieurs de ses habitudes, notamment la fréquence avec laquelle il se touche le visage, ou encore les causes qui le poussent à le faire.
La spécialiste indique dans ce sens que les experts du comportement expliquent souvent qu’il est nécessaire d’abord de prendre conscience des situations dans lesquelles nous portons nos mains à notre visage (fatigue, stress, ennui …) pour pouvoir se défaire ensuite de ce geste, intempestif actuellement surtout quand il est compulsif.
Cette prise de conscience ne suffit pas à le faire disparaître la plupart du temps, constate-t-elle. Elle explique ainsi que si les habitudes mettent des années à s’implanter, il est vain de vouloir les arrêter d’un seul coup « surtout, quand on sait que les maghrébins sont par nature plutôt tactiles », fait-elle observer.
« Il vaut mieux prévoir d’en venir à bout avec le temps en essayant de réduire progressivement ce réflexe de cinq à deux ou trois fois par heure par exemple jusqu’à parvenir à le maîtriser complètement. Il faut parallèlement développer de nouvelles habitudes de substitution, proches autant que possible des anciennes, mais sans risque. Se toucher l’arrière de la tête, plus éloignée des muqueuses, est par exemple une nouvelle attitude excellente », conseille Dr. Moussayer.
Toujours dans le changement des habitudes, la spécialiste recommande que lorsqu’on ressent le désir de se gratter, on peut aussi par exemple serrer les poings, s’asseoir sur ses mains, appuyer ses paumes sur ses cuisses ou encore étirer les bras le long de son corps.
Certaines sources recommandent également la manipulation d’objets, qui permet d’occuper ses mains autrement. On peut ainsi se frotter le bout des doigts, tripoter un stylo ou presser une balle. Pour les personnes qui ont des habitudes tenaces, cette manipulation d’objets n’est pas aussi efficace que les gestes alternatifs (comme se gratter la tête). Certains peuvent en effet avoir tendance à la fois à jouer avec des objets par ennui et à porter la main au visage et/ou aux cheveux en cas de stress, explique Dr. Moussayer.
« On le voit et on le sait, ce n’est pas simple de changer ses habitudes ! Il ne faut pas non plus verser dans la peur obsessionnelle de ce que l’on peut toucher ! Ce n’est pas la fin du monde que d’effectuer ce mouvement si on observe bien les autres gestes barrière », conclut-elle.
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