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Revue de presse

Conférence Nationale Sur la Santé : l’interpellation de l’histoire, impose capitalisation des acquis et correction des erreurs

L'Opinion | Maroc | 01/07/2013

La conférence Nationale sur la Santé, qui se tient à Marrakech du 1 au 3 juillet 2013, survient dans un contexte particulier dans l’histoire du noble art dans notre pays. Citons quelques faits marquants. La perspective de l’ouverture de la première Faculté de médecine privée au Maroc, les tentatives pour l’ouverture du capital des clinques privées à des non médecins ainsi que le développement du partenariat public privé, pour répondre à des services de santé de pointe, pour lesquels la santé publique ne peut pas subvenir toute seule.

De même, le vieillissement de la démographie médicale, la prochaine organisation des premières élections démocratiques pour l’élection d’un ordre national des médecins, l’ouverture d’études doctorales pour les sciences infirmières, ainsi que les appels à la mise en place d’un ordre national des infirmeries, sont autant d’ingrédients, qui vont planer, de façon directe ou indirecte sur les travaux de la 2émé conférence nationale sur la Santé. Avant de se prononcer sur ce qui va se dire, revenons sur quelques événements qui ont marqué la scène médicale et sanitaire de notre pays ces dernières années, et posons tous la question, qu’en est-il de ces différents projets ?

Quel est le devenir des référentiels de la prise en charge des maladies ?

Sur une cinquantaine de référentiels de prise en charge des maladies commandés, une dizaine ont été finalisés et validés par l’Agence nationale de l’assurance maladie, avec un objectif prioritaire la publication de guides pour le recadrage des commandes en médicaments du ministère de la santé et des CHU. Et cela s’est fais suite à une convention de partenariat, signée en 2007 entre le ministère de la santé, l’Agence nationale de l’assurance maladie (Anam), la Société marocaine des sciences médicales (Smsm) et l’ordre national des médecins (Onm), relative à l’élaboration des référentiels de prise en charge des maladies, Les premiers référentiels ont concernés la prise en charge de l’HTA, qui constitue à elle seule 70% des affections de longue durée, du diabète de type 1, des syndromes néphrotiques, du syndrome de Behcet et des glomérulopathies. Qu’en est-il des autres référentiels, notamment ceux du diabète de type 2, du cancer bronchique, des cancers du sein, des pathologies prostatiques (adénome et cancer), des maladies psychiatriques et des maladies thyroïdiennes. Il faut rappeler que l’article 32 du décret n° 2-05-733 pris pour l’application de la loi 65/00 de l’Amo, stipule que les clauses tarifaires de la convention nationale sont établies par référence à la nomenclature générale des actes professionnels, à la nomenclature des actes de biologie médicale et à la nomenclature des actes paramédicaux en vigueur et des références médicales opposables établies sur la base des protocoles thérapeutiques. Il faut préciser que les référentiels de prise en charge des maladies sont les recommandations de bonnes pratiques médicales (Rbpm), retenues comme référence dans la prise en charge des maladies dans le cadre de l’Amo et ce, en vue d’harmoniser la pratique médicale et d’améliorer la qualité des soins offerts aux malades. Qu’en est-il de cette initiative qui vise l’implantation d’un outil de régulation de la consommation des médicaments au Maroc, mentionné dans les textes de loi régissant l’Anam ?

Un déficit de 30 000 Infirmiers, techniciens de santé et de sages femmes

L’Association marocaine des sciences infirmières et des techniques sanitaires (AMSITS), considère que «le déficit en personnel infirmier est un problème grave et chronique dont souffrent les établissements sanitaires aussi bien dans les dispensaires et centres de santé de proximité que dans les hôpitaux régionaux et universitaires, qui prodiguent des soins de niveau tertiaire». Elle précise par ailleurs que «le Maroc compte près de 30000 infirmiers, techniciens et sages-fem-mes, alors que, selon les normes de l’OMS, il devrait compter au moins le double soit 60 000. «les écoles étatiques, notamment les instituts de formation aux carrières de santé (IFCS), forment chaque année près de 1500 lauréats, ce qui peut combler largement le manque», ajoutez à cela, les écoles privées de formation des infirmiers. Cependant, la profession conteste la qualité de la formation dans les institutions privées. Les professionnels réclament la révision des textes réglementaires, notamment le statut de l’infirmier qui remonte à 1963 ainsi que la nécessité de la création d’un ordre national des infirmiers qui régit l’exercice de la profession aussi bien dans le secteur public que privé.

Pour le développement d’un réseau National de la métrologie sanitaire

Un des objectifs principaux de l’Association marocaine des statisticiens de santé (AMSS), indique son président, M. Zguiouar, est d’initier au Maroc un réseau harmonisé regroupant tous les efforts des différents acteurs de la santé au Maroc, selon un cadre commun d’information sanitaire, de façon à réduire les chevauchements et les demandes faisant double emploi qui ont pesé par le passé sur les systèmes d’information fragiles des pays en développement comme le Maroc». L’objectif de l’AMSS est de devenir un partenaire du Réseau de métrologie sanitaire, créé en 2005 par l’Organisation mondiale de la santé, qui s’est fixé comme délai l’année 2011 pour atteindre un réseau comptant 80 pays au moins. Cette rencontre a regroupé des techniciens de statistiques, des médecins, des économistes ainsi que des sociologues. Qu’en est-il de ce projet qui vise à réduire les chevauchements et les doubles emplois qui pèsent sur les structures sanitaires fragiles des pays en développement comme le Maroc. Nous sommes en 2013, les délais ont-ils été respecté ?

