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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 26/06/2019
Le bras de fer entre les médecins ophtalmologues et les opticiens n’est pas près de se terminer. Le Syndicat National des Ophtalmologistes Libéraux du Maroc (SNOLM) a tenu lundi une conférence de presse pour apporter des éclaircissements sur ce conflit. Ils appellent à préserver l’actuel article 6 du projet de loi 45-13 tel qu’il a été amendé le 4 juin 2019 par la Chambre des conseillers sur proposition du ministère de la santé.
Les ophtalmologues souhaitent que les parlementaires ne cèdent pas aux pressions du lobby de l’industrie du verre qui poussent vers un retour à la version initiale de cet article 6. Rappelons à ce sujet que l’ancienne version donne le droit aux opticiens de pratiquer la réfraction et l’adaptation en lentilles de contact en plus de la vente des lunettes et des lentilles de contact aux patients. Ils mettent en garde contre les « examens visuels gratuits » que proposent les opticiens comme argument marketing afin de vendre des lunettes.
Par ailleurs, les ophtalmologues estiment que la combinaison de la prescription optique médicale et de la vente des lunettes viole les dispositions d’exercice légal de la médecine et expose la santé des patients à des risques majeurs. « Si elle venait à être adoptée par le Parlement, elle constituerait un précédent dangereux qui légaliserait un exercice illégal de la médecine et aggraverait encore plus la situation d’anarchie dans laquelle se trouve le secteur de l’optique-lunetterie dominé par l’informel en reliant une profession médicale cadrée par la loi et la science à une activité commerciale avec toutes les conséquences désastreuses sur la santé des citoyens », déplore le syndicat.
Pour les ophtalmologues, il est clair que confier aux opticiens-lunetiers le diagnostic de la réfraction expose à des risques majeurs concernant la santé oculaire et générale du citoyen. Ainsi, un patient qui se présenterait chez un opticien pour une baisse de son acuité visuelle sans jamais voir un ophtalmologue ne serait pas en conséquence dépisté pour des maladies graves pouvant être silencieuses, avec même une vision parfaite.
On peut citer à titre d’exemple le glaucome, la rétinopathie diabétique, les œdèmes papillaires secondaires à des tumeurs cérébrales, les déchirures et décollements de rétine, les tumeurs oculaires… Les ophtalmologues précisent que les deux professions sont complémentaires. « Le médecin-ophtalmologue établit une prescription optique au patient en lunettes, ou en lentilles de contact à l’issue d’une consultation médicale rigoureuse où, lorsque cela s’avère nécessaire, il aura utilisé des substances médicamenteuses sous forme de collyres (réservés à l’usage hospitalier et médical strict) et éliminé le risque de présence de maladies silencieuses qui affectent l’œil comme le diabète. La prescription du médecin ophtalmologue est alors exécutée par l’opticien-lunetier, seul habilité à vendre ces équipements en sa qualité de commerçant doté d’un registre de commerce », expliquent-ils. Le syndicat rappelle que pour réclamer un retour à la version initiale de l’article 6, les opticiens évoquent l’article 5 du dahir du 4 octobre 1954 réglementant la profession d’opticien-lunetier.
Laila Zerrour
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