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L'économiste | Maroc | 18/01/2019
Si, dans les pays riches, la tuberculose est oubliée, au Maroc, elle fait des ravages, au point que certains spécialistes affirment qu’elle enregistre un retour en force. Les chiffres sont alarmants. Selon les statistiques du ministère de la Santé datant de 2017, sur les 37.000 personnes infectées, 60% sont des cas contagieux.
Des chiffres révélés lors de la rencontre organisée par les groupes de la majorité et consacrée aux défis posés par cette maladie. Plusieurs ministres annoncés au programme ont décliné l’invitation, préférant envoyer leurs représentants. Seul Annas Doukkali, en charge de la Santé, a répondu présent. Il s’est enorgueilli d’avoir sensibilisé Saâdeddine El Othmani pour l’autoriser à faire un exposé au sein du Conseil de gouvernement, en attendant une adhésion plus importante de ses collègues.
Cette réunion a attiré beaucoup de monde, en dehors des députés qui ont brillé par leur absence. La salle Al maghribia de la première Chambre était dominée par des représentants des ministères et de la société civile. Comme à l’accoutumée, la rencontre a débuté avec un retard de près d’une heure. Elle a été ouverte par Mustapha Brahimi, médecin et député du PJD, qui a mis l’accent sur la nécessité de sortir avec des recommandations.
En attendant, il a noté que la carte de cette maladie coïncidait malheureusement avec celle de la pauvreté. En effet, les facteurs socioéconomiques jouent un rôle de premier plan dans la propagation de cette épidémie qui prospère dans les quartiers insalubres, où la vulnérabilité et la promiscuité atteignent des sommets. C’est pour cela qu’il s’agit d’entreprendre des actions qui dépassent le domaine médical pour cibler ces facteurs, dans le cadre des efforts coordonnés entre les différents ministères, les collectivités territoriales et la société civile, est-il indiqué.
Cette épidémie touche surtout les jeunes au point que, selon la situation épidémiologique, les personnes infectées, âgées de 15 à 45 ans, représentent 63% des cas. Ce qui nécessite de les cibler en priorité par les programmes de sensibilisation et de prévention. Cette tendance à la hausse est dominante. D’où la nécessité d’apporter des réponses multisectorielles, avec l’intervention des différents départements ministériels.
Car, visiblement, le Plan national de lutte contre la tuberculose ne suffit pas pour l’heure à décimer ce fléau. Selon les statistiques disponibles, le nombre de décès peut atteindre 1.000 personnes par an. La moyenne des cas qui abandonnent le traitement pour des raisons diverses varie entre 7 et 20% alors que 4% des cas nouvellement affectés portent des microbes résistants aux médicaments.
Par ailleurs, le ministère a relevé que la tuberculose se concentre dans les zones périurbaines des grandes villes. La répartition géographique de cette maladie montre que 6 régions rassemblent 87% des personnes affectées de la tuberculose. C’est Casablanca-Settat qui arrive en tête avec 26% des cas, suivie de Rabat-Salé-Kénitra avec 17% et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma 16%. A cela s’ajoutent les régions de Fès-Meknès (13%), Marrakech-Safi (10%) et Souss-Massa (6%).
Pour sa part, le coordinateur de la majorité, Mohamed Moubdiî, a tenu à rappeler que les anciens ministres de la Santé, tous invités, se sont excusés. Pour lui, la lutte contre la tuberculose ne concerne pas uniquement le département de tutelle. Il s’agit d’un chantier du gouvernement, des familles et de la société civile. D’ailleurs, la Ligue marocaine de la lutte contre la tuberculose est partie prenante dans l’organisation de cette rencontre.
En parlant de cette maladie, Annas Doukkali a surpris plus d’un, en affirmant que le tiers de l’assistance était porteur du bacille de la tuberculose sans le savoir. Une manière provocatrice de rappeler les milliers de personnes qui sont touchées par la tuberculose latente. « Cette maladie des niches de pauvreté met au défi la médecine moderne », a ajouté Maryam Bigdeli, la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc.
Beaucoup de monde croyait que cette épidémie était décimée, mais elle réapparaît dans des régions pauvres. Pour preuve, lors d’une réunion en septembre dernier, l’ONU a recommandé la fin de l’épidémie en 2030, conformément aux Objectifs de développement durable.
Pour elle, « la multisectorialité est une réponse importante », allusion faite à la présence de responsables de différents ministères, même si c’est le département de la Santé qui détecte la tuberculose au niveau clinique, précise-t-elle.
Fonds mondial
Le Plan national de lutte contre la tuberculose 2018-2021 a été lancé en mars dernier. Il s’article autour de la réduction du nombre de décès liés à cette maladie à hauteur de 40% et de l’augmentation du taux de détection à plus de 90% à l’horizon 2021. Selon Anass Doukkali, le budget alloué à cette lutte a été doublé, en plus de la mobilisation de 20 millions de DH, appui financier alloué par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2018-2020. Sauf que ce soutien risque de disparaître puisque le Maroc est considéré comme un pays émergent au niveau financier. Ce plan assure gratuitement toutes les prestations de prévention et de prise en charge des malades affectés de la tuberculose dans tous les établissements de soins de santé. Ce traitement dure au minimum 6 mois et peut atteindre une année et demie en cas de formes sévères ou de complication. Cela permet de réaliser des progrès importants dans la réduction du nombre de décès et dans l’augmentation de la détection, atteignant plus de 85%, souligne un responsable au ministère de la Santé.
M.C.
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