Le monde entier a célébré hier 28 juillet la journée mondiale contre les hépatites. A cette occasion, l'Association de Lutte Contre le Sida (ALCS) et le collectif Droit à la Santé au Maroc ont voulu attirer l'attention sur la nécessité de faire bénéficier les patients ayant une co-infection VIH-hépatite C du nouveau traitement. En avril dernier, le ministère de la Santé avait annoncé qu’une société pharmaceutique marocaine allait prochainement mettre sur le marché le médicament générique du Sofosbuvir qui est considéré comme une avancée majeure pour l’accès au traitement de l’hépatite C.

« Le Sofosbuvir appartient à la classe des Antiviraux à Action Directe (AAD) qui présentent des taux de guérison beaucoup plus élevés que les traitements utilisés actuellement au Maroc, tout en étant mieux tolérés et nécessitant une durée de traitement considérablement plus courte (12 semaines au lieu de 6 mois). Commercialisé par le laboratoire américain Gilead à des montants exorbitants qui oscillent entre 58.000 et 65.000 dirhams la cure, le Sofosbuvir était jusqu’à présent hors de portée pour le Maroc. Gilead avait, certes, sous la pression des activistes, signé une licence avec 11 génériqueurs indiens les autorisant à fournir 91 pays à faibles revenus, mais excluant le Maroc et les pays à revenus intermédiaires. La version marocaine sera commercialisée à 9.000 dirhams la cure », indique-t-on dans un communiqué de l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS) qui se félicite de l’avancée que constitue cette annonce.

Par ailleurs, l’association a saisi l’occasion de la Journée mondiale contre les hépatites, avec l’appui du Collectif Droit à la Santé au Maroc, pour attirer l’attention sur la nécessité de faire bénéficier les patients ayant une co-infection VIH-Hépatite C (VHC) de ce nouveau traitement.

« Le Maroc connait une prévalence relativement élevée d’hépatite C dans la population générale (1,6%) et le taux atteint des niveaux bien plus élevés chez les personnes vivant avec le VIH avec 5,5% et encore davantage chez les usagers de drogues par voie intraveineuse qui en paient le plus lourd tribut. Une étude du ministère de la Santé réalisée en 2014 a montré une prévalence de 80% chez cette population dans la région de Nador. Par ailleurs, la co-infection avec le VIH aggrave le pronostic de l’hépatite C », souligne l’ALCS. Et d’ajouter « Comme dans le cas du VIH, ce sont ces populations les plus vulnérables qui sont le plus fréquemment infectées par le VHC. La disponibilité d’un traitement à 9.000 dirhams au lieu de 60.000 est une chance inouïe pour le Maroc, mais n’oublions pas la réalité de notre pays et de nos patients. L’hépatite C tue encore aujourd’hui et il nous faut maintenant penser à la distribution du traitement la mieux adaptée pour garantir l'accès à tous et notamment aux plus vulnérables. Ce virus ne doit plus tuer maintenant que nous disposons d’un traitement efficace. Les efforts doivent donc être ciblés sur les populations co-infectées VIH-VHC et des solutions doivent être mises en place pour leur fournir le traitement gratuitement, sans aucune condition de forme, pour ne pas déconstruire tous les efforts de prise en charge de l’infection à VIH au Maroc ».

Hajjar El Haiti