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Revue de presse

Entretien avec le ministre de la santé Lhoussaine Louardi : la réforme, jusqu'au bout !

Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 04/02/2014

On a tenté de m’intimider et c’est quelque part normal quand on veut changer et bousculer les choses. Je ne veux pas généraliser et dire du mal des professionnels...

ALM : Beaucoup d’espoirs ont été fondés sur le Ramed pour généraliser la couverture médicale aux couches les plus défavorisées. Mais il semble que le régime se heurte à la dure réalité du terrain et n’arrive pas vraiment à se mettre sur les rails. Comment peut-on expliquer cette désillusion ?

Lhoussaine Louardi : D’abord je ne partage pas cet état des lieux parlant d’échec, de désillusion et autres. La couverture médicale est un droit pour le citoyen, mais également une obligation pour l’État. La mise en œuvre du Ramed, ordonnée par SM le Roi, a démarré le 13 mars 2012. Le défi est de taille car il s’agit d’un régime qui doit à terme s’adresser à 8,5 millions d’habitants, soit 28% de la population. Donc nous étions conscients dès le départ que ce régime qui intéresse pratiquement le tiers de la population marocaine et où il y a plusieurs intervenants, allait connaître des problèmes. Mais avec tout cela, je considère personnellement que ce chantier est une réussite. Elle n’est certainement pas totale mais vraiment encourageante. C’est tout de même la première fois au Maroc que des malades démunis peuvent bénéficier d’interventions chirurgicales lourdes et de transplantation d’organes (reins, cornée…).

Les hôpitaux publics ont-ils les moyens humains et matériels pour faire face à tout cela ?

Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’au ministère nous suivons de près l’évolution sur le terrain et nous tentons d’adapter les moyens. A titre d’exemple, nous avons augmenté le budget des médicaments qui est passé de 675 millions de dirhams en 2011 à 1,4 milliard DH en 2012 pour atteindre le niveau historique de 2,4 milliards en 2013 !

Vous semblez dire que tout va pour le mieux alors que c’est vous-même qui, il y a quelques jours, aviez tiré la sonnette d’alarme…

Je n’ai jamais renié le fait que ce régime connaissait des difficultés et des dysfonctionnements, d’autant plus qu’il concerne un domaine très sensible, à savoir la santé. Lors du dernier conseil d’administration de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), il a été révélé que 220.000 Marocains avaient triché, usant à la fois de la carte AMO et du Ramed. Ils sont venus dans nos hôpitaux et ont bénéficié de tous types de soins, de scanners et d’interventions sans rien payer.

Ces gens ont tout simplement tiré partie d’un budget et de moyens censés être dédiés aux pauvres et démunis. Ils ont donc privé un certain nombre de malades (220.000) de bénéficier de leurs droits. Face à une telle situation, nous avons décidé de réagir en prenant des mesures sérieuses, avec l’installation de dispositifs informatiques pour mettre fin à cette anarchie. En même temps, des mises en demeure ont été adressées aux auteurs de ces abus les invitant à rembourser à l’Etat la contrepartie des soins et prestations dont ils ont bénéficié de manière gratuite et indue.

Un autre dossier qui vous attire aussi des soucis en ce moment, à savoir la loi encadrant la pratique de la médecine au Maroc que la ministre qui était là avant vous, Yasmina Baddou, avait été contrainte de mettre au placard. Etes-vous vraiment décidé à la mettre en place quel qu’en soit le prix ?

Oui. Nous sommes décidés au ministère d’aller jusqu’au bout parce que j’estime que c’est la meilleure solution pour le secteur de la santé au Maroc. D’abord, le ministère de la santé gère le secteur public comme le privé. Et personnellement, j’estime que les dysfonctionnements que vit le secteur de la santé au Maroc ont des origines très profondes et donc on ne peut pas leur opposer des solutions superficielles et du rafistolage. Il faut de grandes orientations politiques de haut niveau et activer de façon fiable l’esprit de partenariat entre le public et le privé.

