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Revue de presse

« Le bilan l’action de l’ALCS pour l’année 2006 est impressionnant »

L'Opinion | Maroc | 02/12/2006

Il n’est nul besoin de présenter le professeur Hakima Himmich, chef du service des maladies infectieuses à l’Hôpital Averroes et présidente de l’Association de lutte contre le SIDA. Dans le présent entretien accordé à l’Opinion, le Pr. Himmich dresse un bilan des activités de son association pour l’année qui s’achève.

Pour le bilan financier, il faudrait attendre le visa du Comité de garantie de la transparence. On apprend ainsi que le Maroc dispose de l’un des meilleurs programmes de lutte contre le SIDA dans sa région. Toutefois, la maladie progresse et le nombre des séropositifs ne cesse de s’amplifier.

La grande nouveauté de cette année, c’est la création de la première association des séropositifs. Ils n’ont cependant pas pu bénéficier des fonds distribués par l’ALCS à des ONG, dont certaines ne sont pas actives dans le domaine du SIDA. Entretien.

L’Opinion : Quelles estimations faites vous de la lutte contre le SIDA au Maroc et qu’en est-il de la coordination des actions avec le ministère de tutelle ?

Pr. Hakima Himmich : Mon jugement sur la lutte contre le SIDA et la prise en charge des personnes atteintes par le VIH, puisque ses deux volets sont indissociables, est que nous avons l’un des meilleurs programmes de la région du Maghreb et du Moyen Orient. C’est l’opinion des organismes dépendant des Nations Unies et de nombreux observateurs internationaux.
La raison en est que nous sommes les premiers à généraliser l’accès aux traitements et que nous sommes parmi les rares à avoir réussi cette généralisation. Mais aussi en raison de l’engagement politique du pays aussi bien de la part du ministère de la Santé que de la plus haute autorité, c’est à dire Sa Majesté le Roi Mohammed IV. Dans ce sens, Sa Majesté le Roi a encouragé, à plusieurs reprises, les actions de prévention qui sont, pour certaines, uniques dans la région.

Nous sommes parmi les rares pays où existe un programme de prévention destiné aux professionnels du sexe, ce qui est indispensable. Ce n’est pas la peine de faire de la prévention du SIDA si on ne s’adresse pas directement aux personnes concernées. Nous avons une société civile très développée au Maroc puisque nous sommes plusieurs associations à travailler dans ce domaine et que l’ALCS a été créée en 1988. Nous avons aussi un très bon programme national. Cela dit, il y a encore énormément à faire. Mon opinion est que nous sommes à un tournant de l’épidémie qui nécessite qu’on passe maintenant à la vitesse supérieure en matière de prévention.

Je pense que dans les années à venir, le taux de SIDA va augmenter rapidement. Ce qui me le fait dire est ce qui se passe dans la région d’Agadir particulièrement. Dans cette région, le taux des cas de SIDA a été multiplié par trois entre 2003 et 2006. A Agadir, le taux de prévalence du SIDA a augmenté et ce n’est pas dû au tourisme sexuel, mais plutôt à la prostitution populaire. Au fait, ce n’est pas uniquement Agadir qui nous intéresse mais toute la région et les alentours d’Agadir. C’est dans les quartiers, dans les petits villages et autour que le problème se pose.

L’Opinion : Avez-vous déjà fait un sondage à l’échelle nationale ?

Pr H.H : Oui justement. Le ministère de la santé fait chaque année des enquêtes séro épidémiologique et effectue des prélèvements sur les différentes populations : femmes enceintes, professionnelles du sexe, les malades qui vont consulter pour les MST etc. Le ministère calcule ainsi le pourcentage de séropositivité par milieu, ce qui permet, en plus, de faire l’évaluation du nombre des séropositifs. D’après le ministère de la santé, en 2005, il y avait 2,2 % des prostituées testées qui avaient le virus du VIH.
Dans la population générale, nous sommes à 0,1 % au moins. Ce qui est inquiétant est le pourcentage de femmes qui ont le SIDA. Parmi les 2080 malades, elles représentent 42 %, ce qui est énorme. Qui dit femme, dit circulation du virus au sein de la population en général et dit aussi risque de transmission de la mère à l’enfant. Il y a aussi le nombre des infections aux MST qui sont de presque 350.000 chaque année. Tout cela inquiète et suppose que le nombre de cas de SIDA augmentera dans l’avenir. C’est pour quoi j’ai dit que nous avons un excellent programme mais qu’il faut passer à la vitesse supérieure.
Voilà ce qui me fait dire que nous sommes à un tournant de l’épidémie. Mais il y n’a pas le feu à la maison. Il n’y a pas non plus d’explosion, mais il y a une augmentation qui a tendance à s’accélérer.

L’Opinion : Est-ce qu’il n y a pas une solution pour empêcher la transmission du VIH de la femme enceinte à son bébé ?

