L'Association Marocaine de Strabologie et d'Ophtalmologie Pédiatrique (AMSOP) a organisé, le 7 mars dernier, les cinquièmes Journées scientifiques sur le strabisme, un trouble visuel pouvant engendrer la stigmatisation et le rejet particulièrement chez les enfants.

L'Association Marocaine de Strabologie et d'Ophtalmologie Pédiatrique (AMSOP) et d’éminents spécialistes marocains et étrangers dans le domaine de l’ophtalmologie et la vision se sont réunis le 7 mars dernier afin d’aborder le problème du strabisme et ses répercussions. « Cette pathologie fréquente touche 4% de la population générale et a un grand retentissement sur le plan fonctionnel, esthétique, psychologique et social », indique le Pr Drissi Daoudi Jaafar, président de l’AMSOP.

Non traité, le strabisme entraîne généralement des conséquences graves pour la vision. En effet, chez les personnes dont les yeux sont bien alignés, chaque œil transmet une image distincte au cerveau, et celui-ci les fusionne en une seule image. C'est ce que l’on appelle la vision binoculaire. Chez les strabiques, les cellules responsables de la vision binoculaire sont généralement touchées, car les yeux ne sont plus alignés. Le cerveau ne peut fusionner les deux images qu'il reçoit. Par conséquent, la personne strabique voit double. Chez le jeune enfant, pour éviter cette vision double, le cerveau n'utilise qu'un seul œil et ne reçoit ainsi qu'une image. L'œil négligé peut alors devenir « paresseux » et la personne strabique peut perdre presque complètement la vision de cet œil.
Si le diagnostic peut parfois être évident, dans d'autres cas, il peut être difficile et se manifester par des signes fonctionnels, à savoir, céphalées, maux de tête, diplopie (double vision), photophobie (sensibilité à la lumière), gêne visuelle, fatigue visuelle et rougeur oculaire. C'est dire l'intérêt d'un examen ophtalmologique complet et précoce qui va permettre de faire le diagnostic du strabisme et d'éliminer une cause organique de type cataracte congénitale ou tumeurs rétiniennes pouvant menacer le pronostic fonctionnel, voire vital du patient.

À noter qu’il existe différents types de strabisme. Celui-ci peut être convergent (œil dévié vers l’intérieur) ou divergent (œil dévié en dehors), mais aussi vertical (œil dévié vers le haut ou le bas). « Tous les strabismes peuvent être traités avec un résultat très satisfaisant », poursuit le président de l’AMSOP. En effet, le traitement du strabisme passe d’abord par un traitement médical basé sur une correction optique totale.

« On utilisera dans un premier temps des gouttes ophtalmiques (collyres) qui vont nous permettre d'avoir une idée précise sur le vice réfractif pour pouvoir ensuite le corriger avec des verres adaptés », explique notre spécialiste avant de poursuivre : « Si le patient présente également une amblyopie (acuité visuelle basse) nous pourrons proposer au patient deux paires de lunettes à porter en alternance ». Souvent, le traitement médical permet d'améliorer le strabisme, mais parfois un geste chirurgical peut être nécessaire pour complément de prise en charge. Cette pratique chirurgicale consiste à « régler les muscles de l’œil » pour réaligner les yeux. Pour cela, on les rallonge avec du fil (comme on rallongerait des bretelles pour les détendre) et l'on en renforce d’autres en les raccourcissant (comme on raccourcirait des bretelles pour les retendre).

Priscilla Maingre