« La formation continue, de qualité est un des piliers majeurs dans la lutte contre le cancer au Maghreb. Et l’engagement de tous, organismes de formation, sociétés savantes, partenaires académiques, experts de part et d’autre de la méditerranée et soutiens institutionnels est porteur d’espoir pour les praticiens, comme pour les patients », c’est avec ces termes que les présidents scientifiques, Pr Boussen de Tunisie Pr Ouakkal et Pr BOUZID Algérie, Pr Tahri du Maroc et Pr Gilles Freyer (France), ont inaugurés les 2èmes cours intensifs de cancérologie au Maghreb, qui se déroulent à Marrakech du 28 mars au 2 avril.

« Ainsi, après le succès des premiers Cours Intensifs de Cancérologie du Maghreb qui se sont déroulés à Alger en Avril 2015, la Société marocaine de Cancérologie (SMR), est honorée d’être un partenaire avec ses consœurs de l’Algérie et de la Tunisie de réunir des experts de renommée internationale et sent également une grande responsabilité sur ses épaules, pour transmettre les dernières données diagnostiques et thérapeutiques », précise Pr Ali Tahri, président de la SMC.

Car, ajoute-t-il, « le cancer reste un fléau universel, touchant les pays développés, comme ceux en voie de développement ; Ce fléau ne sera vaincu que par la collaboration de tous les acteurs, chercheurs, médecins, infirmiers, monde institutionnel, politique et partenaires industriels.

Pour sa part, le président de la Société Algérienne d'Oncologie Médicale (SAOM), Pr. Kamel Bouzid, a affirmé que le nombre de personnes atteintes de cancer en Algérie évoluera au même rythme que celui des pays avancés durant les cinq prochaines années. Pr. Bouzid, souligne que l'Algérie "connait le même rythme de prolifération du cancer que les pays occidentaux en raison du vieillissement de sa population. En France, a-t-il dit, elle est de 300 cas pour 100.000 habitants et de 400 cas pour le même nombre aux Etats Unis. Sur la base d'indicateurs sur la moyenne d'âge des Algériens qui est passée de 45 ans durant les premières années de l'indépendance à 76 ces dernières années, le vieillissement expose une grande partie de la population à cette maladie. Durant ces dernières années, les cas de cancer ont augmenté de manière considérable passant de 80 cas pour 100.000 habitants en 1993 à 120 cas durant les années 2000. Ce nombre est appelé à s’accroitre pour égaler celui enregistré dans les pays avancés durant les cinq prochaines années. Environ 50.000 nouveaux cas de cancer sont recensés chaque année en Algérie, dont 1.500 enfants, soit une moyenne de 5 nouveaux cas par heure enregistrée chez les adultes, et 4 nouveaux cas par jour chez les enfants. Et malheureusement pour un grand pourcentage des malades, des traitements effectués aux patients ne sont entamés qu'au stade avancé de la maladie. Le tabac, l'alcool, l'obésité, le stress et l'alimentation malsaine sont les principaux facteurs de ce "problème de santé publique", affirment les participants aux 2èmes cours intensifs de Cancérologie du Maghreb.

Les chiffres sur l’Algérie ne sont pas différents de celles existants dans les autres pays du Maghreb, ou les cancers sont en progression exponentielle, plus de 40 000 nouveaux cas par an au Maroc, plus de 7000 nouveaux cas par en Tunisie. C’est pour juguler l’avancée de ce mal terrible, que les trois pays ont instaurés des plans nationaux de lutte contre le cancer, l’Algérie 2015-2019, la Tunisie 2015- 2019 et le Maroc 2010-2019, avec pour chaque plan des axes stratégiques, des objectifs, des actions et mesures spécifiques dans chaque programme national. Les cours intensifs de cancérologie du Maghreb sont une occasion pour mettre entre les mains des praticiens maghrébins, des outils améliorés et efficaces pour offrir une qualité de vie meilleure pour les citoyens maghrébins qui souffrent des différents de cancers et également pour soutenir l’action des politiciens, des différents ministères de la santé ainsi que les associations, telle la Fondation Lalla Salma de prévention et de traitement des cancers, qui a changé le visage de la prise en charge des cancers au Maroc.

Dr Anwar CHERKAOUI