Vous semblez parier sur le privé pour résoudre tous les problèmes du secteur…

Personne ne peut dire aujourd’hui qu’il est capable de résoudre tous les problèmes liés au secteur de la santé dans n’importe quel pays au monde, uniquement en optant pour le secteur public ou privé. Public et privé vont devoir travailler ensemble, collaborer pour proposer la meilleure offre de soin possible. Je rappelle qu’il existe des zones mal desservies en matière d’offres de soins, notamment les provinces sahariennes à l’instar de Dakhla, Boujdour, Tarfaya et Laâyounne. Comment peut-on expliquer qu’il n’y ait pas de cliniques privées dans certaines villes.

C’est tout simplement aberrant surtout que le ministère de la santé a les moyens d’acheter les prestations du privé. Par exemple, pour la dialyse, nous avons pour cette année 2014, 380 millions de dirhams destinés à ce type de traitement dans les hôpitaux publics. Et à chaque fois quand nous n’avons pas de ressources humaines ni de générateurs de dialyse, nous demandons au privé de nous les installer et nous sommes prêts à payer ces prestations. Il n’est pas normal de demander à un malade de prendre l’avion pour aller bénéficier d’une séance de dialyse à des milliers de kilomètres de sa ville. Il est inhumain de devoir attendre deux années pour faire un simple examen au scanner.

Mais en quoi la libéralisation de la santé que vous proposez réglera-t-elle le problème ?

Cette libéralisation est un vrai cercle vertueux. Elle luttera contre le chômage puisque beaucoup de gens réussiront à trouver un emploi si les cliniques deviennent nombreuses. En outre, cela renforcera la compétitivité entre les cliniques, ce qui va faire baisser sensiblement les prix. Enfin, cela améliorera l’attractivité. Nous avons beaucoup de médecins marocains qui n’ont pas les moyens de construire une bonne clinique. Mettre en place un CHU par exemple coûte dans les alentours de 1,5 milliard de dirhams.

Ce n’est pas à la portée. Nous n’avons pas de médecins qui vont déposer ce montant pour réaliser un tel investissement, cela est impossible. Il faut se rendre à l’évidence, nous avons besoin de tout le monde. Je dis aux opposants à ce projet, avec tout le respect que je dois à leurs points de vue, que nous ne voulons pas vendre la santé ni la privatiser. Par contre, nous voulons mettre de l’ordre dans le privé.

Il n’empêche que l’ouverture du capital des cliniques aux non-médecins est très mal accueillie par les syndicats et associations de médecins. Comment comptez-vous les convaincre ?

C’est faux. Aujourd’hui j’ai le soutien des médecins. Et tout le monde a reçu favorablement le projet. Mais le problème est le suivant : certaines associations étaient seulement favorables à discuter le projet, mais pas d’accord sur le projet lui-même. Le Conseil national de l’Ordre des médecins du Maroc, l’Association nationale des cliniques privées, le Syndicat des médecins spécialistes privés ainsi que le syndicat du public ont tous envoyé des propositions écrites et 75% de leurs propositions et contre-propositions ont été retenues. Nous sommes donc au stade de discussion. En revanche, les syndicats (UGTM, SNSP, FDT, CDT et UNTM) ne veulent pas négocier avec nous le projet et ils le rejettent catégoriquement. On ne peut que déplorer le fait qu’ils refusent un débat sur une initiative aussi importante pour la santé au Maroc.

Nous avons l’impression que c’est juste une polémique entre le ministère et les syndicats. Mais en quoi l’ouverture des capitaux est-elle bénéfique pour les citoyens ?

C’est simple : plus il y aura de concurrence, plus les prix vont baisser, meilleure sera la qualité des prestations, plus grande sera la transparence, plus efficace sera la gestion et plus précis seront les audits. Ce projet suppose des engagements sur trois niveaux. Le premier niveau concerne l’investissement. Je ne vois pas pourquoi on va dire aux gens qui sont capables d’investir qu’il faut qu’ils soient obligatoirement médecins pour pouvoir le faire. C’est pour cette raison qu’il faut ouvrir le capital pour les investisseurs non-médecins. Le second niveau concerne les prestations médicales. Celui qui opèrera, celui qui mettra le plâtre, celui qui fera l’échographie ne peut être que médecin.

