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Revue de presse

Dans les dédales d'un dispensaire rural : Statu quo à Beni Khloug malgré l'intervention d'une ONG italienne

Le matin | Maroc | 31/01/2007

«Parfois, on n'a même pas de fil de suture pour recoudre les femmes qui viennent d'accoucher. Du coup, on utilise du fil ordinaire même si l'on sait que cela va provoquer des complications et des infections. Tout ce que nous avons, c'est du sérum salé», témoigne Fatema, accoucheuse au Centre sanitaire de Beni Khloug.

Située à 62 km de Settat, cette commune rurale ne dispose que d'un seul dispensaire où travaillent 24h/24 un médecin et quatre infirmiers, dont deux accoucheuses.

Ces dernières, installées dans un bâtiment à part, assurent le prénatal, l'accouchement, le post natal et les vaccinations. «Nous recevons entre 30 à 40 femmes enceintes par mois, sans compter celles qui viennent pour s'approvisionner en moyens contraceptifs ou pour faire le suivi de leur grossesse», poursuit Fatema, accoucheuse depuis 20 ans dans ce dispensaire.

En guise de matériel, les accoucheuses n'ont … rien. La salle d'accouchement fait peine à voir. L'endroit est mal éclairé et ne dispose que d'une vieille table d'accouchement sur laquelle trône un vieux matelas miteux et complètement usé. Une autre table en bien meilleur état est certes disponible mais, d'après les accoucheuses, elles ne l'utilisent pas car trop inconfortable pour les femmes. «C'est l'association italienne Soleterre basée dans la région depuis 2002 qui nous a remis ce matériel mais on ne sait pas l'utiliser.

Du coup, on travaille sur l'autre. Mais le pire, c'est la lumière. Nous n'avons pas de lampe, donc souvent on recoud les femmes à l'aveuglette, sans trop savoir où on enfonce l'aiguille qui est d'ailleurs la seule que nous avons. Si jamais nous la perdons, je ne sais pas ce qu'on fera», dit Fatema Zohra, la deuxième accoucheuse.

Quant à la partie où les jeunes mamans doivent en principe se reposer, elle existe à peine. Il y a effectivement deux chambres mais, d'après Fatema, celles-ci ne sont pas utilisées. Les mamans ne sont autorisées à rester dans le dispensaire que deux heures après leur accouchement ; «après elles doivent partir. Nous ne pouvons pas tout gérer», dit Fatema Zohra.

Et si, par malheur, elles ont des complications en plein travail d'accouchement, elles doivent se débrouiller pour trouver des calmants ou bien prendre un taxi pour aller à l'hôpital de Settat, qui, rappelons-le, est situé à 62 Km de Beni Khloug. «Nous n'avons rien pour les soulager et nous n'avons ni anesthésie ni péridurale.

L'accouchement se fait comme dans le temps. Donc nous conseillons souvent aux femmes d'apporter avec elles des calmants, des seringues, des draps… et si jamais elles n'ont pas d'argent pour ça, elles ne se font pas soigner. Le ministère de la Santé ne nous fournit pas assez de matériel. Parfois, les bébés ont besoin d'oxygène à la naissance, mais vu nos moyens, il nous arrive souvent de les voir mourir alors que l'on sait parfaitement ce que l'on pourrait faire », poursuit Fatema.

Les chiffres sont alarmants. Chaque année, 3 femmes sur environ 400 qui accouchent meurent, avec 6 décès infantiles. Les causes spécifiques de décès maternels et infantiles le plus importantes sont: l'hémorragie, le travail bloqué, la préemptive, les infections, l'avortement, la rupture utérine, les grossesses extra-utérines, les souffrances fœtales, les détresses respiratoires, les infections des nouveaux-nés, et l'ictère néonatal.

«Quand on demande du matériel, on nous dit qu'il n'y en a plus et qu'il faut attendre. Mais cela fait des mois qu'on attend. Les dotations en matériel sanitaire sont réparties sur cinq dispensaires de la région et distribuées tous les six mois. Ce n'est pas suffisant et nous sommes obligés de demander aux patients d'apporter les médicaments. Nous recevons à peu près 50 malades par jour et nous n'avons rien pour assurer les soins d'urgence.

Nous n'avons ni médicaments, ni antibiotiques, ni sparadraps, ni oxygène, ni seringues… rien, et souvent nous sommes amenés à faire avec ce que nous avons sous la main», explique, quant à lui, le major Mohamed Zahid.

