L’adénome bénin de la prostate est une affection très au Maroc, elle touche un homme sur trois Cette tumeur bénigne, peut être responsable de complications graves, rétention d'urine, insuffisance rénale et infection. Le seul traitement efficace est chirurgical, il faut opérer l’adénome pour diminuer son volume. "Dans 90% des cas, on opte pour la résection transrectale, mais cette intervention chirurgicale peut s’accompagner de morbidité. Les complications, observées chez certains patients, comprennent des symptômes d’irritation à la miction, la contracture du col de la vessie, les hémorragies nécessitant des transfusions, les infections urinaires, l’hématurie et le dysfonctionnement sexuel.

Aujourd’hui, grâce à la haute technologie, une toute nouvelle technique chirurgicale ultrasophistiquée est pratiquée par des spécialistes Marocains pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate.

Al Bayane a rencontré le professeur Redouane Rabii, spécialiste en Urologie à la faculté de Médecine et de Pharmacie de Casablanca, médecin chef du service d’urologie à l’hôpital Ibn Rochd.

Al Bayane : Qu’est ce que la prostate ?

Professeur Rabii : La prostate est une petite glande de la taille d'une noix située sous la vessie. Elle entoure la partie supérieure de l'urètre, le tube urinaire, à l'endroit où celui-ci rejoint la vessie. Cette glande a tendance à prendre du volume à l’approche de la quarantaine, et continue à grossir avec l'âge. Si la prostate devient trop volumineuse, c’est ce qu’on désigne sous le terme d’hypertrophie de la prostate.

Quels sont les symptômes de l'hypertrophie de la prostate ?

L’hypertrophie bénigne de la prostate, n’occasionne aucun symptôme pour deux tiers des hommes de plus de 50 ans, mais les risques de voir se développer une HBP symptomatique augmentent avec l'âge : après 60 ans, 60% des hommes souffrent de troubles de la prostate et ce chiffre passe à 90% après 85 ans.

Uriner devient difficile : l'émission d'urine est lente à démarrer, le flux est faible et saccadé, et des gouttes d'urine continuent à s'écouler pendant une minute ou deux. Après avoir uriné, l'impression que la vessie n'est pas vraiment vide persiste. Les parois de la vessie et de l’urètre, irritées, provoquent une fausse envie d’uriner plus fréquemment, ce qui s'avère particulièrement gênant la nuit. Parfois, des douleurs sont ressenties dans le bas du dos, le bassin ou le haut des cuisses.

Quelles sont les complications de l'hypertrophie de la prostate ?

Une vessie qui ne se vide pas correctement augmente le risque d'infection urinaire et de problèmes rénaux. Certains hommes qui souffrent d'HBP sont victimes de calculs urinaires dans la vessie ou d'infections urinaires à répétition. On observe parfois des problèmes de rétention urinaire et, de manière très occasionnelle, une obturation complète de l'urètre qui constitue alors une urgence médicale, c'est la rétention d'urines aiguë qui nécessite une prise en charge médicale pour éviter les complications.

Qu’elle est la situation au Maroc ?

Selon les résultats d’une étude réalisée sur un échantillon de 300 hommes âgés de plus de 40 ans, nous avons relevé que 52 % présentaient une hypertrophie de la prostate.

1/ 3 de ces personnes présente des problèmes de prostate.

Mais il faut dire que nous ne disposons pas d’une étude claire, récente, avec des chiffres pertinents qui reflètent la réalité actuelle, c’est pourquoi je me permets de dire qu’au Maroc comme partout ailleurs au niveau de la planète, les hommes à partir de 45 - 50 ans, sont sujet à une augmentation de l’adénome de la prostate , qui est une hypertrophie bénigne de la prostate. Selon le professeur Rabii un homme sur trois a partir de 60 ans devra être opéré.

C’est une pathologie qui représente un véritable phénomène de société et de santé publique touchant l’homme à partir de la cinquantaine.

Ul faut savoir qu’avant les années 50, il n’y avait que la chirurgie ouverte qui posait énormément de problèmes à cause des saignements post - opératoires et un grand nombre de patients mouraient. Après les années 50, les premières résections mono-polaires endoscopiques ont eu lieu, mais les chirurgiens étaient limités par le temps et ils ne pouvaient pas reséquer plus de 50 grammes, faute de quoi c’est la vie du patient qui était en jeu.

Depuis les techniques ont évoluée a travers le monde, toujours plus sophistiquées, plus novatrices et plus sures, c’est notamment le cas avec les lasers

Depuis 4 ou 5 ans nous avons introduit au Maroc le laser Green Light, mais vu le prix exorbitant (25 à 30 .000 DH) tant pour les patients que pour les caisses de mutuelles, nous avons préféré la nouvelle technologie, qui est la vaporisation photo sélective de la prostate, une intervention que nous avons réalisé pour la première fois au centre hospitalier Cheikh Khalifa de Casablanca.

Comment se déroule cette intervention ?

Tout d’abord, je dois préciser que l’introduction de cette technologie par le centre hospitalier Cheikh Khalifa, est motivée par le souci permanent de répondre aux mutations hospitalières et d’offrir aux clients de ce centre hospitaliers le meilleur de la technologie.

C’est pourquoi, le Centre Hospitalier Cheikh Khalifa de Casablanca déploie désormais une technique sécurisante et performante permettant l’ablation par vaporisation de l’adénome prostatique.

L’opération dure entre 30 minutes et 1h30, selon le volume de tissu prostatique à traiter, et est effectuée sous l’œil d’une caméra endoscopique qui renvoie l’image sur un écran vidéo. L’intervention se déroule sous anesthésie loco-régionale ou générale et s’effectue par les voies naturelles.
Une fibre laser très fine permet de vaporiser l’adénome de la prostate. Le canal urétral retrouve alors un calibre permettant au patient d’uriner à nouveau normalement.

Quels sont ses avantages ?

La technique de la vaporisation de l’adénome de la prostate permet de détruire le tissu avec un saignement absent ou minimal.

La nouvelle technique présente des avantages indéniables pour les nombreux patients qui souffrent de cette pathologie. Le patient va pouvoir bénéficier d’un confort post opératoire accru et d’un séjour hospitalier considérablement réduit.

Peu d’inflammation et peu d’œdème immédiat

Un taux de complications moindre

Des suites opératoires plus simples

A ce jour se sont 20 malades qui ont pu bénéficier de cette technologie sans aucun problème.

Sur la base de ces constates et observations et suivi des patients, je puis dire que cette technique permet de traiter efficacement et en toute sécurité nos patients et que même les malades fragiles ou avec des troubles de coagulation sont opérés sans aucun problème, en outre il faut savoir que la vaporisation de l’adénome de la prostate autorise des durées de séjours très courtes, le malade peut sortir le jour même, ce qui diminue les risques d’infections nosocomiales.
En effet, grâce à cette technique innovante, une grande partie des patients peut être traitée de la prostate en chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire que les patients que j’ai opéré ont pu sortir le jour même.

Ainsi, avec cette nouvelle technique le Centre Hospitalier Cheikh Khalifa s’inscrit, dans l’innovation au service des clients tant sur le plan du confort que de sa sécurité.

Et question coût ?

Il faut savoir que le cout de la vaporisation de l’adénome de la prostate est relativement bas, accessible et amplement justifié au regard des résultats qui sont obtenus, du confort dont bénéficie le malade immédiatement et surtout de la sécurité du patient. Au total il faut compter 10 voire 15.000 DH pour cette nouvelle technique qui offre plusieurs avantages.

Il faut espérer que nos hôpitaux seront dans un avenir très proche équipées de cette nouvelle technologie.