Le laboratoire Pharma 5 a annoncé mardi 1er décembre, devant un parterre de journalistes, de pharmaciens et de médecins, dans ses locaux, la prompte mise sur le marché du SBB 400. Premier générique 100% marocain dédié au traitement de l’hépatite, le SBB 400 est un produit révolutionnaire. En effet, les praticiens sont unanimes, ce médicament marque un tournant dans la prise en charge de l’hépatite C au Maroc, de par son coût moindre, son innocuité et une durée de traitement moindre. Il s’agit, en effet, d’un générique de dernière génération, qui représente un regain d’espoir pour les malades, qui avaient du mal se soigner à cause de l’inaccessibilité de la thérapeutique.

Certains malades se résignaient, faute de moyens ou parce qu’ils ne répondaient pas bien au traitement à l’interféron, à vivre avec la maladie comme étant une fatalité. Grâce à l’avancée de la recherche, aujourd’hui, il existe des thérapeutiques qui permettent de vaincre l’hépatite C, sauf qu’elles sont hors de prix même pour les bourses dites aisées. C’est le cas du Sofosbuvir, développée par un laboratoire américain, et mis sur le marché en septembre 2014. Cette dernière génération anti-hépatique permet un taux de guérison de 90 à 95% de l’hépatite C, même quand elle est en stade avancée. Le coût de la cure est de 451 000 Dhs en France, et de 800 000 Dhs aux USA. Ce qui a provoqué une indignation mondiale. On parlait alors du médicament le plus cher de l’histoire de l’industrie pharmaceutique. Suite à quoi le laboratoire américain producteur du Sofosbuvir a signé des accords de licence avec un nombre limité de pays, leur permettant de développer des génériques. 91 pays en développement pouvaient ainsi accéder au générique et 100 autres, dont le Maroc, en étaient exclus. Suite au refus du laboratoire américain d’intégrer le Maroc à la liste des pays bénéficiaires du générique du Sofosbuvir, le département de la Santé a donc exploré la possibilité de développer un générique localement.

Le développement durant ces deux dernières décennies une expertise de bonne facture de l’industrie marocaine, et le non-dépôt du brevet dans les délais par le laboratoire américain, sont les deux raisons derrière la motivation du ministère. C’est au laboratoire Pharma 5 qu’est revenue la tâche de développer un générique anti-hépatique de dernière génération. Le laboratoire dispose d’une unité de fabrication, conforme aux meilleurs standards de qualité internationaux, et a également à son crédit, dans le cadre d’un partenariat avec le département de la Santé, le développement en 2007 de génériques antituberculeux.

Si la tâche ne s’est pas révélée facile (réaction du laboratoire américain, pression sur les fournisseurs...), le laboratoire marocain a su relevé le défi. Un challenge certes pour le Pharma 5, mais une fierté pour tous les Marocains. « Le SSB 400 est accessible à 3000 Dhs et représente un grand espoir pour des milliers de patients et leur famille, mais c’est aussi un honneur pour l’industrie pharmaceutique marocaine », a déclaré M. Abdellah Lahlou, président de Pharma 5. Pour ce faire, le laboratoire a injecté une enveloppe de 85 millions de Dhs pour la réalisation d’une nouvelle unité entièrement dédiée au SSB 400, avec une capacité de production de 50 000 unités/jour.

La thérapeutique sera commercialisée dès le 10 décembre, et sera prise en charge par l’AMO et le Ramed.

Enfin, M. Lahlou s’engage à ce que le médicament, qui sera également exporté dans les pays d’Afrique où il n y a pas de brevet du laboratoire américain, soit toujours disponible et ne connaisse pas de rupture de stock.

Leila Ouazry