La journée mondiale du lymphome a été célébrée le vendredi 15 septembre. Une occasion idoine pour les spécialistes de faire connaître cette maladie méconnue, mais de plus en plus répandue et qui touche environ 15 nouveaux cas par 100.000 habitants par an, à l'échelle internationale. Qu'en est-il au Maroc ?

Le lymphome est une forme de cancer qui peut survenir à tout âge et toucher tout le monde. Il reste néanmoins méconnu du grand public et demeure difficile à dépister, bien qu'aujourd'hui son diagnostic et sa prise en charge soient bien établis par les spécialistes. De ce fait, la Journée Mondiale du Lymphome, qui a lieu le 15 septembre de chaque année, a justement pour objectifs de sensibiliser l'opinion publique et d'orienter les personnes concernées vers les professionnels de santé.

C'est quoi un lymphome ?

Les lymphomes sont des tumeurs qui se développent dans l'ensemble du système lymphatique mais peuvent atteindre aussi des organes. Ils surviennent lorsque certaines cellules du système lymphatique, les lymphocytes, commencent à être produites de façon anormale. Ces cellules se multiplient de manière incontrôlée (prolifération maligne) et, comme elles vivent plus longtemps que les cellules saines, elles s'accumulent. Elles finissent ainsi par former des tumeurs dans divers éléments du système lymphatique, en particulier les ganglions lymphatiques qui filtrent la lymphe, provoquant leur gonflement. D'autres organes très divers peuvent également être touchés par cette maladie puisque les lymphocytes circulent dans tout le corps et dans tous les organes.
Dans sa classification de 2008, l'OMS a recensé 80 types différents de lymphomes, de gravité et d'évolution très variables, qui sont essentiellement classés en deux grandes catégories :

1. Les lymphomes hodgkiniens, encore appelés « lymphomes de Hodgkin », forme la plus connue de lymphome qui représente moins d'un cas de lymphomes sur sept ;
2. Les lymphomes non hodgkiniens, communément appelés «lymphomes », les plus fréquents, dont le nombre de nouveaux cas a augmenté de près 5% par an au cours des dernières décennies.

Une maladie difficile à détecter

Nombreux sont les spécialistes qui nous ont confirmé que le lymphome est une maladie difficile à détecter car ses premiers symptômes peuvent être confondus avec ceux du rhume, des amygdales, tout comme il est possible d'en ignorer totalement l'existence, ce qui favorise l'évolution sournoise de l'affection à tel point que le patient encourt un haut risque de mort en l'absence de traitement.

Ses premiers symptômes peuvent se manifester par une perte de poids, une grande fatigue, une fièvre récurrente et inexpliquée, accompagnées généralement d'une toux, de démangeaisons, de sueurs nocturnes ou encore de gonflement de ganglions, qui risquent de passer inaperçus chez le patient le faisant penser à d'autres pathologies courantes telles que le rhume ou les amygdales, permettant ainsi l'évolution dissimulée de l'affection jusqu'à encourir un grand risque de mort en l'absence de traitement ou de prise en charge optimale.

Une pathologie très répandue

Selon les données fournies par l'OMS, on estime que près de 200 000 personnes décèdent d'un lymphome et que 360 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans le monde. 3e cancer le plus commun chez les enfants et 5e cancer en termes d'incidence chez l'adulte, les lymphomes sont une des formes de cancer dont la fréquence augmente le plus. Aujourd'hui, plus de 1 million de personnes vivent avec un lymphome. Si l'incidence du lymphome de Hodgkin a un peu diminué, le nombre de nouveaux cas de lymphomes non hodgkiniens, les plus communs, a augmenté de près 5 % par an au cours des dernières décennies.

Quelle est la situation au Maroc ?

Selon les spécialistes, près de 2.000 personnes adultes et enfants seraient diagnostiquées annuellement au Maroc, malheureusement ils le sont souvent à des stades trop avancés. C'est une maladie qui touche aussi bien l'adulte que l'enfant.

En effet, les spécialistes de cette pathologie reconnaissent que les sujets âgés sont les plus exposés à cette maladie. Les lymphomes de l'adulte sont un groupe très hétérogène avec des traitements et des résultats thérapeutiques variables. En revanche, les lymphomes de l'enfant sont particuliers avec une symptomatologie, des localisations et un traitement spécifique et des chances de cure à plus de 70%.

Importance du diagnostic précoce

Le diagnostic précoce est la meilleure approche contre le Lymphome. Plus la maladie est découverte tôt, plus les chances de guérison sont importantes. Aujourd'hui, grâce à la politique qui est mise en place par notre pays pour prévenir et lutter contre le cancer, grâce à un meilleur accès aux soins et aux médicaments spécifiques au lymphome qui sont disponibles, cette maladie est le plus souvent guérissable par rapport à d'autres cancers pour peu qu'elle soit prise en charge à temps.

Mais ceci ne doit pas faire oublier l'importance de la prévention contre le lymphome, qui ne peut se concevoir et donner des résultats positifs que s'il y a une mobilisation de tous les intervenants, notamment les professionnels de santé, ceux du secteur public et du secteur privé, les différentes associations de lutte contre le cancer, les autres départements ministériels, la société civile, les médias. Chacun a un rôle à jouer concernant la prévention contre cette maladie et ce, à travers l'organisation de campagnes de sensibilisation.

Une maladie qui se soigne

Depuis une quinzaine d'années, de grandes avancées dans le domaine thérapeutique des lymphomes ont pu être réalisées. Des molécules innovantes ont fait leur apparition. Il y a lieu d'être optimiste, car ce sont de réels espoirs pour les patients qu'offrent ces innovations thérapeutiques qui vont améliorer significativement la prise en charge des lymphomes.

Il faut rappeler que le traitement de cette maladie peut durer entre 4 et 6 mois, pour tenir le coup l'activité physique est fortement recommandée afin de favoriser la rémission des patients. Si quelques traitements sont intensifs et nécessitent une hospitalisation, la majorité des cas sont traités à hôpital de jour, ce qui permet aux personnes touchées de poursuivre leur quotidien tout en guérissant d'un cancer qui se soigne bien.

Mais les traitements du lymphome ou autres types de cancer nécessite des structures adaptées et un personnel qualifié, d'où l'intérêt pour notre pays de créer de nouveaux centres d'hématologie afin de permettre aux patients d'être pris en charge correctement dans toutes les régions du royaume.

Ouardirhi Abdelaziz