La e-santé, un terme pas très familier chez les marocains. Pour ceux qui ignorent ce que sait, le terme e-santé désigne tous les domaines où les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont mises au service de la santé.

En Europe et plus généralement dans les pays avancés, les patients prennent rendez-vous et suivent leur état de santé, leur dossier médical chez leur médecin à travers les applications de e-santé.

En effet, la e-santé santé a été amorcée dès les années 70 par l’informatisation des fonctions de gestion et par les premiers projets de dossier patient numérisé. Ainsi, le recours aux « nouvelles technologies de l’information et de la communication » dans le champ de la santé a connu depuis 50 ans à la fois, un intérêt soutenu notamment en matière d’investissement qui a été considérable dans les pays développés.

Cependant, la mutation des générations a laissé place a des praticiens tout autant attachés au métier que leurs prédécesseurs, mais plus sensibles aux avancées technologiques. Du côté des patients, ils sont devenus de plus en plus connectés et si, vieillissants, ils ne le sont pas, leurs enfants le sont pour eux.

En marge de la 17e édition du congrès de l’Association Franco-Marocaine de Pathologie Thoracique (AFMAPATH), qui est un RDV incontournable de la pneumologie au Maroc et qui rassemble un panel d’une quarantaine d’intervenants nationaux et internationaux autour de plusieurs thématiques d’actualité, le thème de la e-santé était également de la partie.

Docteur Marouane Hakam, directeur général et médical Maroc & Afrique francophone d’une entreprise de services de soins de santé, a fait une intéressante présentation sur la e-santé et a brossé un état des lieux de la télémédecine et l’é-santé de par le monde.

Il présente ainsi une définition générale de la e-santé, ainsi que ses domaines d’intervention tout en exposant une cartographie simple de la e-santé notamment les services commerciaux de la e-santé qui sont nombreux à savoir les services de santé en ligne, information en santé, domotique, télé-services pour le soin à domicile, technologies du bien-être ou encore les télé-services de coordination des métiers e-santé.

La e-santé a permis d’économiser un total de 99 milliards d’euros en Europe

Pour les outils de supports de la e-santé, Dr. Hakam cite la télématique, internet bien-sûr, la visioconférence, les outils mobiles notamment les applications et les objets connectés, les Serious Games, les Robots ou encore les algorithmes.

S’agissant des pratiques réglementées de la e-santé, Dr. Hakam évoque la télémédecine clinique, les télésoins infirmiers, la télépharmacie, la télédiététique, la téléaudioprothésie, la télékinésithérapie ou encore la télésurveillance et le suivi du patient à distance qui permet de surveiller les patients en dehors des contextes cliniques conventionnels.

De même, Dr. Hakam a rappelé dans sa présentation que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclarée en 2016 qu’il est « devenu de plus en plus clair que la CSU (soins de santé unis), ne peut-être réalisée sans le soutien de la santé en ligne ».

A cet égard, Dr. Hakam souligne que la e-santé, apparait de plus en plus comme la solution à mettre en place pour palier aux difficultés de nos système de soins.

Il énumère ainsi plusieurs facteurs notamment le vieillissement de la population, l’accès universel à une prise en charge de qualité, l’accroissement significatif des dépenses, l’explosion des maladies chroniques, l’évolution de la démographie médicale qui menace l’accès égalitaire aux soins et au final les restrictions budgétaires.

Le spécialiste va encore plus loin dans sa présentation, dans une sorte de démarche d’incitation des professionnels du secteur à s’intéresser de plus en plus à la e-santé, en soulignant qu’en 2017, la e-santé a permis d’économiser un total de 99 milliards d’euros sur les dépenses de santé des pays de l’UE, dont les plus importantes concerneraient les domaines du bien être et de la prévention et du traitement de surveillance.

Cela dit, il mentionne un point important à savoir que la généralisation de qla e-santé implique de trouver des réponses à des questions de tous ordres à savoir la confidentialité des données personnelles, la gestion du déploiement des solutions techniques pour couvrir l’ensemble de la population.

Des questions relatives également au basculement numérique des services de santé actuels, la responsabilité, la formation, l’autonomie ainsi que le suivi des patients lorsque les solutions de e-santé leur permettront de rester à domicile pour leur traitement.

Au Maroc, la pratique de la e-santé reste quasi inexistante malgré l’ouverture sur les nouvelles technologies d’informations. Une plateforme a été créée, il y a quelques années, surnommée « DabaDoc » qui permet au patient de prendre rendez-vous avec plus de 8.000 médecins, gérez les disponibilités des médecins, trouver des médecins à proximité et consulter aussi les commentaires des patients quant au service. Un premier pas timide qui a trouvé un succès timide également.

Khadija KHETTOU