Pr H H : Oui, on peut prévenir. Quand la femme enceinte consulte pendant la grossesse, il est possible d’éviter la transmission. Si on ne fait rien, le risque est de 25%, si on intervient, ce risque est réduit à 2%. Dans ce cas, on donne un traitement à la femme enceinte. C’est une trithérapie qu’on donne aussi au bébé à la naissance ce qui nous permet de réduire le risque à 2%.
Par exemple, dans mon service, les bébés non porteurs du virus bien qu’ils aient été mis au monde par des femmes séropositives, le doivent à notre intervention à temps. Mais il y a toutes celles qui ne savent pas et, malheureusement, ce n’est pas exceptionnel de découvrir la séropositivité de la femme après la naissance de l’enfant. Ce dernier tombe rapidement malade. Le pédiatre pense à l’infection au VIH et c’est après la confirmation du test que l’on remonte au père et à la mère.

L’Opinion : Quel est le bilan dressez-vous de l’action de l’ALCS pendant l’année 2006 ?

Pr H H : Il est impressionnant ! C’est un bilan absolument impressionnant, encore supérieur à celui des années précédentes pour la simple raison que cette année nous avons eu plus de moyens pour travailler. Nous avons eu les fonds de SIDAction et c’est ainsi que toutes les équipes des seize sections de l’ALCS ont fait un travail extraordinaire et ce n’est pas fini.

L‘Opinion : Travaillez-vous par région ?

Pr H.H : Non, ce n’est pas un découpage administratif. Car pour ouvrir une section de l’ALCS ce n’est pas une question de décision administrative. Il faut qu’il y ait des personnes sur place qui ont envie de s’engager et de consacrer du temps à cette cause. Nous existons à Rabat, Casablanca, Marrakech, Tanger, Agadir, Essaouira, Taroudant, Guelmim, Meknès, Beni Mellal, Laayoune, Larache, Tétouan, Oujda, Tiznit et Fès.

L’Opinion : Vous avez pu collecter 13,17 millions de dirhams à l’occasion de SIDAction 2005, quel usage avez-vous fait de ces fonds ?

Pr H.H : Je ne vous donnerez pas de bilan financier au sens stricte du terme, parce que la comptabilité au bout d’un an va être contrôlée par le comité de garantie de la transparence. Je vous rappelle qu’il est présidé par le président du conseil de l’ordre des experts comptables, donc il est composé de Mme Nezha Sekkali, le comptable de 2M, et d’autres gens de bonne réputation. On attend leur bilan comptable, mail il y a déjà le bilan d’activités qui est très important. La répartition que nous avons décidée, c’est de donner 47% pour les personnes vivant avec le VIH et 53% réservé à la prévention. Nous avions décidé de lancer un appel à projet à d’autres associations pour 2 millions de dirhams.

L’Opinion : Est-ce que vous avez créé ou demandé la création d’autres associations ?

Pr H.H : Non, nous n’avons pas créé des associations. Nous avons intensifié le programme de la prise en charge. Il y a deux ou trois ans, il y avait 300 personnes prises en charge et maintenant nous en sommes à 1650 personnes que l’ALCS aide pour le transport, les médicaments, les examens de laboratoire et parfois nous apportons aussi une aide alimentaire.

L’Opinion : Vous voulez dire des médicaments de VIH ? Est ce que ce n’est pas le ministère de la santé et le fond mondial de la lutte contre le SIDA qui assure la fourniture de la trithérapie ?

Pr H.H : Effectivement la trithérapie est financée par le ministère de la santé (50%) et le fond mondial de la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme Mais une personne qui a le VIH n’a pas besoin uniquement de le trithérapie. Généralement ces personnes ont un système immunitaure détruit à cause du SIDA et quand la défense immunitaure est faible, ces personnes sont exposées à plusieurs infections. Certains malades font des cancers, de la tuberculose et des tas d’autres infections dites maladies opportunistes. Le traitement de ces maladies coûte cher, le ministère de la santé nous fournit moins de 50% et le reste c’est l’ALCS qui l’achète et le fournit. C’est une enveloppe budgétaire très importante. L’ALCS fournit à l’ensemble du Maroc et non pas seulement Casablanca. L’ALCS assure la prise en charge à Rabat, Casa, Fès, Agadir, Tanger etc. C’est-à-dire dans les hôpitaux où il y a des médecins spécialistes formés pour prendre en charge les patients qui ont une infection au VIH.
Donc, avec ces dons, nous allons continuer à assurer la prise en charge des malades qui coûtent de plus en plus cher étant donné que le nombre des patients augmente.
Nous avons par exemple deux bus de diagnostic mobiles, le fonds mondial nous donnait de quoi faire deux sorties par mois et grâce à SIDAction nous avons multiplié le nombre de sorties par 3 ou 4. En plus, nous avons pris sur le fonds de SIDAction deux millions de dhs. Nous avons lancé un appel à projet auprès de 70 associations, dont les autres associations de lutte contre le SIDA qui n’ont pas répondu. 29 associations nous ont répondu ainsi que 4 instituts de recherche. Nous avons constitué un comité technique qui a étudié ces projets en toute indépendance par rapport à l’ALCS et le 1er novembre nous avons fait un atelier avec ces associations et nous leur avons fourni 50% du montant promis sous l’œil de la caméra et devant les journalistes. Le maximum, c’était 100 000 dhs. Et nous avons constitué une caravane de dépistage pour la région du Nord.

