Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb au Maroc > Revue de presse
Albayane | Maroc | 17/04/2015
Chose promise, chose due : le ministre de la santé, Pr El Houssaine Louardi a présenté mercredi à Kelaât Sraghna les résultats d’une étude visant à délivrer les pensionnaires de Bouya Omar de leur situation misérable pour les soumettre à un traitement adapté à leur état de santé.
Le ministre, qui présentait mercredi lors d’une réunion au siège de la province de Kelaât Sraghna, les résultats d’une étude réalisée par une équipe pluridisciplinaire représentant différents intervenants (ministère des Habous et des affaires islamiques, ministère de la Solidarité, de la famille et du développement social, conseil national des droits de l’homme, alliance marocaine de la citoyenneté et des droits de l’homme) et ce avec la participation de 20 psychiatres (août-septembre 2014), a indiqué que cette action a permis de diagnostiquer l’état des lieux à travers des entretiens avec les intervenants locaux (autorités locales, sponsors, association des Chorfa Bouya Omar), des visites sur le terrain, des contacts avec ceux qui accueillent les pensionnaires et un examen des conditions d’hébergement des personnes abandonnées par leurs familles et proches à Bouya Omar.
Selon cette étude, a-t-il dit, Bouya Omar, devenu célèbre au fil des années comme étant un sanctuaire où des personnes atteintes de maladies mentales et psychiques ou des toxicomanes peuvent être délivrés de leur maladie, sert en fait de refuge où les familles incapables de prendre en charge les soins des leurs, les y abandonnent moyennant des frais d’hébergement moyens de 786,00 DH / mois (8 millions de DH par an) sans parler des autres charges.
Des traitements inhumains
Cette enquête a montré de manière irréfutable que les pensionnaires sont internés par force dans les lieux où ils subissent des traitements inhumains qui n’ont rien à voir avec les droits humains, auxquels le pays adhère de par ses engagements internationaux et sa Constitution.
Des reportages photographiques montrent des gens enchainés comme au temps de la traite des esclaves et affamés jusqu’à ce qu’ils deviennent incapables de bouger et d’inquiéter leurs gardiens, sans parler des autres violations visant hommes et femmes délaissés à leur sort « sans médicaments et assistance médicale » dans ce « Guantanamo marocain », selon les termes de l’Alliance de la citoyenneté et des droits de l’homme.
Scandalisé par les révélations sur les atrocités des lieux, le ministère de la Santé avait fait dès 2013 de cette question une priorité qu’il s’est engagé de résoudre en concertation et coordination avec tous les intervenants, a expliqué le ministre, qui a précisé que les 692 pensionnaires dont 19 femmes de Bouya Omar recensés sont accueillis par quelque 55 personnes issues de Kelaât Sraghna, mais également d’autres villes comme Settat, El Jadida.
La plupart des pensionnaires sont atteints de troubles mentaux et psychiques, des alcooliques ou des toxicomanes qui ne bénéficient, pour 70% d’entre eux, d’aucun traitement médical, 24 % d’entre ne reçoivent aucune visite, 23 % se trouvent dans un mauvais état et 19 % portent les stigmates et autres cicatrices des traitements violents qu’ils subissent. Ils sont jetés par terre et vivent à 4 en moyenne par chambre.
Selon l’étude présentée par le ministre, il est indispensable de mettre fin à cette situation en procédant dans un premier temps (un à deux ans) à la construction d’un centre médico-social de 120 lits qui aura pour tâche de faciliter aux patients l’accès aux soins de santé dont ils ont besoin et de préparer leur éventuelle insertion sociale après guérison.
Le coût de ce projet est estimé à 25 millions de dirhams et il devra bénéficier de l’autonomie financière et administrative et ce avec la participation de tous les intervenants dont l’association des Chorfa Bouya Omar.
A Moyen terme (3 à 5 ans), a-t-il ajouté, l’étude propose la mise à niveau de l’infrastructure d’hébergement familial à travers son organisation et son encadrement.
Développement des infrastructures
A long terme (au-delà de 5 ans), l’étude recommande l’amélioration et le renforcement de l’offre des soins des maladies mentales et psychiques non seulement dans la région de Bouya Omar mais également dans toutes les régions du pays émettrices des séquestrés des lieux.
Sur le long terme donc, l’étude propose, en fin de compte, une meilleure prise en charge de ces maladies « maudites », parent pauvre du système de santé.
Réagissant à cet état de fait, le ministre de la Santé avait annoncé en 2012 sa décision de faire de la santé mentale une priorité de son département. Depuis lors, cinq nouveaux services psychiatriques et cinq centres de désintoxication ont vu le jour, 157 infirmiers sont sortis des écoles de formation et un plus grand nombre de psychiatres formés.
A présent, trois nouveaux centres psychiatriques sont en cours de construction à Al Hoceima, Fès et Agadir, alors que de grands efforts sont déployés pour mettre à la disposition des malades dans les centres existants suffisamment de médicaments gratuits.
M’Barek Tafsi
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.