Des journées portes ouvertes sur l'évolution des soins oncologiques au Maroc ont été organisées ce week-end à Rabat. L’initiateur de cette manifestation, le docteur Habib Faouzi, président de la Fédération des centres d'oncologie privés au Maroc et fondateur du Centre d'oncologie Al Azhar a fait remarquer pour l’occasion que les efforts déployés au Maroc en la matière ont permis « la baisse du taux de mortalité des personnes atteintes de cancer du sein, avec 70% de chance de garder le sein, la survie de 60 à 70% des cas pour les cancers colorectaux et la guérison à hauteur de 80% des patients atteints du cancer de la prostate ».

Au sujet du cancer de la prostate justement, il a été noté également une « diminution des cas d'impuissance et d’incontinence urinaire », précise le spécialiste.

Ces évolutions sont dues à différents facteurs. À commencer par une prise de conscience de l’importance du diagnostic précoce. À ce sujet, le Dr Faouzi a tenu à souligner que « pris en charge à temps, 90% de ces cancers ne tuent pas ». Il est important de rappeler que le dépistage du cancer du sein concerne les femmes de 45 à 50 ans et doit se faire tous les 3 ans (tous les ans quand la patiente a des antécédents familiaux). À noter qu'il ne faut jamais faire de mammographie avant 15 ans. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, il est important de souligner que le cancer du sein – dans de très rares cas – peut aussi être diagnostiqué chez l'homme (1%). Quant à l'examen de la prostate, celui-ci devrait se traduire par une visite annuelle, dès 50 ans.

Aussi, il est important de rappeler que la « Fondation Lalla Salma de prévention et traitement des cancers » a joué un grand rôle dans la sensibilisation et la généralisation du traitement de cette maladie depuis sa création. À cet égard, le Dr Habib Faouzi a tenu à souligner que « grâce à la Fondation Lalla Salma, il a été procédé à la création et à l'équipement de plusieurs hôpitaux, à la formation de plus de 130 médecins au Maroc et à la médicalisation de plusieurs régions ».

Enfin, ces progrès en matière de traitement des cancers n’auraient pu être observés sans des centres dédiés et du matériel dernier cri. Une visite du centre oncologique Al Azhar de Rabat, qui jouit désormais d’une renommée dans le monde arabe, a donc été initiée dans ce sens.

Ainsi, le staff médical de l’établissement a donné un aperçu du parc de machines de pointe dont il dispose. Il s'agit en l'occurrence de deux accélérateurs de pointe pour le traitement des cancers, notamment du sein, des poumons, de la prostate et d'autres types de cancers, ainsi que d'un PET Scan, un outil qui permet d'évaluer l'évolution du cancer ou encore de le repérer. « Le Centre réalise plus de 10.000 consultations par an. Nous avons annuellement plus de 1.500 cas en cures de radiothérapie, plus 800 cas en cures de chimiothérapie, plus de 150 cas en cures de curiethérapie et plus de 140 cas d’irathérapie, 300 cas de chirurgie du sein, 200 cas de chirurgie du col de l'utérus et 100 cas de chirurgie du côlon », explique le Dr Faouzi notant que « 80% des malades du centre sont pris en charge, dont 60% par l'AMO et les 20% restants par les autres assurances ».

Concernant le staff médical, celui-ci est composé de 140 personnes, dont 20 médecins pour plus de 1.000 nouveaux malades accueillis chaque année de tout le Maroc, et de l'Afrique, notamment le Sénégal, la Côte d'Ivoire, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et surtout la Mauritanie.

La chimiothérapie n’est pas systématique

Ces journées portes ouvertes « aux médias, public, professionnels de la santé et organismes de prise en charge » ont également permis de sensibiliser et d'informer le grand public sur différentes idées reçues concernant la chimiothérapie. Comme le soulignait il y a quelques mois le Dr Ouhajjou, oncologue, la chimiothérapie n'est pas la solution miracle pour tout cancer, mais est applicable au cas par cas. « Il faut tordre le cou aux idées reçues. De nombreux spécialistes traitent tous les cancers de la même façon, c'est-à-dire en recourant à la chimiothérapie. De même, la taille de la tumeur n'est pas déterminante. Il y a de très petites tumeurs de l'ordre de moins de 5 mm qui doivent être traitées par la chimio, alors que de bien plus grosses n'en auront pas besoin… », confiait-il.

Priscilla Maingre