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L'économiste | Maroc | 17/04/2013
Pour l’heure, ce n’est qu’un projet de réforme, mais il suscite déjà une levée de boucliers. La proposition du ministère de la Santé de porter la marge des pharmaciens d’officines à 34% pour les princeps et 33% pour les génériques contre 30% actuellement met en ébullition l’industrie pharmaceutique, qui se serre les coudes comme par enchantement. Un scénario censé compenser les pharmaciens suite aux deux premières vagues de baisses de prix des médicaments. Pour les laboratoires pharmaceutiques, le projet du ministre est inacceptable car il correspondrait à «une rétrocession d’une partie du chiffre d’affaires de 400 millions de dirhams en faveur des officinaux et au détriment des industriels et des grossistes. Ce qui ne manquera pas de provoquer des licenciements et des gels d’investissement. Le comble, c’est que le secteur vient tout juste de signer un contrat-programme avec le gouvernement.
Après les deux premières vagues de baisse des prix, le ministère de la Santé était sous pression. Les pharmaciens d’officine réclamant des mesures compensatoires.
«Nous avons été pris de court car il n’a jamais été question d’une telle mesure dans l’accord que nous avons signé, en juillet dernier, avec le ministre de tutelle pour l’application d’un système de régulation des prix des médicaments», rappelle l’industriel. Le protocole en question portait sur une baisse de 6% du prix d’environ 700 médicaments en faveur du patient. Ce qui correspond à une contraction estimée à 6% du chiffre d’affaires du secteur. «Les industriels estiment qu’ils subissent une double peine.
D’un côté, ils consentent des baisses de prix et de l’autre, la tutelle leur demande de rétrocéder une partie de leur chiffre d’affaires pour compenser les pharmaciens», poursuit-on auprès de la profession, qui estime ne pas être «concernée par la fixation de la marge bénéficiaire des officinaux». Si le ministre de la Santé met en œuvre sa réforme, elle devrait générer pour les industriels un manque à gagner d’environ 6,05% du chiffre d’affaires du marché privé estimé à 8,5 milliards de dirhams. Une contraction qui s’ajoute à la première ponction d’environ 120 millions de dirhams générée par la baisse des prix des médicaments hospitaliers et ambulatoires. Et le consommateur dans tout cela? Il ne sera pas impacté puisqu’en fait, il s’agit d’un transfert de marge et non d’une baisse des prix.
«Nous ne sommes pas opposés aux pharmaciens d’officines, mais il existe d’autres pistes pour les compenser», relève un industriel. Parmi les propositions avancées, figure la restitution de l’abattement de 6% sur le chiffre d’affaires, qui avait été supprimé il y a quelques années. Les étalages des pharmacies comportent des médicaments dits OTC (over the counter) vendus sans prescription et non remboursés. «Du fait que les prix de ces produits ne sont pas réglementés, ils pourraient faire l’objet d’une augmentation», suggère l’industriel. Dans le secteur, on rappelle également les prix de certains médicaments, qui sont inférieurs à ceux pratiqués dans les pays retenus pour le benchmark et qui pourraient être aussi augmentés.
Plusieurs pharmaciens évoquent souvent des difficultés financières. Le business model maintenu au Maroc a peut-être atteint ses limites. Dans les pays industrialisés, les professionnels ne sont plus cantonnés dans la vente de médicaments puisqu’ils commercialisent d’autres produits. Ce qui contribue à améliorer les revenus des pharmacies.
Pour convenir d’une position commune, l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), Maroc Innovation Santé (MIS) aussi bien que l’Association marocaine du médicament générique (AMMG) ont tenu une «réunion de crise», lundi 15 avril.
Source : Ministère de la Santé, laboratoires pharmaceutiques
Hassan EL ARIF
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