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Albayane | Maroc | 01/09/2013
Il est évident que tous les parents qui ont vécu cette magnifique expérience gardent des souvenirs indélébiles.
Mais toutes les grossesses ne se déroulent pas comme on souhaiterait qu’elles le soient, c'est-à-dire sans risque pour la mère et pour l’enfant à naitre.
Qu’en est-il aujourd’hui de la mortalité maternelle au Maroc ?
Quel est l’état des lieux ?
Quelles actions et mesures pour une maternité sans risque ?
Mortalité maternelle : Ampleur du problème
Le taux de mortalité maternelle représente le nombre de femmes décédées pour 100.000 naissances vivantes, suite à une grossesse ou au cours des 42 jours qui suivent l’accouchement, à cause des complications survenues lors de la grossesse ou de l’accouchement.
Le drame de la mortalité maternelle demeure toujours le même, un fléau qui frappe durement surtout les pays en développement et particulièrement l'Afrique où les conditions socio-économiques, environnementales et sanitaires très précaires exposent la femme aux complications redoutables de la grossesse et de l'accouchement.
C'est ainsi que chaque jour, dans le monde, au moins 1600 femmes meurent de complications de la grossesse ou de l'accouchement, ce qui représente 585 000 décès de femmes chaque année. La majorité de ces décès (99%) survient dans les pays en développement et moins de 1% dans les pays développés.
La mortalité maternelle au Maroc est aujourd’hui estimée à 112 :100.000 naissances vivantes
Quel est l’état des lieux au Maroc ?
La mortalité maternelle et infantile est parmi les meilleurs indicateurs de performance d’un système ou d’une politique de santé. Particulièrement, le taux de mortalité périnatale, mais aussi le taux de mortalité maternelle (taux de décès des femmes de 15-49 ans du fait de la grossesse).
La lutte contre la mortalité maternelle a de tous les temps préoccupé les décideurs de département de la santé, elle a fait l'objet d'intérêt soutenu, mais la courbe ne fraîchissait pas beaucoup. Elle a connu une baisse relativement importante passant de 332 selon l'ENPS II pour la période 1980-1992 à 228 selon l'enquête PAPCHILD pour la période 1992- 1997
La baisse a été plus accentuée en milieu urbain où le taux de mortalité maternelle a baissé de plus de la moitié (de 284 à 125 décès pour 100.000 naissances vivantes) alors qu'elle n'a baissé que de 15 % en milieu rural (de 362 à 307) PAPCHILD 97
Les différents ministres qui se sont succédés à la tête du département de la santé, ont tous été très sensible au problème de la mortalité maternelle et ils n’ont ménagé aucun effort, ils ont tous investi de gros moyens tant financiers, humains que matériels, mais sur le terrain les résultats ne suivaient pas puisque le taux de mortalité maternelle connaissait des hauts et des bas (227 / 100.000) et il devenait inadmissible d'accepter cette situation.
Des actions ciblées
En 2008 la réduction de la mortalité maternelle est devenue une priorité de premier rang dans le discours politique. C'est dans ce sens que le Maroc a mis en place un plan visant à accélérer la réduction de la mortalité maternelle, en tant que composante prioritaire de la stratégie de santé.
Des mesures urgentes et innovatrices ont été prises à travers un plan national spécifique pour la période 2008 – 2012.
Ce plan très élaboré, cohérent, structuré s'est tracé des objectifs précis dans le temps, parmi ces objectifs on peut citer :
Le nouveau plan d’action 2012-2016
Atteindre ces objectifs a poussé les décideurs au niveau du département de la santé à innover et à prendre des décisions pertinentes, courageuses et surtout ciblées. C’est la raison pour laquelle le ministère de la santé a élaboré un nouveau plan d’action qui se veut être réaliste, objectif et opérationnel. Tout en tenant compte de la fin du compte à rebours pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement, le nouveau plan d’action 2012-2016 du Ministère de la santé pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, se veut un plan de consolidation des acquis, de renforcement de la gestion de proximité et de ciblage des actions pour le milieu rural et les zones sous couvertes. Il comprend 51 mesures et est organisé en deux parties concernant respectivement la mortalité maternelle et la mortalité néonatale. Il s’agit là d’une organisation de commodité qui ne remet pas en cause la continuité de la prise en charge de la mère et de l’enfant.
Parmi ces décisions, nous citons celles qui sont les plus pertinentes et qui contribueront a ne pas en douter à accélérer la réduction de la mortalité maternelle dans notre pays, qui faut il le rappeler a souscrit aux objectifs du millénaire pour le développement. Le Maroc s’est engagé à réduire à l’horizon 2015, de trois quarts (3/4) la mortalité maternelle (objectif 5) pour faire passer la mortalité maternelle de 227/100.000 à 50 décès pour 100.000 naissances vivantes.
Des résultats encourageants
Tous ces éléments ont contribué a réduire de manière significative la mortalité maternelle qui est aujourd’hui estimée à 112 :100.000 naissances vivantes, avec cependant une différence entre milieu urbain (73 /100.000) et milieu rural (148 / 100.000).
