Le Maroc a réagi assez rapidement face à l'épidémie du VIH/SIDA depuis la détection du premier cas en 1986, à travers la mise en place d'un programme national de lutte contre le virus durant la même année, et la création de l'Association de lutte contre le SIDA (ALCS) 2 ans après.

Le gouvernement marocain et la société civile ont, depuis, démontré leur détermination à parvenir aux objectifs établis par le programme national de lutte contre le VIH/SIDA 2002-2005. Le programme national a été lancé en 1988 avec la création d'une instance de coordination nationale (CCM). Des plans d'action à court et moyen terme ont été, également, conçus et mis en œuvre avant le lancement du plan national de 2002-2005 qui à servi comme une base de recommandations pour le développement du plan de travail 2006-2010. Le second cycle du financement global pour le Maroc par
le Fonds mondial a été approuvé grâce au succès de la prestation marocaine dans le premier cycle.
Les efforts sont appuyés par une forte volonté politique et un engagement à haut niveau de la famille royale et du gouvernement marocain.

Quelles sont les assises de cette stratégie ?

La stratégie actuelle du Maroc s'inspire des recommandations internationales.
Elle est basée sur les réussites et les leçons apprises dans le cadre du programme, privilégiant l'approche globale et intégrée pour la prévention et l'accès universel aux soins et une prise en charge de qualité des populations vivant avec le VIH.

A votre avis, comment peut-on lutter contre ce fléau en tenant compte des spécificités du Maroc ?

Dans un contexte marqué par une mutation permanente de l'épidémie, la lutte contre le VIH/SIDA est considérée comme étant un énorme défi. Tandis que les données officielles rapportent un faible pourcentage de personnes infectées (0,01%), beaucoup de facteurs socioéconomiques et culturels (tels que la pauvreté, l'analphabétisme, le faible pouvoir de la femme, la stigmatisation et la discrimination vis-à-vis des populations vulnérables…) soulignent que le risque du passage à une épidémie concentrée devient de plus en plus réel, surtout parmi les populations les plus vulnérables.

Le Maroc est donc requis de travailler en amont et en aval de l'épidémie pour bien la cerner. Pour ce faire, plus d'une stratégie de lutte sont nécessaires contribuant toutes, en complémentarité, afin de répondre aux besoins des populations infectées par le VIH, et en parallèle habiliter les groupes vulnérables à se prémunir contre l'infection par le VIH à travers l'information et l'éducation. L'intégration dans le développement est un autre moyen efficace pour prévenir et éviter la généralisation de l'épidémie.

Concrètement, de quelle manière peut-on intégrer la prévention contre les VIH/SIDA dans des programmes gouvernementaux (ou autres) existants ?

L'intégration de la prévention contre le VIH/SIDA passe d'abord par des actions de plaidoyer tel que cet événement organisé par l'AMSED, pour que les institutions concernées comprennent son importance, ensuite les équipes techniques d'AMSED proposent le renforcement des capacités des intervenants impliqués dans la manière de mise en œuvre et les approches permettant de véhiculer l'intégration.

Ces expériences de renforcement de capacités sont ensuite documentées et mises à la disposition des partenaires au niveau national.

Du 23 au 25 mars, vous avez organisé un séminaire national sur le VIH/SIDA et le développement. Quels en étaient les objectifs ?

L'objectif global en était de capitaliser l'expérience de notre association en matière d'intégration de prévention contre les IST/SIDA dans les projets de développement.

Quant aux objectifs spécifiques, ils concernent la création d'un cadre d'échange d'expériences en matière d'intégration de la composante SIDA dans les projets de développement entre les divers acteurs nationaux dans la lutte contre les IST.

Ce fut également l'occasion de sensibiliser les divers intervenants dans ce domaine sur l'importance de la coordination et la concertation pour l'intégration de la prévention dans leurs programmes de développement avec les populations marginalisées.

Ont pris part à ce séminaire plusieurs associations nationales thématiques (spécialisées dans le SIDA) et de développement marocaines, des institutions et programmes publics (le ministère de la Santé, le ministère de l'Education nationale, le secrétariat d'Etat chargé de l'Alphabétisation et de l'Education non formelle, le secrétariat d'Etat à la Jeunesse, l'Agence de développement, et le Programme national de lutte contre le SIDA).

Des organisations et ONG internationales étaient également de la partie. Il s'agit notamment de (Onusida, Fnuap, Pnud, Alliance internationale contre le VIH/SIDA, et Solidaridad Internaciale Andalucia).

Recommandations du séminaire

L'une des recommandations importantes est de continuer les efforts entrepris depuis l'apparition du premier cas de SIDA au Maroc, pour que notre pays reste un pays à basse prévalence.

Promouvoir une meilleure coordination au niveau national et au niveau des régions pour créer des synergies au niveau local permettant aux populations vulnérables l'accès aux soins et une prise en charge de qualité des personnes infectées par le VIH.

Plaidoyer pour étendre à l'échelle nationale, l'expérience d'AMSED en matière d'intégration de la prévention du VIH/SIDA dans les cours d'alphabétisation. Cette expérience a été mise en œuvre dans le cadre du Programme national de lutte contre le SIDA du ministère de la Santé, avec le soutien du Fonds mondial. La mise à l'échelle nationale de cette initiative permettra à l'action de la prévention d'atteindre un grand nombre de bénéficiaires de ces programmes au niveau national, en particulier les femmes en âge de procréer.

Oeuvrer pour l'intégration de la prévention du VIH/SIDA dans plusieurs programmes de développement gouvernementaux, non gouvernementaux et privés au Maroc.

PROPOS RECUEILLIS par Kenza Alaoui