Suite à la campagne de sensibilisation menée par l'association « Reins » en faveur du don et de la greffe d'organes, le ministère de la Santé s'est saisi de la problématique pour la relayer à un plus large niveau. Pour rappel, la première greffe de reins à l’échelle maghrébine a été réalisée en 1985. Depuis, les transplantations d’organes et de tissus se sont succédé. Seule ombre au tableau, le nombre de donneurs insuffisant pour répondre à la demande des malades.

À l’occasion de la rencontre nationale sur la promotion du don d’organes et de tissus humains organisée ce mercredi à Rabat, le ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi, est revenu sur la nécessité de rétablir la confiance entre les institutions et les compétences, tout en sensibilisant à l'importance du don en tant que forme de solidarité et d'entraide sociale.

Pour ce faire, il a mis en avant le rôle des écoles, des médias, des associations et des mosquées pour contribuer à la sensibilisation et à l'encouragement des citoyens, encore très réticents au don d’organe. Une hésitation « essentiellement psychique et culturelle », selon le ministre des Habous et des affaires islamiques, qui a dans ce sens insisté sur l'importance de l'élaboration de messages qui seraient donnés dans les mosquées, informant les prêcheurs de l'importance et sur le référentiel religieux du don d'organes.

De son côté, M. Ramid, ministre de la Justice et des libertés, qui a fait savoir qu'il était lui-même enregistré sur la liste des donneurs, a mis l'accent sur la nécessité d'atteindre le plus grand nombre de donneurs. Afin de répondre à ces demandes croissantes, le ministère souhaite donc atteindre un niveau annuel de 1.000 transplantations de cornée, 250 greffes rénales et 300 greffes de moelle osseuse. Le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, a indiqué pour sa part que son département s'apprêtait à lancer des émissions et des spots publicitaires diffusés à la radio et à la télévision. Il a de même insisté sur l'importance de tirer profit des réseaux sociaux, pour sensibiliser la jeunesse.

Rappelons que le Maroc dispose d'une expérience acquise dans le domaine. En effet, au niveau du Maghreb, le Maroc a été un pays précurseur. « La première opération de greffe de reins à l'échelle maghrébine remonte à 1985 à Casablanca, la première transplantation du cœur à 1995 au CHU Ibn Sina de Rabat et la greffe de moelle osseuse à 2004 au CHU Ibn Rochd de Casablanca, alors que la première greffe de la cornée a été enregistrée en 2009 », précise M. El Ouardi. S'agissant du don d'organes post-mortem, M. El Ouardi a fait savoir que la première opération a été réalisée en 2010 au CHU Ibn Rochd de Casablanca avant d'être généralisée à l'ensemble des autres CHU.

Le CHU Mohammed VI de Marrakech a réalisé les deux premières greffes du foie en 2014 suivies de trois autres à Casablanca et à Rabat. Le CHU Hassan II de Fès a quant à lui réalisé en 2014 la prouesse de greffes de membres.

L'année 2014 a également été marquée par la réalisation de 50 opérations chirurgicales de transplantation de reins dans les six hôpitaux agréés et autorisés à effectuer de telles opérations. À noter enfin que la mise en place des différents régimes de couverture médicale (Assurance maladie obligatoire, AMO et Régime d'assistance médicale, Ramed) a permis à de nombreux patients d’accéder à ces opérations très coûteuses. « Au total, 164 opérations du genre ont été effectuées au profit des bénéficiaires de ces systèmes », indique-t-il.