Du côté du service ambulancier, le dispensaire dispose en principe de deux ambulances, une qui a été donnée par l'association italienne et la deuxième qui dépend de la commune de Beni Khloug. « Mais la commune ne met que très rarement l'ambulance à notre disposition. Du coup, quand le chauffeur de l'ambulance de Soleterre est en congé, nous sommes coincés et les malades n'ont pas d'autre choix que de trouver un autre moyen de transport», explique le major. D'ailleurs, selon les responsables du dispensaire, il n'y a pas plus d'un mois, une femme est morte dans un taxi parce qu'il n'y avait personne pour l'accompagner à l'hôpital de Settat.

Cependant, les choses ne sont pas aussi simples. Du côté des patients, c'est un tout autre son de cloche. Ces derniers se plaignent du manque d'attention des infirmiers et du médecin. Corruption, intimidation…, tout y serait ! «Ici tout se monnaye. Si on ne leur rapporte pas des poulets, des œufs ou de l'argent, ils ne nous soignent pas», dit ce jeune garçon blessé au pied. «Vous voyez cette chaise sur laquelle le major a posé mon pied pour me soigner, si vous n'aviez pas été là, il m'aurait demandé de soulever mon pied jusqu'au lavabo.

C'est lamentable. On ne comprend pas pourquoi on nous traite de cette façon», poursuit-il. Souad, elle, nous raconte l'aventure de sa jeune sœur : «Pour son premier enfant, ma sœur est venue pour accoucher mais les infirmières l'ont très mal traitée et, depuis, elle a eu trois enfants dont elle a préféré accoucher à domicile. Ici, il n'y a que la corruption qui marche. Si jamais on a besoin d'un soin d'urgence sur place, on peut rêver. Ils ne se déplacent jamais ou alors il faut payer très cher», dit-elle.

Khadija ajoute : «Mon père est venu une fois pour voir le médecin. Celui-ci n'était pas là. Le major a refusé de nous donner des médicaments, pourtant mon père était très mal et avait besoin de se faire soigner de toute urgence. On sait qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens, mais un peu d'attention ne fait de mal à personne.» Et dire que ce dispensaire est le mieux loti de la région.

En effet, d'après Luca Burinato, responsable de Soleterre Maroc, sur les 114 centres sanitaires présents dans la province de Settat, 12 sont abandonnés à cause de l'absence de personnel sanitaire, et les 60% des 102 qui restent sont gérés par un seul infirmier.

Quant aux communes rurales, il n'y a qu'un dispensaire qui doit répondre aux besoins de la population. Les autres sont des dispensaires rudimentaires et sans lits.
L'intervention des autorités publiques et locales est donc plus que prioritaire.
C'est de la santé, et même parfois de la vie de nos concitoyens dont il est question ! A bon entendeur !

Repères

Beni Khloug en chiffres

  • 12.722 habitants à Beni Khloug

  • 1.911 ménages

  • Le taux d'analphabétisme est de 58,7%, dont 72,4% pour les femmes

  • Un infirmier pour 1.800 habitants

  • Sur 114 centres sanitaires existants dans la province de Settat, 12 sont abandonnés à cause de l'absence de personnel sanitaire

  • 60% des 102 qui restent sont gérées par un seul infirmier

  • 3 femmes sur 400 qui accouchent meurent, avec 6 décès infantiles chaque année.

Un dispensaire réaménagé !

Il y a à peine 3 ans de cela, le dispensaire de Beni Khloug était dans un état pire que celui décrit dans le reportage. En effet, depuis l'installation de l'association Soleterre dans la région, un projet de réaménagement et d'amélioration des services a été lancé. Ainsi, l'ONG a doté le dispensaire de matériels d'intervention pour la respiration artificielle, d'une table d'accouchement, de matériel pour les visites gynécologiques…

La structure qui se consacre à 80% aux services de pédiatrie a donc été complètement réaménagée. Et pourtant, aujourd'hui encore, les ressources manquent cruellement. Quant au service de liaison entre l'hôpital de Settat et le dispensaire, Soleterre a mis à la disposition des habitants une ambulance qui assure gratuitement leur transport 24h/24 en cas d'urgence. Un don de la Croix-Blanche italienne qui permet aux patients de bénéficier des soins sanitaires.

Du côté de l'hygiène sanitaire, un travail a également été fait grâce à un accord établi avec la commune de Beni Khloug. Le centre est nettoyé deux fois par semaine et les ordures hospitalières ne sont plus jetées dans un coin de la cour, comme cela était le cas avant.

Cependant, même si tous ses efforts sont considérables, la situation du dispensaire risque aujourd'hui de se détériorer. Le projet de Soleterre a pris fin en 2005 et, en principe, le suivi devait être assuré par la commune et la délégation de la Santé de Settat. «Malheureusement, rien n'a été fait. Du coup, on continue à financer le centre sanitaire en matériel et médicaments», conclut Luca Burinato, responsable Soleterre au Maroc.

Dounia Z. Mseffer

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