L’Opinion : Pourquoi la région du Nord ?

Pr H.H : Il n’y avait rien eu dans les régions de l’Oriental, du Nord et du Rif parce que ce n’est pas une zone prioritaire pour le ministère de la santé.

L’Opinion : Comment le ministère de la santé juge-t-il que ce n’est pas une zone prioritaire ?

Pr H.H : Parce que jusqu’à présent, il n’y a pas eu beaucoup de cas de SIDA et donc elle n’est pas prioritaire.

L’Opinion : Alors comment le ministère de la santé confirme qu’il n’y a pas de cas de SIDA s’il n’a y pas eu de dépistage dans la région ?

Pr H.H : C’est et de loin incomparable avec la région du Sud et d’Agadir. Donc il n’ y a pas grand-chose dans cette région.
Nous allons lancer les 5-6-7 janvier une deuxième grande action par l’organisation des journées nationales d’incitations ou journées nationales de dépistage et qui est une compagne de communication.
D’après notre expérience à l’ALCS, quand on reste chez nous et qu’on attend que les gens viennent pour le dépistage, très peu de personnes viennent. Il faudrait donc qu’on se déplace chez eux et cela marche très bien avec les bus.
L’ALCS dispose de 3 bus et l’une des promesses c’est de placer un bus dans la région du sud, ce qui est fait. Toutes nos sections de la région d’Agadir ont un bus permanent grâce à SIDAction, il y a un qui débarque maintenant à Marrakech et un autre à Casa et bientôt on va acheter un quatrième en partenariat avec la wilaya de Tanger. Elle nous donne 300 000 dhs et nous, nous versons le reste.

L’Opinion : Vous avez parlé d’un appel à projet auprès de 70 associations. Ces 29 association qui ont répondu sont elles thématiques ?

Pr H.H : Ce sont des associations de développement, des associations de femmes, des associations des enfants de la rue,….qui développent des programmes de lutte contre le SIDA en partenariat avec nous.

L’Opinion : On a appris qu’une association des séropositifs vient d’être créée en avril 2006, pourquoi n’a-t-elle pas bénéficié des fonds de SIDAction ?

Pr H.H : Elle n’avait pas encore eu son quitus définitif et elle ne pouvait donc pas en bénéficier. A ce propos, je voudrais dire que cette association est l’une des retombées de SIDAction. C’est probablement SIDAction qui a permis aux personnes vivant avec le VIH de créer leur propre association, parce que SIDAction a beaucoup fait pour la déstigmatisation des personnes atteintes.

L’Opinion : Mais lorsque nous avons rencontré quelques uns des membres de cette association, ils vous ont franchement accusé d’instrumentaliser la lutte contre le SIDA à leurs dépens, de les avoir maltraité et aussi de menacer d’interrompe leur médication à chaque fois qu’ils protestaient ?

Pr H.H : Pardon ! Non, non, non, je refuse de répondre ! Sincèrement, est-ce que vous les avez vus ? Comment les avez-vous trouvés ? Est ce que vous avez vu Jamal, c’est çà ? C’est Jamal que vous avez vu ? Ces personnes ont un problème psychologique. Non, non, je vais répondre à cette question et sans commentaire. Une seule chose : si ce monsieur est capable de créer une association, c’est grâce à l’ALCS et à Hakima Himmich. Il est chez nous depuis 1995 (Jamal affirme n’être rentré au Maroc qu’en 1996) et si on ne l’avait pas bien traité, eh bien il serait probablement mort ! Je n’ai rien à dire de plus à ce sujet. No comment, no comment, no comment ! S’ils sont en état de créer une association, c’est que ces gens ont été bien traités ! C’est du délire ! No comment, parce que je risque d’être agressive. Non, non, je refuse de répondre !

L’opinion : Qu’en est il du traitement du suivi psychiatrique des personnes qui portent le VIH ?

Pr H.H : Toute personne vivant avec le VIH n’a pas besoin d’un suivi psychiatrique. En ont besoin ceux qui ont des problèmes à part le VIH. Vous m’avez compris ou pas ? Leur problème psychologique ne vient pas du VIH. Je vais vous dire : au service nous avons 800 personnes dont seulement 5 ou 6 ont un problème psychologique et ce sont ceux là que vous avez vus.

L’opinion : Nous en avons vu plus Madame Himmich, l’association comporte plus de 200 personnes.

Pr H.H : Ce sont ces 5 ou 6 personnes qui posent des problèmes.

L’opinion : Donc vous dites que vous n’avez pas besoin d’un psychologue même si en France par exemple ce service est indispensable.

Pr H.H : On aurait besoin d’un psychologue au sein du service. C’est vrai qu’en France ils ont 3 ou 4 psychologues qui sont attachés au service, mais chez nous il n’y en a pas.
Ecoutez, nous n’avons pas de psychologues attachés au service, mais tous les malades qui ont un problème sont pris en charge par le service de psychiatrie dirigé par le professeur Driss Missaoui

Propos recueillis par Ahmed NAJI et Asmaa RHLALOU

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