Le pédiatre Paul Gyorgy disait : « le lait de vache est bon pour le petit de la vache, le lait de femme est bon pour le nourrisson ». Personne ne peut nier cette évidence. Et pourtant, dans presque tous les pays, beaucoup d'enfants ne sont pas nourris au sein, ou alors peu de temps.

Le taux de femmes allaitant a considérablement chuté. En 20 ans, il aurait pratiquement diminué de moitié, passant de 52% en 1992, à 32% en 2004 et 27,8% en 2011, à en croire le récent rapport du ministère de la Santé.
Celui-ci note par ailleurs que seuls 26,8% des mères allaitent leur enfant post-accouchement, le reste ayant directement recours à des substituts comme le biberon, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande exclusivement l'allaitement maternel au cours des six premiers mois.

Selon le ministère, ce désengouement résiderait principalement dans le mode de vie des femmes qui a considérablement évolué ces dernières années. En périmètre urbain, nombre d’entre elles travaillent et préfèrent parfois avoir recours directement au biberon. D’autres pensent, à tort, que le lait maternel seul n’est pas suffisant à l’alimentation du bébé, lui préférant les laits en poudre, riches en vitamines et en calcium.

Dans ce sens, l’Association marocaine pour la nutrition infantile (AMNI) a participé, ce mardi, à la journée pour la protection de l’allaitement maternel au Maroc à travers l’organisation d’un atelier de sensibilisation en partenariat avec le ministère de la Santé. Les différents participants à cet atelier ont dressé le tableau de la situation de l’allaitement maternel et ont mis en avant le rôle essentiel de l’allaitement maternel dans la lutte contre la mortalité infantile. Le lait maternel, on le sait, est réputé pour prémunir l’enfant contre de nombreuses infections puisqu’il contient des agents anti-infectieux. « Le lait maternel apporte des substances nutritionnelles parfaites pour les bébés et qui les protègent des maladies.

Ce sont des éléments indispensables pour la croissance et le développement rapide du cerveau et du système nerveux central du nourrisson », précise l’AMNI. Il est aussi nutritionnellement équilibré, et idéal pour le nourrisson. En effet, les risques d'obésité sont apparemment moindres chez les enfants nourris au sein contrairement aux enfants nourris avec des substituts.

D’un point de vue pécuniaire, l'allaitement au sein est plus économique que l'allaitement artificiel au biberon, pour lequel il faut prendre en compte le coût du lait de substitution ou du lait de vache, des biberons et des tétines, et du combustible utilisé pour la stérilisation.

Aussi, l’alimentation au biberon augmente les risques d'infection par contamination avec des organismes pathogènes présents dans le lait et dans l'eau utilisés pour la préparation, mais aussi dans les biberons, les tétines et tous autres ustensiles utilisés pour nourrir le bébé.

À noter que les bienfaits de l’allaitement maternel ne se limitent pas ses avantages pour l’enfant. En effet, il est également bénéfique pour la mère. La tétée provoque chez la maman la contraction de l’utérus, ce qui empêche l’hémorragie qui, elle aussi, tue de nombreuses mères chaque année. De même, l’allaitement maternel prolonge le repos ovarien post-partum de la mère, permettant ainsi des naissances espacées. Enfin, l’AMNI rappelle que « donner le sein favorise également l'attachement mère-enfant, élément fondamental de l'élaboration de la personnalité comme des capacités d'apprentissage de l'enfant ».

Priscilla Maingre