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Le matin | Maroc | 18/06/2013
La polyarthrite rhumatoïde est considérée comme une maladie auto-immune, car des cellules du système immunitaire s’attaquent aux articulations, notamment en produisant des anticorps nocifs appelés «auto-anticorps». C’est la forme la plus sévère du rhumatisme inflammatoire. «Elle se manifeste par une inflammation des articulations qui deviennent douloureuses, gonflées et déformées», explique le professeur Fadoua Allali. Elle touche d’abord les mains, les poignets, les genoux et les petites articulations des pieds. Avec le temps, et parfois dès le début de la maladie, elle s’étend aux épaules, aux coudes, à la nuque, aux mâchoires, aux hanches ou encore aux chevilles.
Son évolution est imprévisible. Elle se fait sur des décennies, avec des périodes de rémission.
En règle générale, la maladie tend à s’aggraver, à atteindre et endommager de plus en plus d’articulations. Si elle n’est pas correctement traitée, la polyarthrite rhumatoïde peut devenir très invalidante et douloureuse comme l’explique la spécialiste : «Ce rhumatisme peut aboutir à un handicap important et à une diminution de l’espérance de vie de dix ans». Au quotidien, elle empêche les personnes qui en sont atteintes d’accomplir des gestes simples de la vie de tous les jours comme «se brosser les dents, se coiffer, faire sa toilette, ouvrir une bouteille d’eau, éplucher un légume, verser du thé... Elle est aussi responsable de l’arrêt de l’activité professionnelle dès les trois premières années de la maladie (45% des malades)», poursuit la même source. À un stade avancé, la maladie peut atteindre d’autres organes tels que les poumons, les yeux et le cœur.
En l’absence de signes cliniques spécifiques, seul un rhumatologue est habilité à en faire le diagnostic. «Il faut consulter sans tarder un rhumatologue (ne pas confondre avec un traumatologue qui est un chirurgien des articulations)».
Au Maroc, on constate que ce diagnostic se fait le plus souvent à la phase «d’état (après un an d’évolution de la maladie)». À leur arrivée chez le rhumatologue, les malades sont déjà sous corticothérapie à forte dose (administrée par un généraliste ou autre professionnel de la santé), n’ayant pas bénéficié de traitement de fond adapté pour stopper l’évolution de la maladie et ayant ainsi déjà installé des déformations articulaires. «Ce retard est dû à plusieurs facteurs, essentiellement le manque d’information, de matériel, de spécialistes et d’accès facile aux traitements de fond efficaces pour les patients, particulièrement ceux en situation de précarité», précise un communiqué de l’Association marocaine de recherche et d’aide aux rhumatisants.
Il existe de nombreux traitements pour la polyarthrite rhumatoïde (antalgiques, anti-inflammatoires, ponctions évacuatrices, infiltrations de corticoïdes, synoviorthèses, ergothérapie, kinésithérapie…), mais la biothérapie est de loin la plus efficace, mais aussi la plus onéreuse. «Les biothérapies sont de nouveaux traitements ayant révolutionné la prise en charge de cette pathologie. Ils permettent non seulement l’arrêt des symptômes cliniques, mais préviennent aussi la destruction articulaire». Il en existe actuellement cinq sur le marché marocain, mais seules deux parmi elles sont prises en charge par l’assurance maladie, ce qui limite le nombre de patients pouvant bénéficier de ce traitement.
Le traitement en phase aigüe revient 160 fois plus cher qu’en début de maladie. Moins de 20% des personnes concernées bénéficient d’une prise en charge adéquate.
Les traitements, excessivement onéreux, peuvent être évités grâce au dépistage précoce qui permet de stopper l’évolution de la maladie à moindres coûts et de récupérer rapidement une bonne qualité de vie. À titre d’information, la thérapie en début de maladie coûte 1 500 dirhams par patient et par an sous méthotrexate (un traitement de fond remboursé par la CNSS) alors qu’à son stade critique le traitement est bien plus onéreux : «comptez entre 60 000 et 250 000 dirhams par an et par patient, non pris en charge par les différents organismes de santé».
