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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 25/07/2019
Pour l’heure, l’antiviral à action directe, dont le prix est assez cher, est un remède extrêmement efficace. Faute de cette stratégie il demeure, cependant, inaccessible pour une large frange de la population atteinte par le virus. L’ALCS dit avoir expédié une correspondance aux groupes parlementaires afin d’intégrer « le financement de cette maladie dans la loi de Finances 2020 ».
A quand un plan stratégique national de lutte contre les hépatites virales ? Le plaidoyer permanent de l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS) milite en faveur de l’urgence du lancement de cette vision. Chose que cette structure exprime fort, mardi soir à Casablanca, à la veille de la journée mondiale de lutte contre l’hépatite qui sera célébrée le 28 juillet. Pour l’heure, l’antiviral à action directe, dont le prix est assez cher, est un remède extrêmement efficace. Faute de cette stratégie il demeure, cependant, inaccessible pour une large frange de la population atteinte par le virus.
La majorité écrasante ignore être atteinte
Selon Pr Mehdi Karkouri, président de l’ALCS, qui rappelle des chiffres, 400.000 personnes sont atteintes du virus, soit 1,2% de la population. « La majorité écrasante ignore en être atteinte », précise-t-il. D’après ses dires, le diagnostic est la seule solution. L’orateur, qui indique qu’il existe des similarités entre l’hépatite et le sida en termes d’infection, ne manque pas de remonter le temps. Il évoque le 1er générique, Sofosbuvir, fabriqué au Maroc pour traiter la maladie. « Cependant, l’antiviral à action directe est l’objet de notre plaidoyer pour que les citoyens bénéficient de ce médicament en vue de soigner ce virus en 6 mois et dont le prix s’élève à 13.500 DH », détaille-t-il.
Le président rappelle également le militantisme de sa structure avec d’autres internationales à l’instar de l’Alliance internationale contre le sida avec laquelle elle a émis un communiqué en 2014 et l’Organisation de solidarité internationale d’achats de médicaments (Unitaid). Il saisit son passage pour s’exprimer sur le lancement d’un appel d’offres international pour l’achat de cet antiviral. Cependant, il a été « annulé » faute de stratégie. Quant au plan revendiqué par l’ALCS, il est déjà préparé, depuis 2016, par celle-ci dans une démarche participative. Il suffit, selon ses dires et ceux des intervenants à la rencontre avec les médias, de le lancer par le ministère avec lequel cette association est disposée à travailler.
Plaidoyer pour les régions
L’ALCS veut également travailler sur les régions afin de sensibiliser à cette maladie qui ne dispose pas de financement tout comme le sida. « Nous plaidons également en faveur de toutes les régions. En 2016, nous avons mené une campagne auprès des partis politiques afin d’intégrer prioritairement ce plan stratégique dans leurs programmes électoraux », insiste-t-il. Et ce n’est pas tout.
L’ALCS dit, selon son président, avoir expédié une correspondance aux groupes parlementaires afin d’intégrer « le financement de cette maladie dans la loi de Finances 2020 ». Des propos réitérés par l’ensemble des intervenants à la rencontre. De son côté, Pr Mustapha Sodqi, secrétaire général de l’association à Casablanca, avance des chiffres alarmants.
« Au Maroc, 5000 décès par an sont dus à cette maladie asymptomatique et 5.600 infections sont annoncées par an », détaille-t-il en rappelant que l’antiviral lutte contre la maladie à 95%. L’orateur précise également que le ministère de la santé a lancé une enquête de prévalence de cirrhose de foie en 2019 mais les résultats ne sont pas encore dévoilés.
Les voies d’infection
Selon le Pr Sodqi, la transmission est sanguine, verticale et sexuelle. Pour la première, il recommande de faire un usage personnalisé de rasoirs et instruments assimilés. A propos de la transmission verticale, il préconise également de recourir à des seringues appropriées.
Quant à la transmission sexuelle, elle est « rare » selon ses dires. Comme il le précise, une personne est déclarée infectée sur confirmation par des analyses. « Avant de passer à la thérapie, il faut vérifier l’état du foie », ajoute-t-il. Histoire de détecter un cirrhose ou un cancer engendré par le virus.
Pour lui, le traitement par antiviral est facile mais le plan stratégique inexistant entrave l’accès à ce médicament. Par l’occasion, le Pr Sodqi, qui estime que cette maladie est un problème de santé publique, recommande également de réduire la consommation d’alcool au cas où une personne est déclarée atteinte du virus et d’adopter un régime alimentaire équilibré sans grand besoin d’accompagnement nutritionnel précis tout en évitant les plantes.
L’avantage de l’antiviral
Comme le précise le Pr Sodqi, l’antiviral à action directe permet de « réduire 60% du coût des analyses de charge virale qui coûtent 4000 DH ». Chose sur laquelle l’ALCS, qui a également mené des campagnes de sensibilisation dans deux régions, insiste dans son plaidoyer. Mieux encore, ce médicament évite le génotypage puisqu’il n’y a pas besoin de connaître les formes 1 à 6 du virus.
D’ailleurs, ce médicament permet de traiter l’ensemble de ces formes. « Ce traitement actuel peut être administré par voie orale avec une très bonne tolérance et assez peu d’effets secondaires », exalte-t-il. Dans ce cas, un générique peut sauver la mise comme cela a été le cas pour le Sofosbuvir. « Pour l’heure, 4 laboratoires au Maroc préparent ce médicament mais il n’existe pas dans les hôpitaux vu l’inexistence du plan stratégique sur lequel nous comptons pour baisser le prix du traitement et dépister gratuitement », ajoute-t-il.
Une disponibilité dans les hôpitaux permettra de sauver des vies selon l’ALCS, également membre de la Coalition Plus (Union d’association de lutte contre le VIH/sida), qui recommande de penser aux porteurs du virus et aux personnes sans domicile fixe qui sont également concernées.
Salima Guisser
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