Quel est le devenir des CHU à l’horizon 2020 ?

Un des grands axes de la réforme hospitalière, la mise en place de pôles d’activités avec une autonomie de gestion. Chaque pôle avec un budget, un personnel et un plan d’action de pôle sur la base d’une gestion contractuelle. Cela fera bientôt 4 ans que la commission stratégique de réforme des CHU du Royaume a statué. Elle regroupe des représentants des CHU, des facultés de médecine et de pharmacie, du ministère de la santé, des finances et de la privatisation. Cela remonte à 2008, lors de la mise en place par Yasmina Baddou, ministre de la santé, d’une commission stratégique de réforme des CHU, parmi les 18 autres commissions. La nécessité de cette réforme part du fait qu’aujourd’hui les CHU ont une organisation obsolète basée sur une gestion dissociée entre l’administratif et le médical. Les différents travaux ont abouti à des plans stratégiques 2010-2020, basés sur la réforme de la gouvernance, la planification et la régulation de l’offre tertiaire de soins et la mise aux normes d’assurance qualité. Pour la réforme de la gouvernance, on table en premier sur la reformulation de la mission des CHU, dont l’activité sera axée sur les soins de recours et de référence, la formation médicale, paramédicale, technique, la promotion des programmes prioritaires de santé publique et l’innovation. Cette commission continue-t-elle de travailler ? Quels sont ses principaux résultats ?

Les essais cliniques sont-ils interdits au Maroc ?

L’actualité internationale et nationale a été marquée ces dernières années, par des scandales pharmaceutiques liés à des effets secondaires de certains médicaments, qui n’ont pas été apprécié à leur juste valeur par les laboratoires fabricants ? Cette problématique ouvre le débat chez nous sur un problème encore tabou, les essais clinques des médicaments avant leur mise sur le marché marocain. Pour Pr Yahya Cherrah, du département du médicament à la faculté de médecine de Rabat, estime que plusieurs études internationales, sur certains médicaments, concordent sur le fait qu’on est arrivé à un seuil critique d’effets secondaires. Il est donc temps de revoir les principales indications et de modifier celles pour lesquelles l’autorisation de mise sur le marché (AMM) a été délivrée. Pour le Pr Farid Hakkou, du département de pharmacologie de la Faculté de médecine de Casablanca, ce genre de problème concernant les effets secondaires d’un nouveau ou d’un ancien médicament relance le débat sur la nécessité de faire des essais cliniques nationaux pour tester l’efficacité des médicaments sur des malades marocains dans leur propre environnement.

Quel est le devenir d’un programme avec le Conseil International des infirmiers ?

En partenariat avec le Conseil international des infirmiers (CII), l’Association marocaine des sciences infirmières et techniques sanitaires (AMSITS) , a travaillé pendant plusieurs années pour le lancement au Maroc de la campagne «Environnements favorables à la pratique des professionnels de la santé», qui vise la qualité au travail pour des soins de qualité. Si le démarrage de ce grand chantier de motivation des professionnels de la santé a eu lieu en 2008, on ne sait rien sur sa mise en œuvre ? Pourtant, un comité directeur national, un référent national, un coordinateur, ainsi que des représentants de l’AMSITS, du ministère de la santé, ont été identifiés, pour évaluer et juger les projets qui seront présentés pour instaurer des environnements favorables à la pratique des professionnels de la santé. L’environnement de travail des professionnels de la santé a-t-il pour autant été amélioré, la question est posée à l’AMSITS ?

Pour une meilleure exploitation du tourisme sanitaire

Au Maroc, les principales cliniques de chirurgie esthétique, d’ophtalmologie et d’orthopédie opérant entre Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger, ont effectué entre 3000 à 5 000 actes au profit de patients venant de pays étrangers, contre 102 000 pour la Tunisie, selon les dernières statistiques disponibles. Pour la chirurgie esthétique, les actes concernent principalement la liposuccion, le lifting du visage, des cuisses ou du bras, la rhinoplastie, la blépharoplastie, l’abdominoplastie, l’augmentation ou la réduction mammaire, certains soins dentaires… Pour le Maroc, les prix des actes de chirurgie plastique par exemple varient de 1 200 à 400 euros, en fonction de la complexité de celui-ci. Cela comprend l’examen clinique à l’arrivée du patient, les différentes analyses, l’acte opératoire et surtout les frais de l’hôtellerie qui sont d’un haut standing et qui peuvent s’étaler sur plusieurs jours. Mais quelle que soit la spécialité, cela coûterait 30 à 40% moins cher par rapport à la France. le Maroc n’exploite pas suffisamment le créneau du tourisme sanitaire. Il n’arrive même pas à 10% de sa vraie capacité, alors qu’il peut rapporter des devises au pays, s’il est encouragé et structuré, en partenariat avec le ministère du tourisme, chose que fait plusieurs pays à économie similaire à celle du Maroc. Cela passe par la mise en en place d’une structure spécialisée dans la promotion des exportations et des investissements dans le secteur de la santé, afin d’aider les promoteurs à concrétiser leurs projets. La création d’un organisme public indépendant qui aura pour prérogatives l’évaluation de la conformité et de l’octroi des attestations d’accréditation et de certification. Sur le registre économique, l’adoption par le Maroc d’une politique de promotion du tourisme sanitaire poussera les chirurgiens esthéticiens, les traumatologues ou les ophtalmologues marocains à avoir des prix très compétitifs sur le plan international, ce qui drainera plus de touristes et donc de devises.

Par Dr Anwar CHERKAOUI

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