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Le matin | Maroc | 08/03/2006
Les membres du Conseil scientifique de l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer ont présenté, mardi 7 mars, les résultats de la première étude qualitative et quantitative, réalisée au Maroc sur la perception du cancer. Une démarche rationnelle et scientifique a présidé à l'élaboration de cette enquête qui permet de mieux connaître la réalité de ce phénomène dans notre pays. Elle a été réalisée en deux phases complémentaires et successives.
Une phase qualitative qui a été effectuée par réunions de groupe approfondies auprès d'une population constituées d'hommes et de femmes appartenant aux catégories socioprofessionnelles C et D, vivant dans les milieux urbain et rural.
Cette phase comprend également 33 entretiens individuels approfondis auprès de 16 malades en cours (10) et ayant guéris (6), et de 17 médecins (différentes spécialités). Le volet quantitatif, lui, a été effectué sur un échantillon de 400 personnes des deux sexes âgées de 25 à 65 ans et appartenant aux classes socioprofessionnelles AB, C, DE, et rurales.
Il ressort de l'étude qualitative que le cancer est considéré comme une maladie que l'on refuse de nommer, que l'on croit forcement mortelle et dont les malades font souvent un diagnostic tardif. L'étude s'est ensuite penchée sur les profils et réactions des malades. Deux profils se distinguent essentiellement par le niveau d'instruction souvent corrélé au niveau de vie.
Le premier a un niveau d'instruction relativement élevé. Il est
combatif quoique affolé à l'annonce de la maladie. Le second,
et c'est le profil majoritaire, est représenté par les patients
de condition modeste et à faible niveau d'instruction. Il est plutôt
résigné.
D'après les réponses de la population interrogée sur les
raisons qui freinent l'adhésion au traitement médical, il apparaît
que pour les médecins, elles sont d'ordre culturel, objectives et liées
à l'insuffisance d'information du malade. Quant aux résultats
de l'étude quantitative concernant les perceptions du cancer et les idées
reçues, elles montrent que 77% pensent que le cancer du poumon est causé
par le tabac, que 65% pensent qu'il est causé par l'arrêt brusque
de l'allaitement, qu'il est contagieux et transmissible par la proximité
avec la personne malade (19%), qu'il est véhiculé par les touristes
(13%), qu'il est causé par le bain durant la période de menstruation
(59 %), qu'il résulte d'un dérèglement au niveau des cellules
(61 %).
Concernant les estimations des chances de guérison de la maladie du cancer au Maroc, 54 % considèrent les chances de guérison comme faibles à très faibles et 67 % pensent qu'elles dépendent des moyens financiers. Quant aux moyens de traitement de la maladie, la crédibilité est accordée aux moyens de traitement traditionnels (piqûres d'abeilles, préparation de plantes, eau de Zem Zem…). Pour 67 %, le coût de la médecine moderne pousse les malades vers la médecine traditionnelle.
Le volet qualitatif de l'étude s'est surtout intéressé
à la perception du malade et du comportement adopté à son
égard. 44 % pensent que quand une personne est atteinte du cancer, il
faut restreindre l'information à la petite famille. Alors que 29 % trouvent
qu'il faut l'isoler, 17 % disent qu'il est risqué de manger avec un cancéreux
et 20 % pensent que c'est une punition divine. Cette méconnaissance de
la maladie est souvent aggravée par un retard de dépistage.
Et pour cause, 50 % ne savent pas vers qui s'orienter, 52 % ignorent que le
diagnostic précoce peut augmenter leurs chances de guérison, 60
% ne connaissent pas les signes précurseurs des cancers les plus fréquents
et 82 % sont dissuadés par le manque de moyens et l'absence de couverture
médicale.
Même quand le traitement est entamé, il bute sur des problèmes qui entravent son suivi parce que 58 % des personnes interrogées estiment que le cancer est une maladie incurable et qu'il est, partant, inutile d'entreprendre une quelconque thérapie. 61 % interrompent leurs cures pour cause d'éloignement des centres de santé et 76 % pensent que le cancer est guérissable dans certains cas mais qu'il demande beaucoup de moyens financiers.
D'une manière générale, l'étude fait état d'un grand manque à combler en matière d'information sur cette maladie, dont la peur générée par son caractère meurtrier agit comme un frein psychologique puissant. Ce qui complique davantage le processus de guérison des malades. Conclusion : des mesures sont à entreprendre d'urgence pour réduire la durée de la période de flottement qui retarde le traitement.
L'amélioration de la qualité de la relation entre le corps médical et le patient constitue également l'un des points majeurs à mettre en œuvre. Le cancer n'est pas toujours meurtrier. Il peut être soigné si le diagnostic est précoce et le traitement approprié. Pour rendre cette réalité plus évidente, l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer développe une campagne de sensibilisation qui va bientôt démarrer.
Kenza Alaoui
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