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Le matin | Maroc | 03/09/2019
« Dès l’apparition des varices, il convient de consulter un médecin spécialisé dans les varices, comme un chirurgien vasculaire ou un angiologue phlébologue ». Les varices sont une affection très fréquente. La peur d’une intervention chirurgicale et surtout de la récidive et le manque de spécialiste sont les principales causes qui découragent les patients de recourir au traitement.
Gabriel Lasry, chirurgien vasculaire, spécialisé dans le traitement des varices, explique en détail aux lecteurs du « Matin » les différents types de traitement existants et les réflexes à adopter dès l’apparition des premières varices.
Le Matin : Les varices sont une affection très fréquente. Tout d’abord, pouvez-vous nous parler des causes et des facteurs de risque de cette affection ?
Gabriel Lasry : Les varices sont des dilatations des veines qui surviennent essentiellement au niveau des jambes, mais aussi au niveau des mains, des pieds et du visage. Elles touchent environ 70% de la population (surtout les femmes). Les plus fréquentes sont les varices qui touchent les jambes et les pieds. Elles se manifestent par des « boules bleues » qui sont dues à une fragilité de la paroi des veines. Ces veines se dilatent et ne permettent plus au sang veineux de remonter vers le cœur. Le sang stagne en bas des jambes. Les principales causes sont soit héréditaires (une famille à varices), soit acquises à cause d’une longue station debout (enseignant, coiffeur...) ou l’absence de sport, l’obésité, l’exposition à la chaleur de bains trop chauds par exemple.
Le côté inesthétique des varices gêne beaucoup les patients, essentiellement les femmes. Mais quelles sont les conséquences sur la santé que peut entraîner l’apparition de varices ?
Il est évident que les varices sont une gêne esthétique, mais il s’agit d’une vraie maladie avec ses conséquences sur la santé, telles que le gonflement et les douleurs de jambes souvent chaudes et lourdes et des crampes surtout la nuit. Du fait de la stagnation du sang en bas des jambes, des caillots peuvent apparaître, c’est ce qu’on appelle les phlébites. Ces caillots peuvent migrer vers le cœur, réalisant une embolie pulmonaire qui peut être très grave et causer même un décès. Les varices causent également des complications locales dans le bas des jambes, des taches brunes avec induration de la peau dermite, une ouverture de la peau qui « craque » réalisant un « trou » ou un ulcère veineux qui est difficile à traiter. Aussi, la rupture d’une varice, soit spontanée soit lors d’un choc, peut causer une hémorragie très importante. C’est pourquoi les varices ne doivent pas être négligées, même si elles n’entrainent pas de douleurs, car les complications peuvent survenir à bas bruit, comme dans le cas d’une phlébite ou une hémorragie.
Croyant à tort que les varices sont un simple problème esthétique, beaucoup de personnes ne les traitent pas et ignorent même chez quel spécialiste il faut se rendre. Selon vous, quand est-ce qu’il faut consulter et se faire traiter ?
Dès l’apparition des varices, il convient de consulter un médecin spécialisé dans les varices, comme un chirurgien vasculaire ou un angiologue phlébologue, pour faire un bilan par échographie Doppler. Il s’agit d’un examen simple avec le même principe que l’échographie gynécologique. Le traitement commence toujours par les bas (contention veineuse) à porter la journée avec prises de mesures (cheville, genou, longueur), associés à la surélévation des pieds du lit. Le patient doit aussi être coopératif ; il ne doit pas être en surpoids, pas d’exposition à la chaleur (le hammam est contre-indiqué), il doit pratiquer quotidiennement du sport (vélo, marche, footing, natation). Il faut faire travailler le muscle des mollets qui est la « pompe » qui fait remonter le sang des pieds vers le cœur. Il faut faire des mouvements de rotation des chevilles et se mettre sur la plante des pieds. En outre, en fonction du résultat de l’examen clinique et de l’échographie Doppler, le traitement peut être des scléroses (piqûres dans les veines) pour les fermer dans les cas des petites varices. Ces scléroses peuvent être pratiquées à la « mousse », ce qui les rend plus efficaces. Le traitement peut également être chirurgical, toujours sans hospitalisation, avec marche immédiate et une anesthésie locale.
