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Libération | Maroc | 13/12/2018
Après les médecins des secteurs public et privé et les infirmiers, c'est au tour des sages-femmes de descendre dans la rue pour demander que l'ensemble de celles d'entre elles qui sont au chômage soient embauchées, refuser la politique de contractualisation et exiger d'être intégrées dans les cliniques d'accouchement, les unités de protection de la mère et de l'enfant, les services de réanimation des nouveau-nés, les services de pédiatrie et les cellules du planning familial. De ce fait, le torchon brûle entre le ministre de la Santé et les sages-femmes depuis l'annulation du concours d'accès en licence à la filière « sage-femme et assistante en matière médicale et sociale ».
Pour les protestataires, le nombre de sages-femmes reste insuffisant par rapport au niveau de la demande des services de santé. A ce propos, la Coordination nationale des sages-femmes (CNSF) a indiqué qu'il y a une inadéquation flagrante entre le nombre des diplômés issus des 21 instituts qui est estimé à 500 sages-femmes par année et le marché du travail qui n'arrive pas à absorber ce nombre. Selon des chiffres de la CNSF, 2.200 sages-femmes sont au chômage alors que la totalité d'entre elles relevant du ministère de la Santé ne dépasse pas les 4.000, soit 4 sages-femmes pour 1.000 naissances alors que la norme internationale exige 6 sages-femmes pour 1.000 naissances.
De son côté, Najat Baloui, secrétaire générale de l'Association nationale des sages-femmes au Maroc (ANSFM), estime que les véritables maux de ce métier résident ailleurs. Elle pointe du doigt le statut et les conditions de travail qui laissent à désirer. Pour elle, les sages-femmes souffrent de la longueur des heures de travail, de la faiblesse des indemnités sur les gardes, de conditions de travail stressantes et de l'absence de sécurité dans certains endroits. « On exerce notre métier dans de mauvaises conditions durant de longues heures pour des salaires minimes. Certaines d'entre nous risquent leur vie et leur sécurité physique et morale pour assumer leurs responsabilités », nous a-t-elle révélé.
La promulgation de la loi 44.13, votée en juillet 2016 et qui définit les prérogatives, les lieux de pratique et les conditions d'exercice des sages-femmes n'a pas changé la donne. Ceci d'autant plus que ses textes d'application sont toujours en cours de finalisation. « Le texte de loi tant attendu n'a pas répondu à toutes nos attentes. En fait, nombre de volets importants ont été passés sous silence », nous a indiqué notre source. Et de poursuivre : « C'est le cas de la définition de l'infirmier stipulée dans l'article 2 qui qualifie l'infirmier de personne qui dispense, en fonction du titre ou diplôme qui l'y habilite des soins infirmiers à titre préventif, curatif ou palliatif et qu'il dispense également dans le cadre de son propre rôle, des soins visant à assurer l'hygiène et le confort du malade et participe, en outre, aux actions de planification, d'encadrement, de formation, de gestion et de recherche en soins infirmiers. Pour nous, il s'agit d'une définition limitée et qui ne correspond pas à celle de l'OMS qui nous habilite à exercer partout où les femmes ont besoin de nous ».
Le texte de loi en question pèche également par le fait qu'il s'est trop focalisé sur les sages-femmes du secteur privé au détriment de celles qui exercent dans le secteur public. « Il n'y a que l'article 4 qui évoque notre situation », nous a précisé Najat Baloui qui estime que ladite loi instaure une hiérarchie de sages-femmes et les prive de leur autonomie. « Les sages-femmes du privé sont autonomes et dispensent leurs propres actes. A l'inverse, nous travaillons sous la tutelle des médecins alors que nos compétences sont délimitées et bien définies ». Une disposition qui ne risque pas d'apaiser le conflit entre les sages-femmes et les responsables hiérarchiques qui demandent à ces dernières d'assumer un rôle plus large (planification familiale, prévention en matière de lutte contre le VIH et le sida…).
« Aujourd'hui, nous menons un combat pour la révision de l'article 3 de la loi 43-13 relative à l'exercice des professions infirmières qui s'est avérée fort difficile mais nous essayons de trouver une formule juridique à même de nous permettre d'y parvenir », a-t-elle conclu.
Hassan Bentaleb
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