Les principales causes de lésions cornéennes sont au nombre de trois. Les lésions infectieuses dominées par le trachome et l'herpès. Le trachome a été certes éradiqué grâce aux efforts du ministère de la Santé publique et de l'OMS, mais les séquelles qu'il a engendrées parmi les générations passées sont importantes. Le 2e agent est l'herpès, un virus qui entraîne des opacités cornéennes indélébiles faute de diagnostic et de traitement précoces.

Les lésions héréditaires sont dominées par le kératocône qui se définit comme un amincissement évolutif de la cornée. Les causes de cette affection sont méconnues sachant que le kératocône est souvent bilatéral chez les personnes issues de mariage consanguin et parfois sporadique et unilatéral. Enfin les plaies de cornée dont la cause première est les accidents de la voie publique. Les blessures peuvent être dues à des objets contondants, des jets de pierre mais aussi des brûlures cornéennes par jet de pétards…. La plaie de cornée engendre des opacités sources de baisse d'acuité visuelle plus ou moins importante.

Sachant que le remplacement de la cornée défaillante par une autre prélevée sur un cadavre est pratiquement le seul moyen d'éviter la cécité, comment se présente la situation au Maroc par rapport à cette maladie ?

La greffe de la cornée est le maillon faible de l'ophtalmologie marocaine. Nous sommes en queue du peloton dans le monde arabe. Chaque année, le Maroc paie beaucoup d'argent pour que les malades se fassent greffer à l'étranger (France, Espagne, Tunisie…). La Cause de ce retard est le manque de greffons. Le prélèvement sur des cadavres est une solution mais pas la seule puisque en Tunisie, par exemple, la majorité des greffons est importée, il en est de même d'ailleurs pour les quelques greffes réalisées au Maroc.

A ce propos, on ne comprend pas l'exclusivité de greffe accordée à l'hôpital Cheikh Zayed, d'autant plus que nous avons une banque des yeux, organisme reconnu d'utilité publique depuis 1956. Il faut savoir que techniquement la greffe de cornée peut être réalisée par la quasi-totalité des ophtalmologistes. C'est d'autant plus souhaitable que la demande est énorme.

Quels sont les résultats du 2ème congrès ? Et comment la Société marocaine de chirurgie réfractive et d'implantologie peut contribuer à la lutte contre cette affection ?

S'agissant du 2e congrès de la SAMIR (Société marocaine de chirurgie réfractive et d'implantologie) tenu à Rabat les 9 et 10 mars 07, il s'est distingué par le jumelage avec la SAFIR (Société française de chirurgie réfractive), fondée depuis une dizaine d'années et riche de 2.000 adhérents environ. La SAFIR s'est déplacée avec une importante délégation composée de médecins réputés dans le domaine de l'ophtalmologie. La SAMIR permettra d'assurer la formation des médecins en chirurgie réfractive (correction de la myopie, l'hypermétropie, astigmatisme… par laser ou par implantation). Par ailleurs, elle a le devoir d'informer le grand public qui méconnaît totalement la disponibilité de cette technologie au Maroc.

A ce propos beaucoup de patients par méconnaissance vont se faire soigner à l'étranger. La SAMIR a tenu en marge de ce congrès une réunion à laquelle ont été conviés les responsables du ministère de la Santé publique, de la Société marocaine d'ophtalmologie, de la Banque des yeux et du Syndicat des ophtalmologistes privés afin d'unifier les efforts pour résoudre les problèmes dont souffre l'ophtalmologie marocaine en particulier la cataracte, première cause de cécité réversible et la greffe de cornée.

abdellatif badaoui