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Maroc Hebdo | Maroc | 24/04/2018
L'avortement au cœur du débat
Un sujet tabou mais qu'on ne cache plus. L'avortement. Entre la lumière de la raison, le conservatisme obtus et les avancements timides de la loi, les avis s'arrachent et se multiplient. Où en est le Maroc aujourd’hui ?
L'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) préoccupe de plus en plus de Marocains. Car, les chiffres déjà inquiétants datant de 2010 avancés par l'association AMLAC (Association Marocaine de la Lutte contre l'Avortement Clandestin) et qui étaient de 600 à 800 avortements par jour sont aujourd'hui dépassés. Selon le dernier rapport de l'ONU, l'on serait monté à 1.200. Les choses ne s'arrangent pas. Le dernier colloque en date traitant de ce fléau a eu lieu à Tanger, le 7 avril 2018. Un colloque intitulé « l'avortement entre religion, science et jurisprudence».
Entre passion et raison, les interventions se multiplient. Là où la vision conservatrice, rigoriste et intransigeante n'a pas manqué de s'ériger en directrice de conscience et de qualifier la disposition de la femme de son corps comme un acte du diable. Mais là aussi où la raison venait à mettre la lumière sur des mamans décédées lors d'un avortement clandestin, sur les nouveaux nés abandonnés dans des poubelles, au coin d'une ruelle ou dans des associations.
Docteur Chafik Chraïbi, président de l'association AMLAC, ayant à cœur ce combat qu'il mène depuis des années, a appelé à s'aligner sur la recommandation de l'OMS, qui préconise la prise en compte, lors d'un éventuel avortement, de la santé non seulement physique de la maman, mais aussi sociale et psychique.
Un élargissement du droit à l'avortement pour lequel il a toujours milité. Certains disent que s'il a été démis de son poste de chef de service de la maternité à la clinique des Orangers, c'est bel et bien pour s'être ouvert à un reportage sur l'avortement au Maroc réalisé par la chaîne TV5 en 2015.
Houcine El Ouardi, alors ministre de la santé, avait dit qu'il s'agissait là d'une commission scientifique indépendante qui l'a démis de ses fonctions pour erreurs déontologiques, certaines personnes se seraient vu filmées sans leurs avals, dont une en train d'accoucher... « Les médecins aujourd'hui n'ont plus le courage de recourir à l'avortement, même pour des cas qui ne posaient pas problème avant, comme celui des déformations fœtales», se désole-t-il. Et d’ajouter : « Nombre de médecins se retrouvent aujourd'hui derrière les barreaux pour des cas d'avortements pourtant légitimes».
Hypocrisie régnante
Rappelons qu'en 2015 S.M. le Roi Mohammed VI a donné ses instructions aux ministres de la santé et de la justice pour apporter des amendements à l'article 453 du code pénal lié à l'avortement. En 2016, le projet de loi passe au conseil de gouvernement, mais loin d'être discuté par les deux chambres, il reste dans les tiroirs.
L'élargissement du droit à l'avortement est dès lors opérant en cas d'inceste, de viol, de risques majeurs de santé pour la maman, ou encore en cas de malformations fœtales et de maladies psychiques. Mais le vague juridique est tel qu'il reste à définir ce qu'on entend par maladies psychiques, ou malformations fœtales. Le ministère de la santé dit attendre la liste provenant du CNOM (Conseil national de l'Ordre des médecins) pour trancher sur la question.
Chose qui n'a toujours pas eu lieu. Un vague juridique qui nourrit les peurs et les malheurs. Docteur Chraïbi dit ne pas être pour l'avortement d'une manière absolue. « C'est déjà une première étape que de donner une teneur à l'article 453, et de bien le définir, pour protéger et les médecins d'un côté et les femmes d'un autre», nous dit-il. Aussi dénonce-t-il l'hypocrisie régnante quant à l'avortement, car, nombre de médecins le pratiquent au quotidien. Se cacher derrière nos doigts n'est pas une solution à long terme, finit-il par dire. Le rite malékite n'autorise en aucun cas l'avortement contrairement à celui chafiite, hanbalite ou hanafite, qui l'autorisent jusqu'au 40ème jour ou encore le hanifite, qui le tolère jusqu'au 120ème.
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