La décision de rebaptiser le Centre de formation continue du nom du professeur Mâaouni a été votée par le Conseil de l'Université Sidi Mohammed ben Abdallah et approuvée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Médecin personnel de Sa Majesté le Roi, Abdelaziz Mâaouni a voué sa vie à la recherche et à la pratique de la médecine, il est considéré au sein de sa corporation comme un érudit tant sa curiosité scientifique s'appuie sur une culture générale et sur un engagement désintéressé. Pour lui la médecine est une sorte d'apostolat.

L'amphithéâtre de la faculté de médecine n'a pas désempli, ce mercredi, car aussi bien les enseignants que les étudiants, se sont trouvés réunis par dizaines pour cette cérémonie qui avait des accents de convivialité et aussi l'allure d'un hommage en bonne et due forme à l'éminent professeur.

Cérémonie qui comporta, d'ailleurs, un autre volet significatif : la soutenance par Samia Arifi d'une thèse sur le cancer, réalisée sous la présidence du professeur Mâaouni, et une conférence que celui-ci a donnée à cette occasion devant un parterre impressionnant de professeurs et d'étudiants sur le thème : " La médecine contemporaine : grandes découvertes et état actuel ".
Un sujet d'une actualité brûlante puisqu'il a axé sa démonstration sur quatre axiomatiques qu'il a abondamment commentées et explicitées devant un public attentif. Et que l'on peut résumer grosso modo comme suit : la médecine préventive ; les nouvelles techniques de diagnostic ; les nouvelles thérapeutiques ; enfin la transplantation d'organes. Chacune de ces séquences comporte, bien entendu, de nombreux volets.

Le professeur Mâaouni, rigueur intellectuelle érigée et sans emphase, a souligné que quatre facteurs permettent à une population d'être en bonne santé : l'hygiène avec l'eau potable, le réseau d'assainissement adéquat et l'environnement propre. Ensuite une alimentation suffisante et équilibrée, l'éducation et la scolarisation, enfin l'accès aux soins. Pour être apparemment basiques, de telles exigences n'en sont pas moins aujourd'hui à la santé publique ce que la jouvence est à une nation.

Le professeur Mâaouni a souligné qu'elles constituent le programme axial de l'INDH, lancée en mise en place le 17 mai 2005 par S.M. le Roi. Il a, également, mis en évidence la nécessité d'une politique de vaccinations, prioritaires et indispensables à la bonne santé des populations.

Selon lui, elles connaissent une évolution appréciable, notamment au niveau de la prévention des maladies infectieuses. Et de souligner qu'à présent, la nouveauté est constituée par l'apparition des vaccins préventifs et thérapeutiques des cancers avant de brosser un large tableau sur leur commercialisation.

Comment et où se situe le Maroc dans cette évolution ? Abdelaziz Mâaouni rétorque non sans fierté que " le Royaume a été désigné à la fois par l'ONU et l'OMS (Organisation mondiale de la santé) comme un pays pilote et exemple dans la mise en œuvre d'une stratégie de vaccinations, grâce au programme élargi et généralisé des campagnes de vaccinations régulières ". Et de réitérer avec force qu'un " tel résultat n'aurait guère vu le jour sans le soutien infaillible de S.M. le Roi aux programmes de vaccinations qui ont été encouragés d'ailleurs dans certains pays amis d'Afrique ". L'autre volet de l'exposé du professeur Mâaouni a porté sur les avancées scientifiques en termes de diagnostic.

Il a, dans cet esprit, parlé de nouvelles techniques que sont la biologie moléculaire, l'histologie fonctionnelle et l'imagerie médicale. Selon lui, " ces avancées sont liées à la fois aux développements de la biologie, de la biophysique et de l'informatique. Quant aux nouvelles thérapeutiques, il a souligné la forte corrélation avec la biothérapie, la thérapie génique tout en rappelant les derniers développements dans le traitement du cancer.

Dressant sans état d'âme, l'évolution de la transplantation d'organes, il a exprimé quelques regrets à la lumière des retards accusés par notre pays dans ce domaine. " Ce ne sont pas, a-t-il déclaré, les compétences techniques ni la technologie médicale qui manquent. Ce sont la volonté du gouvernement, le toilettage des textes et leurs promulgations rapides qui font défaut, et bien entendu les encouragements aux différents acteurs " ! Comme un couperet, le jugement est tombé pour nous rappeler que, parfois, la recherche – impliquant les moyens , les investissements, les technologies et les hommes – relève d'une simple décision et d'un choix politique.

La soutenance de sa thèse de doctorat en médecine par Samia Arifi est venue illustrer la convivialité scientifique instaurée par l'exposé du professeur Maâouni. Une thèse défendue avec brio sur le cancer digestif, portant sur les GITs, tumeurs proliférant dans le système gastro-intestinal. Un travail salué par tous les scientifiques présents et dont le professeur Abdelaziz Mâaouni, président du jury, dira que " c'est un travail irréprochable, notamment au vu des moyens de bord dont elle disposait.

Mon souhait le plus profond est que cette réussite engendre une cascade d'autres réalisations achevées par les autres camarades de cette faculté ". La mention très honorable et les félicitations du jury incite également M. Ouazzani, président de l'Université Mohammed ben Abdallah à affirmer que " ce travail redonne à la capitale spirituelle du Royaume son piédestal d'antan, d'avant-gardiste dans le domaine de la culture en général et celui de la science et de la médecine en particulier ".

Promesses régionales

Pour la première fois de son histoire la faculté de médecine de Fès a abrité la soutenance d'une thèse par Samia Arifi. Le thème, une longue recherche sur le cancer, est à la fois ambitieux et pionnier.

Tout le monde s'accorde en effet à souligner la porté d'un événement qui consacre et conforte la décentralisation en terme de recherche qualitative. C'est la traduction d'une politique de régionalisation encouragée par le Souverain.

C'est aussi une volonté de rompre l'isolement des provinces à ce niveau. Le monopole de la recherche et des résultats qui lui sont liés ne favorisera plus les grandes villes, notamment Casablanca et Rabat au plan de la qualité et des promesses scientifiques.

Mohamed Amrani