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Libération | Maroc | 22/12/2018
Vous est-il déjà arrivé d’omettre ou de dissimuler des informations lorsque votre médecin vous pose une question dans le cadre d’une consultation ? Si oui, alors vous n’êtes sûrement pas le premier. D’après une étude publiée dans les colonnes du ‘’Journal of the American Medical Association’’, une revue médicale relevant de l'Association médicale américaine, 60 à 80% des patients auraient déjà fait le coup de la rétention d’informations lors d’une consultation médicale.
Les chercheurs du Collège communautaire de Middlesex et de l'Université d'Utah, à Salt Lake City, aux Etats-Unis, ont interrogé 4.510 patients via deux enquêtes sur Internet. La première est réservée à 2.011 participants âgés en moyenne de 36 ans, et la seconde à 2.499 personnes, dont l’âge moyen ne dépasse pas 61 ans.
En se basant sur différentes catégories d’informations médicales, telles que l’alimentation, la prise de médicaments, ou encore l’activité physique, les sondés ont été invités à dire s’ils avaient déjà omis de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité à leur médecin. Résultat : la majorité d’entre eux ont avoué avoir délibérément pratiqué une rétention d’informations sur au moins une des catégories précitées.
Une alliance thérapeutique en question
Mais pourquoi mentir ? Les résultats de l’enquête soulignent, entre autres explications, la gêne de dire la vérité, mais aussi la peur d'être jugé et sermonné. Angela Fagerlin, auteure principale de l'étude, explique cela par le fait que « la plupart des gens veulent que leur médecin leur porte une grande estime ».
De ce côté-ci de l’Atlantique, le docteur Layoussifi Elkhansa, psychiatre-addictologue au Centre d’addictologie du CHU Ibn Rochd et secrétaire générale adjointe de la Ligue pour la santé mentale, est souvent confrontée à la rétention d’informations. Elle a tout d’abord jugé que les résultats de l’enquête américaine ne sont pas dénués de sens, même si l’intervalle de 20% lui paraît conséquent. Et d’avancer comme explication que « le patient a besoin de temps pour s’ouvrir à un médecin, créer et instaurer ce qu’on appelle l’alliance thérapeutique ». Et d’ajouter : « C’est une situation que l’on rencontre souvent dans les cas des premières consultations et encore plus quand il s’agit de pathologie chronique. Car la souffrance aiguë fait du bruit, comme lors des urgences où les patients se livrent totalement. A tout venant. Par contre, un patient atteint de maladie chronique, à quelques exceptions près, a besoin d’un climat de confiance pour se confier à son médecin sans retenue ».
De ce fait, l’instauration d’un lien thérapeutique se révèle primordiale. Cependant, ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. En effet, d’après le docteur Layoussifi, la société marocaine cultive le culte du non-dit. Elle a tendance à ne pas dévoiler sa souffrance, mais plutôt à pointer du doigt celle de l’autre. Elle éprouve plus de facilité à parler des problèmes d’autrui que des siens. A cela, elle ajoute une nuance : « Il faut aussi prendre en compte la variabilité culturelle d’une région à l’autre. Par exemple, les gens du Sud diffèrent culturellement de ceux du Nord ou de Casablanca. Du coup, certains ont plus de facilité à s’ouvrir à leur médecin traitant que d’autres, à parler de leurs problèmes personnels, relationnels ainsi que leurs difficultés physique et psychique ».
Retour dans les travées de l'Université d'Utah, à Salt Lake City, où Angela Fagerlin pointe également la part de responsabilité de certains médecins dans les mensonges des patients. « La manière avec laquelle des praticiens communiquent dans certaines situations peut amener les patients à hésiter à se confier », juge-t-elle. Layoussifi Elkhansa, qui préfère le terme rétention d’informations à celui de mensonge, abonde dans ce sens : « L’attitude d’un thérapeute qui manque d’empathie peut aussi en être à l’origine. Le patient peut tomber sur un médecin qui est pressé, qui a une réunion importante, ou qui est perturbé par un problème. Par conséquent, cela a forcément un impact sur sa façon de parler à son patient ».
Diagnostic faussé et prise en charge inadéquate
« Si les patients cachent des informations sur leur alimentation ou la prise de médicaments au praticien, cela peut avoir des conséquences pour leur santé, surtout s'ils souffrent d'une maladie chronique ». C’est ainsi qu’Andrea Gurmankin Levy, coauteur de l'étude décrit la principale cause de ce phénomène et qui colle parfaitement avec l’analyse du docteur Layoussifi : « La rétention d’informations peut fausser un diagnostic. Ce qui embête le clinicien. Et qui dit ne pas réaliser le bon diagnostic dit aussi une prise en charge inadéquate ». Mais pas que. Dans une manière de rappeler que les non-dits sont une sorte de soulagement qui finit par désunir, elle évoque aussi un impact sur la relation thérapeutique, la rendant totalement ou partiellement biaisée.
Dans son domaine d’activité, le docteur Layoussifi Elkhansa est rompue à la méfiance du patient. Ainsi, les outils pour déceler et gérer cette situation ne lui sont pas méconnus : « Il y par exemple le feeling que l’on arrive à acquérir avec l’expérience. C'est-à-dire, avoir le sentiment que le patient est réticent à s’ouvrir à nous. Une réticence que l’on peut détecter d’un point de vue comportemental ou communicationnel. On peut ressentir sa gêne par rapport à une question ».
Les conséquences de ce phénomène sont d’une telle gravité, qu’une fois détectées, il s’agirait d’y remédier en incitant le patient à répondre autrement que frontalement. Il convient de laisser du temps au temps pour que la relation de méfiance se mue en confiance. Dans cette optique, notre interlocutrice révèle quelques astuces. « Il y a des techniques de communication qui aident les patients à être plus à l’aise, moins réticents, plus ouverts. Par exemple, au lieu de poser des questions fermées auxquelles le patient doit répondre par oui ou non, on pose des questions ouvertes. On les invite à réfléchir, donner leur avis en vue de les impliquer un peu plus dans leurs processus de soin » conclut-elle.
En somme, il paraît évident que la rétention d’informations fait plus de mal que de bien. Alors dans ce cas, espérons que, dorénavant, les patients réfléchiront à deux fois avant de dissimuler quoi que ce soit à leur médecin.
L’AMI organise une journée de bienfaisance
A l’occasion de la Journée internationale du handicap, l’Amicale marocaine des IMC ((Infirmité motrice cérébrale), organise dimanche, à partir de 14h30, un après-midi de bienfaisance, avec la participation de plusieurs personnalités, dont Othman Mouline, Abderrahim Souiri, la danseuse Maya, ainsi que les troupes Afrosamba et Issawa. L’événement aura lieu au Centre AMI, sis au 45 avenue Ahmed Charci, quartier Vélodrome, à Casablanca.
L’AMI est une Association marocaine de parents d’enfants atteints d’IMC. Elle s’est fixé comme objectif de mettre en place un centre innovant, répondant aux standards internationaux. Centre qui a vu le jour depuis quelques années maintenant.
Chady Chaabi
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