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Libération | Maroc | 06/07/2013
Ce faisant, ils risquent de consommer plus de sucreries que durant le reste de l’année. Bref, c’est l’anarchie totale. De ces actes non responsables, qui mieux d’autre que Dr El Mostafa Noudali, immunologue et nutritionniste à Casablanca, pour nous en parler. L’occasion pour lui de nous mettre en garde contre tous ces comportements nuisibles. C’est dans ce cadre qu’il a accordé le présent entretien à Libé.
Libé : Peut-on envisager de jeûner sans trop de méfaits ?
Dr El Mostafa Noudali : Il ne suffit pas seulement de ne pas manger et de ne pas boire. Jeûner, c’est surtout redécouvrir une philosophie de la vie qui exige des efforts constants pour nous améliorer et pour nous réconcilier avec les valeurs et les objectifs que nous nous sommes fixés pour notre vie. Il est temps de manger moins, de méditer et donner plus. Malheureusement, les statistiques sont inquiétantes : les musulmans ont tendance à manger davantage durant le mois de Ramadan, terminant les jours de jeûne par des repas très copieux et festifs, voire par des banquets, transformant le mois de retenue spirituelle en un mois d’opulence matérielle et de consommation excessive.
Est-il possible de détoxifier notre corps des impuretés alimentaires et de se protéger des maladies chroniques?
90 % des maladies actuellement constatées en Occident sont des maladies de civilisation, autrement dit directement liées à notre mode de vie, en particulier à l’alimentation et plus particulièrement encore, une alimentation industrielle, non biologique. Nous ne développerons pas ici ce dernier aspect du problème de l’alimentation moderne mais plutôt l’aspect quantitatif de l’alimentation, ses graves conséquences et la façon d’y remédier. Nous évoluons dans une ère où les sources de pollution qui perturbent ces processus naturels se multiplient : polluants chimiques et métaux lourds, traces d’hormones issus de contraceptifs, de l’environnement électromagnétique, ainsi que le stress chronique sont des facteurs favorisant l’accumulation de quantités importantes de toxines, de déchets acides qui se retrouvent accumulées dans les cellules adipeuses, les articulations, les muscles et dans certains organes tels que le foie et les reins.
Une alimentation pourrait donc devenir toxique et présenter un risque pour le consommateur ?
Une alimentation moderne qui devient toxique : trop industrielle, trop de sucre, de gras, de sel, de protéines, et des carences en vitamines et minéraux... Des milliards de cellules qui constituent tous nos tissus sont étouffés par ces excès de sucres artificiels (pâtisseries, viennoiseries, biscuits, jus synthétiques, et soda qu’on trouve moins cher que l’eau naturelle), de margarines (des beurres synthétiques), de fritures, et trop de viande rouge et volaille élevées dans les chaînes industrielles entraînant un affaiblissement général de la personne, des maladies de civilisation (fatigue chronique, diabète, maladies cardiovasculaires, dépression, vitiligo, psoriasis, pelade, Alzheimer et cancer) ainsi que le vieillissement prématuré. Comme le corps et l’esprit sont étroitement liés, cette dégradation physique s’accompagne d’altérations psychologiques et de désordres émotionnels auxquels les personnes concernées (c’est-à-dire 90% de la population, y compris les enfants qui souffrent d’hyperactivité et de manque de concentration) réagissent en mangeant encore plus à titre de compensation au mal-être engendré par ce mode de vie.
Quel serait le programme idéal de notre alimentation durant ce mois sacré ?
Le secret, c’est manger consciemment, c’est-à-dire investir dans des aliments nutritionnels de façon à nourrir et à soutenir votre bien-être général, votre santé, votre équilibre, physique, psychologique, émotionnel et spirituel. Ceci se fera par plus de crudités, de légumes et de féculents de différentes couleurs afin d’égayer nos assiettes. Réduire la consommation de la viande rouge et introduire plus de poissons gras (maquereau, sardine, saumon, thon et truites). La portion viande rouge ou blanche ne doit pas dépasser 100 à 150 g pour chaque repas et finalement un fruit de saison. Réduire la consommation des produits industriels sucrés et investir dans les noix, les amandes crues et pistaches pour se faire plaisir. Le thé vert ne fera que du bien et il faut veiller à utiliser des épices dans les repas comme le curcuma, le gingembre frais, le poivron rouge pimenté, l’ail, la coriandre, le persil, l’huile d’olive et le jus de citron frais pour les préparations des viandes pour donner saveur aux plats. Le miel, les dattes ou les figues sont des sucres naturels mais à consommer avec modération. Deux dattes ou deux figues pour rompre le jeûne suffiront, car plus on consomme de sucreries pendant la journée, plus le risque d’avoir faim en jeûnant augmente !!!
Par ailleurs, si l’hydratation est essentielle dans la vie de tous les jours pour exploiter au mieux ses capacités physiques, elle l’est encore plus pendant la période de jeûne. Il ne faut pas hésiter à boire de l’eau, environ 1,5 d’eau par jour.
Un dernier mot pour nos jeûneurs
Il est temps de méditer sur nos vies et d’évaluer notre santé. Le jeûne est une école qui comprend différents niveaux de connaissance, de compréhension et d’engagement. Alors, jeûnons intelligemment.
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