La rentrée s’annonce chaude pour le ministre de la Santé, le Pr Houssein El Ouardi. Les étudiants des facultés de médecine ont annoncé d’emblée la couleur en observant une grève la semaine dernière. Et pour cause, ces derniers refusent d’exercer dans les petits patelins, les campagnes, les régions enclavées… La tutelle avait, en fait, soumis un projet de loi qui obligerait les futurs médecins à travailler dans les zones lointaines pendant une période de deux années. Le manque en ressources humaines représente un problème majeur dans la Santé publique.

Le Maroc compte seulement 4 médecins pour 10 000 habitants, et beaucoup moins que cela dans les zones enclavées. Il en résulte que de nombreuses structures sont fermées faute de moyens humains. Une situation qui risque de s’aggraver. 260 médecins vont bientôt de quitter le secteur public. D’où la décision de la tutelle d’instaurer une mesure à même de résorber cette problématique. Les services hospitaliers dans les grandes villes connaissent une très forte affluence, car de nombreux patients, ne trouvant pas d’offre sanitaire dans leur région, font le déplacement, pour se faire soigner là où l’offre existe. Cela représente un coût supplémentaire pour ces malades, souvent de condition modeste, mais aussi un coût en termes d’énergie et de soins.

La forte demande que connaissent les structures de soins des grandes villes se traduit par des rendez-vous très éloignés, un service qui laisse à désirer, un personnel saturé… Ce sont toutes ces raisons qui ont poussé le département de la Santé à mettre en place le service sanitaire obligatoire, à l’instar d’un service militaire ou civil. Mais, pourquoi les médecins refusent-ils un tel dispositif ? Que font-ils du sens du serment d’Hippocrate ? Les citoyens de ces régions n’ont-ils pas les mêmes droits d’accès aux soins et à la santé ? Pourquoi les médecins s’obstinent-ils à vouloir travailler dans les grandes villes ? Et que représentent 24 mois dans la carrière d’un jeune médecin ?

Certes, les grévistes évoquent un problème de rémunération, ce que le ministre réfute. Les salaires sont les mêmes, que l’on exerce à Casa ou ailleurs ; une prime est même prévue pour les affectations dans les zones difficile, avait précisé le ministre lors de la première grève observée par les futurs médecins, en juin dernier. Par ailleurs, on peut comprendre aussi des engagements familiaux, car il est parfois difficile pour un père ou une mère de famille d’être éloigné(e) de ses enfants, mais ce sont des concessions que certains métiers exigent. D’un autre côté, on gagnerait à désenclaver ces régions. Car il faut le reconnaître, un médecin qui trouverait toutes les commodités dans son lieu d’affectation ne serait aucunement réticent à y exercer.

LO