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Libération | Maroc | 11/04/2018
Au mois d’avril de l’année précédente, des données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) révélaient que selon les estimations, 325 millions de personnes vivaient avec une infection chronique par le virus de l’hépatite B (VHB) ou de l’hépatite C (VHC) dans le monde et que très peu se savaient atteintes.
Deux autres hépatites A (VHA) et E (VHE) sont contrairement aux deux premières moins virulentes et n’entraînent pas d’hépatite chronique.
L’hépatite virale a provoqué 1,34 million de décès en 2015, un chiffre comparable aux décès dus à la tuberculose et au VIH. Mais, alors que la mortalité imputable à la tuberculose et au VIH baisse, celle, due à l’hépatite par contre augmente. Il existe différentes types d’hépatites, catégorisées de A à G.
Au Maroc selon l’OMS, on estime à près de 850.000 personnes infectées par le virus de l’hépatite B et 400.000 atteintes par le virus de l’hépatite C (VHC) et l’hépatite B (VHB). C’est une maladie du foie, à la fois, responsable de l’infection aiguë (généralement asymptomatique et sournoise) et de l’infection chronique. Pour la première, l’hépatite C, environ 15 à 45% des personnes infectées se débarrassent spontanément du virus dans les 6 mois qui suivent l’infection sans aucun traitement, mais les 55 à 85% des personnes infectées développeront une forme chronique de la maladie engageant leur pronostic vital avec le risque de 15 à 30% de cirrhose du foie sur une durée d’une vingtaine d’années.
Pour la seconde, l’hépatite B est une infection du foie dont le mode potentiel est fatal. Le virus de cette maladie mortelle conduit à la cirrhose ou au cancer du foie. Seule parade, le vaccin existant depuis 1982 (1999 au Maroc) est efficace à 95%. Il n’est cependant pas à la portée de tous car ils sont quelque 780.000 personnes dans le monde à périr chaque année des suites aiguës ou chroniques de cette maladie malgré la vaccination anti-VHB chez les enfants. Ce vaccin est considéré comme le premier et unique contre l’un des principaux cancers humains et a eu pour effet de réduire les nouvelles infections de 4,7 à 1,3% chez la proportion d’enfants de moins de cinq ans.
On estime que les personnes atteintes sont des adultes nées avant l’introduction du vaccin. Il n’existe pas de vaccin contre l’hépatite C. Aussi la prévention est de mise afin de réduire le risque d’exposition au virus principalement chez les populations à haut risque tels que les consommateurs de drogues injectables ainsi que lors des rapports sexuels.
Au Maroc, à défaut de princeps, des laboratoires pharmaceutiques officiant ici-bled ont mis au point des génériques prometteurs (rétablissement en trois mois seulement) dits à moindre coût même si paradoxalement la population atteinte est celle qui est la moins nantie, d’où un traitement assez onéreux et qui se doit d’être à l’image des pays précités et supporté ou couvert en partie par l’Etat.
Le laboratoire pharmaceutique Galenica a donc mis sur le marché deux médicaments génériques Isof et du Daclar qui assurent de 40 à 90% les chances de guérison, selon le PDG Abdelghani El Guermai. Le premier est commercialisé à 3000 dirhams (soit 9000 pour la durée du traitement), tandis que le second coûte 150 dirhams et donc pas à la portée de la bourse de la pauvre, première victime de cette maladie qui, pour la soigner relève d’un véritable parcours du combattant.
Pharma 5 a pour sa part produit un générique du médicament Sovaldi, qui dans certains pays est commercialisé à un coup inimaginable à supporter pour le patient marocain. Le Sofusbuvir (molécule du Sovaldi) est au prix de 3000 dirhams. Au Royaume en comparaison à d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire, Sofosbuvir revient à 300 dollars contre 280 en Indonésie, 108 en Inde, 51 en Egypte et 15 au Pakistan alors qu’il est de 451.000 DH en France et 800.000 DH aux Etats-Unis.
Pharma 5 a lancé un autre générique, le Daclatasvir. Il est à 1.549 DH alors que son coût en Europe avoisine les 100.000 DH. Pharma 5 va en outre mettre sur le marché un générique de dernière génération 100% marocain, équivalent en termes de qualité, d’efficacité et de sécurité au princeps de référence prescrit pour la prise en charge de l’hépatite B.
L’OMS salue les efforts du Maroc dans l’accès au traitement de l’hépatite C depuis l’introduction il y a deux ans de ces antiviraux à action directe. L’organisme note qu’à l’instar de nombre de pays, le Maroc parvient peu à peu à fournir les médicaments à sa population. L’OMS évoque la concurrence des génériques au moyen d’accords de licence, la production locale et les négociations sur les prix.
L’espoir d'éradiquer la maladie de l'hépatite C, est, on ne peut plus probant dans les pays développés notamment en Europe, au Canada ou en Australie. L’Islande pourrait devenir l’un des premiers pays au monde à éradiquer le VHC et prévoit d’atteindre l’objectif de l’OMS (réduction de 80% de l’incidence du VHC) bien avant la date cible établie à 2030 grâce à un programme national lancé en janvier 2016.
Au Canada, les nouveaux médicaments contre l'hépatite C seront désormais couverts par le gouvernement ontarien pour toutes les personnes du fait du coût très élevé des antiviraux à action directe (de 28.000 à 62.000 euros par personne pour une cure). Le gouvernement fédéral entend éradiquer l’hépatite C au Canada d’ici 2030.
Au Maroc, même si les efforts, bien plus du privé que celui laxiste du pouvoir public, à travers les laboratoires pharmaceutiques sont quelque peu convaincants. Du chemin reste à faire cependant, d'où l'importance de lever bien des barrières. C'est en simplifiant le parcours de soins et en banalisant pour la classe la plus touchée, celle dite la plus fragile de notre société, un traitement au demeurant exorbitant de par son prix que l'on arrivera à traiter réellement cette maladie potentiellement sévère, sournoise et funeste jusqu'à son élimination dans un futur proche tel que défini par l’OMS.
Mohamed Jaouad Kanabi
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