Le projet est clair : toutes les décisions médicales ne peuvent être prises que par des médecins. Je rassure donc mes confrères inquiets ! Toujours dans cette même logique, nous avons inséré des propositions dans le projet, qui concernent les relations conventionnelles entre les médecins et la clinique, selon lesquelles la commission médicale sera constituée exclusivement de médecins. Il n’y aura personne d’autre dans cette commission médicale en dehors des médecins qui seront les seuls habilités à décider du choix du personnel qui travaillera dans la clinique. Et nous avons également créé une commission d’éthique où ne siègeront que des médecins et des infirmiers pour statuer vis-à-vis de toutes les questions d’éthique qui concerneront la clinique. Par contre pour ce qui est de la commission de gestion, je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas être intégrée par des non-médecins.

Qu’en est-il du troisième niveau de ce projet ?

Le troisième niveau de ce projet a trait à la stratégie qui sera menée à l’échelle nationale. Il faut le dire tout de suite : il ne s’agira pas de concurrence sauvage, ni d’ouvertures débridées de capital. Notre politique sera faite et tracée par le ministère et sera décidée par le gouvernement. Donc les orientations politiques resteront entre les mains du ministre, pour qu’il n’y ait pas d’anarchie dans le secteur, ni de concurrence déloyale.

Y a-t-il des projets de cliniques qui n’ont pas pu se faire en raison du retard de la réforme ? Est-ce que vous êtes au courant du projet d’une université américaine qui voulait ouvrir une clinique au Maroc ?

Non je ne suis pas au courant. Mais la seule chose, et je suis sincère dans ce que je dis, c’est que tous les gens sérieux qui veulent construire des cliniques sont les bienvenus ! En revanche, j’insiste sur un élément fondamental où il faut être intransigeant, c’est que tout doit être fait conformément à la loi marocaine. La loi marocaine actuelle exige que l’investisseur dans le domaine médical soit un médecin. Ceux qui veulent investir aujourd’hui doivent se conformer à la loi marocaine. Je ne sais pas si le projet passera ou non, mais même s’il n’est pas adopté je continuerai à faire en sorte que la loi soit toujours strictement appliquée quant aux modalités d’ouverture de cliniques.

Le Maroc fait face à un manque de ressources humaines et les facultés de médecine ne peuvent pas répondre à la demande. Feriez-vous appel à des médecins étrangers ?

Non, jamais je ne ferai une telle chose. Les gens qui sont contre ce projet ont tendance à dire que ce projet va autoriser les médecins étrangers à venir travailler en masse au Maroc. C’est faux ! Les lois qui existent jusqu’à présent au Maroc sont claires. C’est un faux débat et ce sont de fausses informations et de fausses insinuations. Il n’a jamais été question de faire venir des médecins étrangers pour travailler au Maroc.

Vous avez été victime de plusieurs tentatives d’intimidation. Est-ce qu’elles continuent toujours ?

Je suis d’abord un citoyen marocain comme tous les autres. On a tenté de m’intimider et c’est quelque part normal quand on veut changer et bousculer les choses. Je ne veux pas généraliser et dire du mal des professionnels, puisque ce ne sont pas 4 ou 5 personnes qui vont changer mon idée sur mes confrères. Les médecins sont tous mes amis et mes confrères et ils font un travail excellent avec un esprit citoyen. Aujourd’hui, ils ne sont pas en train d’attaquer Lhoussaine Louardi par leurs insultes et leurs menaces, mais ils attaquent tout un ministère. Et moi bien sûr je ne peux pas répondre de la même manière qu’eux.

Voici deux années que vous êtes ministre. Pensez-vous que vous avancez à la bonne vitesse ?

Pas à la bonne vitesse, mais il ne faut pas oublier que le secteur de la santé est un secteur intersectoriel, donc qui nécessite le consentement de plusieurs institutions, comme l’intervention du ministère des finances et celle de la fonction publique. Ce qui a tendance à retarder un peu la réalisation des projets, vu qu’il faut bien étudier une proposition avant de la mettre en application. Donc il ne s’agit pas uniquement d’une affaire qui relève stricto sensu du ministère de la santé, mais qui concerne d’autres ministères qui participent avec nous dans la réalisation des projets.

Par Houda El Fatimi

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