Ce traitement représente une lourde charge pour les individus, leur famille ainsi que la société, d’où l’intérêt de sensibiliser le public au diagnostic précoce. «Au Maroc, nous avons encore des difficultés pour la prise en charge de certains de ces traitements», conclut la spécialiste.
Explications : Professeur Fadoua Allali, rhumatologue-podologue : «Il y a deux stades de la maladie»
Qu’est-ce que la polyarthrite rhumatoïde (PR) ? Quels en sont les symptômes et les complications ?
La polyarthrite rhumatoïde est un rhumatisme qui est caractérisé par une inflammation des articulations qui deviennent douloureuses, gonflées et déformées. Non traité, ce rhumatisme peut aboutir à un handicap important et à une diminution de l’espérance de vie de dix ans. Il y a deux stades de la maladie.
Qu’est-ce qui cause cette maladie ?
Il s’agit d’un désordre immunitaire, de cause inconnue. L’organisme fabrique des anticorps qui attaquent les articulations et les détruisent. Il y aurait des facteurs génétiques qui interviennent dans la maladie
Quelles sont les personnes à risques ?
Tout le monde peut être touché. La maladie est plus fréquente chez les femmes (4 femmes/1 homme). Elle survient entre 35 et 50 ans en général. Les études que nous avons réalisées à l’hôpital El Ayachi de Salé (hôpital spécialisé dans ce rhumatisme) montrent que les femmes au Maroc sont touchées à un âge plus précoce (10 ans avant, c’est-à-dire entre 25 et 50 ans).
Quelles sont les répercussions de cette affection sur la vie du patient au quotidien ?
Sur une centaine de patients, la polyarthrite rhumatoïde représente un énorme poids social. Elle est responsable d’un handicap important entravant les activités journalières les plus banales (se brosser les dents, se coiffer, faire sa toilette, ouvrir une bouteille d’eau, éplucher un légume…). Elle est aussi responsable d’arrêt de l’activité professionnelle dès les trois premières années de la maladie (45% des malades). Elle est également responsable d’une augmentation du taux des divorces (30%) ainsi que du taux d’abandons scolaires, notamment chez les petites filles souvent déscolarisées pour s’occuper de leur mère malade (19%).
Quels sont les chiffres et les statistiques de cette maladie au Maroc ?
La prévalence de la maladie est de 1-2%, soit entre 300 000 et 600 000 cas au Maroc. C’est un chiffre très important vu le handicap que peut engendrer la maladie.
Y a-t-il des traitements ?
Heureusement oui. Il y a de nombreux traitements de la PR qui empêchent la progression de la maladie. On en distingue 2 catégories. Premièrement les traitements classiques, dont le chef de file reste le méthotrexate, et les biothérapies qui sont de nouveaux traitements ayant révolutionné la prise en charge de cette pathologie. Ils permettent non seulement l’arrêt des symptômes cliniques, mais préviennent aussi la destruction articulaire. Le problème de ces traitements est leur coût : entre 60 000 et 250 000 dirhams/an. Ces traitements doivent être pris en charge par la sécurité sociale. En France, le budget des biothérapies dépasse les 1 milliard d’euros par an. Au Maroc, nous avons encore des difficultés pour la prise en charge de certains de ces traitements.
Que faut-il conseiller à un patient qui a une PR ?
Il faut consulter sans tarder un rhumatologue (ne pas confondre avec un traumatologue qui est un chirurgien des articulations). Des traitements efficaces existent. Il faut juste les prendre au bon moment.
Campagne de sensibilisation
L’Association marocaine de recherche et d’aide aux rhumatisants (AMRAR) organise jusqu’au 31 décembre 2013, en collaboration avec la Société marocaine de rhumatologie (SMR), une campagne nationale de sensibilisation à la PR dans six villes du Royaume, à savoir Agadir, Casablanca, Fès, Marrakech, Rabat et Tanger. Placé sous l’égide du ministère de la Santé, l’événement est une première au Maroc. Rachid Ouali, comédien et ambassadeur de l’événement, a généreusement accepté d’être l’image et la voix de cette campagne. La photographe Leila Alaoui, quant à elle, s’est portée volontaire en réalisant bénévolement une série de clichés montrant des personnes vivant avec la pathologie, offrant ainsi un nouveau regard sur la maladie.
Repères
Priscilla Maingre
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