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Albayane | Maroc | 19/05/2013
Telles sont les questions qui doivent être posées et ce afin de mesurer toute la complexité de la situation, car il ne faut pas croire que c'est facile de solutionner rapidement ce problème au moment où notre pays compte 9 infirmiers pour 10.000 habitants et que chaque année ce sont des contingents d'infirmières et d'infirmiers qui partent à la retraite, ce qui aggrave encore plus la pénurie d'infirmiers. Des mesures urgentes doivent voir le jour si l'on veut réellement atténuer les effets de cette pénurie, mais pour cela, il faut une réelle volonté politique.
Notre pays enregistre à l'heure actuelle un manque en cadres paramédicaux évalué à près de 9.000 postes qui restent à pourvoir si l'on veut réellement faire face aux nombreux et inextricables problèmes que connaissent nos structures de santé, et ce, aussi bien au niveau du réseau des soins de santé de base (S.S.B) qu'au niveau du réseau hospitalier.
Nous ne cessons d'attirer l'attention des décideurs et des responsables sur les conséquences à court terme qui pourront découler de cette grave pénurie. Si rien de concret n'est entrepris aujourd'hui pour juguler le manque d'infirmiers (ères), nous exposerons notre population demain à de véritables problèmes de santé.
Une pénurie qui perdure
Le manque en personnel infirmier, tous profils et spécialités confondus, n'est pas nouveau. Cette pénurie remonte à loin et plus exactement aux années 80, quand le Maroc a fait le mauvais choix de fermer ses écoles de formation des personnels de santé.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international y étaient pour quelque chose, crise oblige. C'était le fameux Plan d'ajustement structurel (du n'importe quoi) qui n'a servi à rien sauf à compliquer une situation qui demandait des solutions adaptées à notre contexte et non pas des schémas et des projections élaborés et importés d'outre-mer. Les résultats sont aujourd'hui là et on comprend mieux dès lors que notre pays a des spécificités dont il faut tenir compte.
Depuis 1986, le Maroc a commencé à enregistrer la pénurie de personnel infirmier. Les écoles ne formaient plus, les départs à la retraite se poursuivaient. Il y a aussi celles et ceux qui préfèrent quitter prématurément cette profession qui est éreintante et peu motivante.
Si on ajoute à cela le fameux DVD qui a vidé certains hôpitaux de leurs cadres infirmiers, puisque plus de 1.000 soignants sont partis, ce qui a eu l'effet d'une véritable hémorragie dans une profession déjà anémique, on peut aisément imaginer l'état dans lequel s'est retrouvé du jour au lendemain notre système de santé.
Au début de l'année 2010, les départs à la retraite d'un grand nombre d'infirmières et infirmiers ont connu une courbe exponentielle, un pic pour 2011 et 2012 et cette année 2013 ainsi que les années à venir.
La pénurie n'est pas près de cesser, mais va s'accroitre d'année en année à telle enseigne que l'OMS situe le Maroc parmi les 57 pays du monde qui, aujourd'hui, souffrent d'une pénurie aigue en personnel.
Une réalité vécue au quotidien
La pénurie d'infirmiers (ères) dans notre pays n'est pas une simple vision de l'esprit, contrairement à ce que certains peuvent penser, mais une réalité qui est vécue au quotidien. Cette pénurie est ressentie d'abord par les professionnels de santé qui sont contraints dans bien des situations de faire face à une grande charge de travail, qui éreinte les plus résistants et décourage les plus faibles, d'où les nombreux certificats de maladie et l'absentéisme au niveau des structures de santé, une réalité que l'on peut aisément constater sur le terrain. La pénurie d'infirmiers est aussi ressentie par les malades qui sont obligés d'attendre leur tour pour être soignés, que ce soit pour un prélèvement, une injection, une perfusion, un changement d'un pansement ou une radio.
La pénurie d'infirmiers est aujourd'hui telle qu'aucun hôpital ne peut se targuer d'avoir des infirmiers, infirmières en nombre suffisant.
Cette pénurie risque d'atteindre des proportions alarmantes dans les années à venir au point qu'elle dégradera la qualité des soins infirmiers au niveau de plusieurs établissements hospitaliers qui sont en situation plus que précaire.
Comment allons-nous remédier à cette pénurie ?
Nous avons besoin à l'heure actuelle de près de 9.000 infirmiers, chose qui a été à maintes reprises reconnue et qui confirme si besoin la pénurie. Mais c'est là un chiffre qu'il faut revoir à la hausse. Comment allons-nous remédier à cette pénurie ?
Selon les estimations, il y a près de 30.000 infirmiers toutes catégories confondues au Maroc. Si le 1/3 part à la retraite, on peut aisément deviner les drames qui en découleront. Les 21 instituts de formation aux carrières de santé que compte notre pays arrivent à former 1500 lauréats chaque année. Ce chiffre va être porté à 3.000 lauréats par an, ce qui est une excellente chose, mais de l'autre côté ils sont autant qui partiront à la retraite, sans oublier que parmi les lauréats fraîchement sortis des instituts, un grand nombre part s'exiler dans des pays qui accordent à l'infirmier une grande importance (Canada, Etats-Unis, France, Italie) pour ne citer que ces pays. D'autres préfèrent s'insérer dans le secteur privé.
La question est posée. Il s'agit de bien réfléchir à ce problème de pénurie d'infirmières et d'infirmiers au moment où notre population vieillit de plus en plus. Ce qui signifie que les personnes âgées seront de plus en plus nombreuses, les maladies liées à l'âge aussi, soit une demande de soins importante ce qui, bien entendu, demandera un plus grand nombre d'infirmiers.
Quelle est la place et le rôle que peuvent jouer les instituts privés de formation des auxiliaires de santé?
Écrit par Ouardirhi Abdelaziz
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