Vous avez justement élaboré une nouvelle technique révolutionnaire pour le traitement des varices sans avoir recours à la chirurgie. Parlez-nous un peu plus de cette technique ?
Ces traitements chirurgicaux s’adressent à des varices de plus de 3 mm avec un « robinet » ou incontinence en haut de la jambe alimentant les varices. Si ce robinet est peu important, donc inférieur à 8 mm, on peut pratiquer un laser endo-veineux ou une radiofréquence sous anesthésie locale sans cicatrice, avec sortie immédiate et marche sans douleur. Ces méthodes s’adressent surtout aux varices débutantes, rectilignes. Si le « robinet » qui alimente des varices est plus important et donc supérieur à 8 mm à l’échographie Doppler, une vraie chirurgie s’impose, mais elle doit également être mini-invasive, c’est-à-dire que seules les varices malades doivent être traitées, et a-traumatique avec de très petites cicatrices de 1 mm. Cette intervention se fait avec une simple anesthésie locale autour de la veine comme chez le dentiste. Cette anesthésie locale nécessaire s’appelle l’anesthésie locale par tumescence. Peu de centres la pratiquent et il faut bien s’en assurer avant de choisir le chirurgien qui va la pratiquer. Cette chirurgie mini-invasive sera toujours guidée par une échographie Doppler de repérage qui « dessine » sur la peau de la jambe la situation, la taille et la profondeur des varices, car il y a beaucoup d’anomalies de position à bien repérer pour éviter les récidives.
Cette échographie Doppler de repérage doit être pratiquée par un spécialiste, c’est-à-dire un angiologue et non pas le chirurgien lui-même. La précision de cette échographie Doppler de repérage va permettre des petites incisions sans fil, simplement des stéristrip. Cette technique permet également l’absence d’hématome et de douleurs et la marche immédiate dès la sortie du bloc avec des bas permettant de se chausser avec des chaussures normales. Le patient peut donc récupérer sa vie normale entre 2 à 6 jours. Par contre, il faut éviter le stripping, une vieille intervention pratiquée depuis près de cent ans et qui doit être abandonnée, car c’est une source de douleurs importantes, d’hématomes et de récidives (plus de 50% à 2 ans). Par exemple, après un stripping, un enseignant ne peut reprendre ses cours avant un mois, alors que pour la chirurgie mini-invasive la reprise de son travail se fait entre 3 et 8 jours.
La peur de la récidive fait partie des principales causes qui découragent les patients de recourir au traitement. Cette nouvelle technique garantit-elle un traitement définitif ou au moins un traitement à long terme ?
Il faut savoir que plus de 50% de ce que l’on appelle des récidives sont des varices « oubliées » qui ont été laissées en place, du fait d’une mauvaise technique d’échographie Doppler de repérage, peu précise. Seule une bonne expérience permet de déceler les anomalies de position des varices très fréquentes. Il faut distinguer les récidives précoces, qui réapparaissent en moins d’une année et qui sont le plus souvent dues à une chirurgie incomplète où le malade ne note pas d’amélioration après l’opération. Une échographie Doppler de contrôle doit toujours être pratiquée après l’opération, pour être sûr du résultat. Et il y a aussi des récidives qui sont plus tardives, après deux ans, et qui sont le plus souvent dues à l’évolution de la maladie. Pour en diminuer les risques, il faut porter des bas, faire du sport, éviter le surpoids et réaliser des scléroses 2 mois après l’opération. Avec ces précautions et une intervention correcte, le taux de récidive à distance, 10 ou 20 ans, devient négligeable. Ne pas se faire opérer parce qu’on se dit que « cela revient » n’a plus de sens aujourd’hui. La preuve en est qu’on opère les varices avant les grossesses, car on est certain du résultat et on évite le risque de phlébite pendant la grossesse et l’accouchement.
Hajjar El Haïti
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