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Albayane | Maroc | 02/11/2018
Qu’est ce qu’un AVC ? Quels sont les signes qui doivent alerter ? Quelle prise en charge ? Quels sont les espoirs pour une meilleure récupération des patients ? Le point avec le professeur Abdenbi Kamar spécialiste en neurologie et neuro- chirurgien et ancien directeur général du CHU Ibn Rochd et Casablanca.
Al Bayane: Qu’est ce qu’un Accident Vasculaire Célébral (AVC) ?
Professeur Abdenbi Kamar : Un AVC est une perturbation de la circulation sanguine au niveau du cerveau, soit à cause d’un blocage dû à un caillot de sang qui bouche une artère cérébrale et qui va conduire à un AVC ischémique. On parle alors dans ce cas précis d’infarctus cérébral. Le sang ne peut alors plus passer et en conséquence, il n’apporte plus d’oxygène. Toutes les cellules que l’artère alimentait meurent donc par manque d’oxygène. De ce fait, il est très important de déceler au plus vite un AVC afin que la zone touchée soit débouchée au plus vite, pour que les séquelles soient le moins nombreuses possible. L’AVC peut aussi être provoqué par la rupture d’un vaisseau sanguin. Dans ce cas, on est en face d’une hémorragie cérébrale. 65 % d’accidents vasculaires cérébraux sont ischémiques, 25 % sont inhérents à une hémorragie cérébrale et 10 % à une hémorragie méningée.
Quels sont les signes d’un AVC et que faire ?
L’accident vasculaire cérébral est une pathologie neurologique dont les symptômes apparaissent d’une minute à l’autre. Ils peuvent être très variés : un déficit moteur, la bouche qui dévie, le bras qui ne se lève pas bien, des chutes, des difficultés à s’exprimer, des troubles visuels ou encore de l’engourdissement d’un membre. Ils sont souvent latéralisés, c’est à dire qu’ils apparaissent uniquement d’un côté du corps.
Quels sont les facteurs de risque de l’AVC ?
Il existe plusieurs facteurs de risque : l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie, le tabagisme, la sédentarité et les antécédents familiaux avec des événements vasculaires ou cardiaques avant 50 ans. Dans le cas particulier des hémorragies cérébrales, le principal facteur de risque est l’hypertension artérielle.
Tous ces facteurs de risque peuvent être prévenus. Il faut adopter de bonnes attitudes et avoir une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et équilibrée, la pratique d’une activité physique et suivre les conseils de votre médecin traitant.
Que faire pour prévenir un AVC ?
Il faut contrôler les facteurs de risque cardiovasculaire, notamment la pression artérielle. Vous savez l’hypertension est connue depuis longtemps comme le plus important facteur de risque pour les accidents vasculaires ischémiques ou hémorragiques.
Il s’agit de consulter son médecin traitant qui mettra tout en œuvre pour équilibrer la tension artérielle. Cette attitude thérapeutique constitue une priorité en matière de prévention des accidents vasculaires cérébraux. Cet objectif passe par des traitements médicamenteux mais également par une alimentation saine, la surveillance de son poids et la pratique régulière d’exercice physique.
En second lieu, il y a le tabagisme. Nous ne cessons de le dire et de le répéter : le tabagisme est un facteur de risque de nombres de maladies dont l’AVC. Le risque lié au tabagisme est proportionnel à la consommation de cigarettes. La cigarette multiplie le risque normal par près de deux.
Il y a aussi l’excès de poids, l’obésité et la sédentarité. L’obésité est un facteur de risque important dans la survenue de maladies cardiovasculaires et d’attaques cérébrales. La pratique régulière d’une activité physique possède un effet protecteur vis-à-vis des attaques cérébrales. Chez les jeunes femmes, l’activité physique même modérée comme la marche est associée à une réduction du risque d’accident ischémique. La réduction du risque est proportionnelle à l’activité physique. Une demi-heure de marche par jour diminue les risques d’AVC de près de 30%.
La consommation excessive d’alcool pourrait multiplier le risque d’AVC par près de trois.
Je voudrais insister sur un aspect très important, à savoir les handicaps dus à l’AVC. Il faut mesurer à sa juste valeur toutes les conséquences des séquelles d’un AVC, telles que la paralysie d’un côté du corps, des troubles du langage, de la vue, de la marche… Ce sont autant d’handicaps qui constituent un fardeau lourd tant au niveau du patient que de la famille. C’est pourquoi une fois de plus, je tiens à lancer ici sur les colonnes de votre journal un appel à tous nos concitoyens , qu’il est important de reconnaître les symptômes d’un AVC et de se rendre aux urgences au plus vite, car les traitements ne sont efficaces que dans les premières heures.
Comment sont pris en charge les patients victimes d’un AVC ?
La prise en charge dépend du type d’AVC qu’il faut donc identifier au préalable. Dans 70% des cas, l’AVC est dû à une artère du cerveau qui se bouche, on parle d’infarctus cérébral. Dans 20% des cas, l’AVC est dû à la rupture d’un vaisseau dans le cerveau, on parle alors d’hémorragie cérébrale. Actuellement, il n’y a pas de traitement pour l’hémorragie cérébrale, mais nous pouvons stopper sa progression. En revanche, en ce qui concerne l’infarctus cérébral, il existe des traitements très efficaces qui consistent à déboucher l’artère obstruée. Ils doivent être donnés très précocement, au maximum 3 heures après l’apparition des symptômes, d’où l’importance de les reconnaître et d’agir au plus vite.
Dans tous les cas de figure, c’est aux praticiens de décider de la meilleure attitude thérapeutique à adopter en fonction du type d’AVC et des autres paramètres de chaque patient.
Que pouvez-vous dire à nos lecteurs ?
Il faut savoir que notre population augmente, qu’elle est de plus en plus vieillissante, et que de fait, un grand nombre de pathologies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, les hypertensions artérielles, le diabète, ainsi que l’obésité et la sédentarité ou l’insuffisance rénale vont entrainer dans leur sillage un nombre plus grand d’AVC, surtout pour les plus de 65 ans. On comprend dès lors mieux toute l’importance de la sensibilisation, de l’information de notre population sur les signes d’alerte de l’AVC, ce qui permettra d’assurer une meilleure prise en charge à un grand nombre.
Nous sommes tous concernés par la prévention de l’AVC et nous devons agir vite.
Propos recueillis par Ouardirhi Abdelaziz
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