Il est évident que des efforts et un travail de qualité est aujourd’hui entrepris au niveau de l’ensemble des structures sanitaire afin de réduire la mortalité maternelle et le Maroc fait partie du groupe des pays qui sont sur le chemin de la réalisation de l'objectif 5 du millénaire.
qui vise à réduire de 3/4 la mortalité maternelle, ce défi sera relevé car toutes les conditions sont aujourd’hui réunies, il y a la volonté politique, les moyens humains, les moyens matériels, l’implication de tous les professionnels de santé.
Facteurs de succès
L'expérience du Maroc n'aurait pas connu un tel succès sans la synergie des facteurs cités ci-dessous :
le Maroc est sur la bonne voie, il s'agit de continuer, de persévérer, d'exceller encore plus dans ce domaine, de ne pas s'arrêter en chemin ou de tout chambouler. Le nouveau ministre de la santé doit continuer l'œuvre accompli, l'approche et les choix opérés sont justes, il ne faut en aucun cas remettre en cause tous ces acquis qui ont nécessité de grands efforts.
Nous avons toutes les bonnes raisons d'espérer que nous serons au rendez-vous pour les objectifs du millénaire et que le Maroc relèvera le challenge, nous avons les femmes et les hommes qu'il faut, la volonté politique, les moyens et une stratégie parfaite pour lutter efficacement contre la mortalité maternelle.
Mais des disparités pénalisantes
Le Maroc réalise des progrès certains, très encourageants, c’est un modèle en matière de lutte contre la mortalité maternelle, c’est là une réalité qui ne peut souffrir qu’aucune équivoque.
Mais malgré ces progrès, des iniquités persistent dans l’accès aux soins obstétricaux entre milieux urbain et milieu rural, entre régions et entre niveaux socio-économiques.
Et pour preuve, le ratio de mortalité maternelle entre les milieux urbain et rural varie entre 73 et 148 décès pour 100.000 naissances vivantes. Des inégalités également visibles au niveau de l’accès aux soins obstétricaux d’urgence. Les accouchements assistés par un personnel qualifié concernent surtout le milieu urbain avec 92% contre seulement 55% en milieu rural.
Le ministère de la santé est conscient de ces disparités et il a pris des mesures qui visent justement a corriger ces inégalités choquantes et pénalisantes dont les premiers a en souffrir sont les citoyens démunis, les pauvres, celles et ceux qui habitent dans des zones enclavées , difficiles d’accès et ou il y a souvent un désert médical.
Des actions sont programmées et le plan quinquennal (2012-2016), qui avait été présenté par ministre de la santé s’est fixé des objectifs précis a atteindre d’ici 2016 concernant la réduction de la mortalité maternelle de 112 à 50 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Le ministère de la santé encourage et met tout en place pour augmenter la couverture des accouchements en milieu surveillé de 73% à 90% (de 55% à 75% pour le milieu rural).
Le taux d’accouchement par césarienne fait lui aussi l’objet d’un intérêt particulier et on tient a atteindre un taux de césarienne de 10% à l’échelon national, ce qui est conforme aux normes que préconise l’OMS et dont les taux se situent entre 5 et 15%.
Les consultations prénatales restent en deçà de ce que le ministère entend réaliser, l’objectif visé est d’augmenter la couverture en consultation prénatale (CPN) de 77% à 90%; et atteindre une couverture de 95% par la consultation du post-partum (CPP) et maintenir un taux de prévalence contraceptive supérieur ou égal à 67%.
Nous sommes tous concernés
La lutte contre la mortalité maternelle ne saurait être du seul ressort du ministère de la santé , car les facteurs contribuant à la mortalité maternelle sont multiples et variés et très complexes, comme ils sont fortement encrés dans notre société ou l’on retrouve toutes les conditions qui contribuent à la mortalité maternelle ( l'ignorance, l’analphabétisme, la pauvreté, le statut faible des femmes, l'automédication et le traitement traditionnel, les avortements clandestins, les croyances et les tabous, les travaux pénibles que font les femmes au niveau des champs, les accouchements à domicile sans hygiène ni asepsie, forte fécondité...) au niveau environnemental (enclavement de certaines habitations, l’impraticabilité des routes surtout en hiver , manque de moyen logistique, manque de moyen de communication), et au niveau sanitaire (manque de personnel compétent, retard d`intervention, attitude des prestataires, la qualité des soins...) , le tout sous-tendu par une insuffisance d'Information, Education et Communication (IEC).
La mortalité maternelle dépend donc d'une variété de facteurs aussi bien économiques, politiques et sanitaires que sociaux, culturels qui mettent tous en danger la vie des femmes lors de l’accouchement surtout en milieu rural quand l’accouchement se déroule loin d’une formation sanitaire.
De ce point de vue, toute politique doit dépasser le seul cadre d'un programme vertical et s'inscrire dans un cadre plus global de politique multisectoriel et multidimensionnel intégrant tous les acteurs de la société sans discrimination et tenant compte de tous ces facteurs contributifs aux décès maternels.
Ouardirhi Abdelaziz
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