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Albayane | Maroc | 04/10/2014
Le lancement d’un nouveau médicament pour le traitement d’une maladie est toujours source de bonheur et d’espoir. Pourtant, le récent lancement du «Sofosbuvir» par le laboratoire américain Gilead pour le traitement de l’hépatite C suscite plutôt l’ire du secteur marocain de la santé. Et pour cause, le Maroc figure parmi les pays qui se sont vu exclure d’une licence dudit médicament, le 15 septembre dernier, alors que le laboratoire américain annonçait la signature d’un accord de licence volontaire avec plusieurs fabricants de génériques en Inde. Ce n’est pas tout, le Sofosbuvir est également dénoncé par l’ALCS (Association de Lutte Contre le Sida), le collectif pour le droit à la santé Maroc et ITPC-MENA, tout comme dans d’autres pays, pour son prix extrêmement onéreux et inaccessible.
Dans un communiqué conjoint rendu public le 18 septembre dernier, trois organisations médicales marocaines montent au créneau pour exprimer leur mécontentement face à l’exclusion du Maroc d’une licence d’un nouveau médicament pour le traitement du virus de l’hépatite C (VHC). Elles appellent les autorités marocaines à prendre des mesures en conséquence, car ce sont près de 625 000 malades d’hépatite C qui se verront refuser ainsi un traitement au Maroc. En plus, cette exclusion couterait au Maroc au moins 790 millions de dollars au Maroc s’il tient à soigner tous ses patients atteints de VHC selon les nouveaux standards internationaux, estiment les associations.
Mais où se situe véritablement le problème ? En effet, alors qu’on célébrait les avancées en matière de traitement de l’hépatite C, qui pouvait imaginer que c’était un traitement élitiste, réservé à certains pays, à une certaine catégorie sociale ? Preuve en est que le 15 septembre, Gilead annonçait avoir signé un accord de licence volontaire avec plusieurs fabricants de génériques en inde pour Sofosbuvir, un nouveau médicament pour traiter le virus de l’hépatite C. Cette licence autorisait ces producteurs de génériques à exporter la nouvelle molécule dans 91 pays à bas et moyens revenus (PBMR) à moindre coût. A la grande surprise, le Maroc qui est un pays à revenus modestes, ne figure pas parmi ces 91 pays. «Ladite licence interdit toute exportation vers le Maroc ainsi que vers 50 autres pays à bas et moyens revenus», précise le communiqué conjoint des associations.
Qu’est ce qui justifie une telle décision ? Aucune raison n’est avancée dans le communiqué, mais son silence sur les véritables raisons de cette décision, dénote une injustice que dénoncent les associations.
En effet, depuis des années, le traitement de l’hépatite C reposait essentiellement sur la bithérapie peg-interferon et ribavine, mais ces deux produits, les seuls efficaces jusqu’alors, sont réputés pour leur fort taux d’échec thérapeutique et leur toxicité. Depuis 2014, sofosbuvir a été mis sur le marché. Associé aux peg-interferon et ribavine, il permet de guérir complètement de l’infection en 12 semaines. Un espoir pour mettre fin à cette maladie virale. Pourtant, la bataille est encore rude, car le médicament est extrêmement cher, pouvant coûter 84 000 dollars pour 12 semaines, soit 1 000 dollars le comprimé aux USA. En France, le prix oscille entre 45 000 et 50 000 euros.
Au Maroc, uniquement 2000 personnes atteintes de VHC étaient prises en charge par le ministère de la santé, grâce au Ramed et à l’AMO. Les personnes non éligibles à ces systèmes, payaient de leurs propres poches, sachant que ces médicaments alors disponibles étaient très chers. Le nouveau médicament, quant à lui, au lieu d’être une solution, suscite plutôt moult critiques. « Sachant qu’en plus du coût du sofosbuvir, doivent s’ajouter ceux des autres molécules et des examens médicaux nécessaires, et devant l’impossibilité de recours aux médicaments génériques, il sera impossible pour le Maroc de traiter ses malades sous sofosbuvir même aux prix qui seront pratiqués par Gilead dans les pays à revenus intermédiaires », estime le collectif associatif. D’ailleurs, il estime que « loin de promouvoir l’accès aux médicaments, cette licence volontaire à l’initiative de Gilead représente une menace majeure pour l’accès aux traitements de l’hépatite C. »
Les associations appellent les autorités marocaines à dénoncer cette licence et à envisager des voies et moyens pour rendre le sofosbuvir générique disponible au Maroc, entre autres par le recours à la production locale, le recours aux voies légales contre les pratiques anti-compétitives abusives de Gilead, car le coût de production dudit médicament ne dépasserait pas les 100 dollars pour la durée du traitement. Plusieurs associations européennes se sont déjà liguées pour faire le bras de fer aux prix de ce médicament, comme le rapportent les journaux français les Echos et le Figaro.
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