Le Matin du Sahara : Comment définissez-vous l'Implantologie Orale ?
Pr. Abdelali Chekkoury-Idrissi : C'est une discipline qui réunit toutes les spécialités qui relèvent de l'odontostomatologie et qui concerne aussi bien les chirurgiens dentistes que les stomatologues, sachant qu'un stomatologiste est un docteur en médecine qui a fait 4 ans de chirurgie dentaire.
Il travaille main dans la main avec les chirurgiens maxillo-faciaux.
Par ailleurs, je tiens à souligner que lors du Congrès du Collège National de Médecins Stomatologistes et Chirurgiens Maxillo-faciaux, qui a eu lieu les 11 et 12 novembre 2005, il y a eu la création, au Maroc, de la Fédération Internationale des Odontostomatologistes et des chirurgiens maxillo-faciaux.
Ce congrès associe tous les dentistes, les chirurgiens, les stomatologistes, et les chirurgiens maxillo-faciaux du monde.

Comment se porte cette discipline au Maroc ?
Le cas que nous avons présenté lors de la visioconférence du 1er mars, date de 30 ans. Ce qui veut dire que l'implantologie au Maroc ne date pas d'hier.
A l'époque, il y avait des implants aiguilles, mais depuis, les techniques ont évolué. Aujourd'hui, cette formation est la première au Maroc. Elle est donc appelée à se développer d'autant plus qu'elle regroupe tous les stomatologistes et chirurgiens dentistes qui collaborent ensemble, étant donné que cette discipline est composée d'un acte chirurgical et d'un acte prothétique.

Quelles sont les pathologies traitées par cette spécialité ?
Les problèmes auxquels on a été le plus confrontés, jusqu'à quelques années, sont relatifs aux édentations totales. Pour les patients souffrant de cette pathologie, les prothèses confectionnées n'étaient pas pratiques vu qu'elles étaient très instables et faisaient de ces personnes de véritables infirmes.
Aujourd'hui, on pose des implants sur lesquels on place des prothèses. Ce qui transforme complètement la vie du patient à la fois sur le plan fonctionnel, relationnel et esthétique et ne manque pas de le réinsérer socialement.

Quel avantage présente l'implantologie orale par rapport aux autres traitements du même genre ?
Pour nous autres spécialistes, il est de notre devoir d'informer le patient sur l'existence d'autres méthodes qui sont à sa disposition et qui sont beaucoup moins coûteuses. Il s'agit notamment de la prothèse adjointe et de la prothèse conjointe. Mais quand le patient a les moyens, il peut avoir recours à l'implantologie.
Il est, en revanche, important de souligner que cette spécialité est classée dans la catégorie «luxe». Elle n'est donc pas prise en charge par la sécurité sociale. Chose que beaucoup de patients ignorent.

Est-ce que les implants sont tolérés de la même manière par tous les patients ?
Ils ne sont pas tolérés par tous les patients et c'est là tout le problème. Ils sont soumis à des indications et des contre-indications d'ordre local et d'ordre général. Cela dit, l'implantologie orale ne convient pas à tout le monde de la même manière. Chaque patient représente un cas particulier et doit être traité en tant que tel.
Il m'est, donc, arrivé de déconseiller l'implantologie à beaucoup de personnes parce que leur cas ne s'y prêtait pas.

L'implantologie au Maroc suit-elle les évolutions de cette discipline sur le plan international ?
Nous sommes fiers d'être sur un même pied d'égalité que tous les odonto-stomatologistes du monde. Le congrès que nous avons organisé récemment a vu la participation de spécialistes de Grenade, de Malaga, de Tunisie, de France, de la Roumanie et d'autres pays d'Afrique.
Nous sommes à l'avant-garde de cette discipline. La preuve en est le diplôme universitaire de l'université Paris V qui est délocalisé à Casablanca. Les médecins formés à Casablanca n'ont rien à envier à leurs collègues de l'Université parisienne et ont le diplôme de l'Université de Paris délivré avec le sceaux de Paris, mais également avec celui de la faculté de Médecine de Casablanca.

Propos recueillis par K.A.