Le prurit est donc défini cliniquement comme la sensation subjective et désagréable d’un besoin de se gratter. Toutefois, souvent, le fait de se gratter ne calme les picotements que très passagèrement et risque même de les aggraver. Dans certains cas, la démangeaison s’accompagne même d’une éruption cutanée, de rougeurs et de gonflements.

Le prurit, en dehors de sa signification en matière de démangeaisons sans gravité, peut également orienter vers certains diagnostics plus graves tels qu’un ictère (jaunisse), un diabète, un eczéma, un lichen, une maladie sanguine, une infection, une intoxication, une parasitose, une allergie, une perturbation psychique...

En effet, de nombreuses maladies s’accompagnent de démangeaisons de la peau, souvent accompagnées de petits boutons ou d’une irritation de la peau. «Je souffre de démangeaisons au niveau des bras et du ventre depuis des années et j’ai toujours cru qu’il s’agissait d’une allergie alimentaire. Il y a quelques semaines, les crises de picotement se sont multipliées et intensifiées, alors, je me suis décidé à consulter un dermatologue.

Le médecin m’a alors informé que mon mal n’était pas dermatologique et qu’il s’agissait plutôt d’un problème diabétique. Je n’en revenais pas et depuis que j’ai entamé le traitement, mes crises de démangeaisons ont presque disparu», raconte Fouad.

Par ailleurs, le principal agent responsable des démangeaisons est l’histamine, qui lorsqu’elle est libérée, se lie à des récepteurs nerveux de la peau et provoque le prurit.

Néanmoins, il existe de nombreuses causes pathologiques au prurit. On distingue : les allergies comme l’urticaire et quelques eczémas ; certaines maladies de peau comme l’ichtyose (peau sèche) ou le psoriasis ; les infections de la peau comme les mycoses, les infections dues à des virus (varicelle par exemple) ou à des parasites (gale) ; les piqûres d’animaux ou de végétaux tels les méduses, les insectes, l’ortie, les poux, les puces ou acariens... ; en plus de certaines maladies comme les troubles rénaux et les maladies du foie.

Concernant le diagnostic du prurit, il représente un défi diagnostique et de thérapie. Les origines du prurit sont multiples non seulement au niveau moléculaire, mais également au niveau clinique. La thérapie du prurit aigu ou chronique est très différente et l’exploration d’un prurit nécessite une approche interdisciplinaire.

La situation la plus fréquente et souvent sous-estimée tient au vieillissement de la peau.

Cliniquement, on trouve une sécheresse cutanée, à peine ou pas de rougeur, une peau craquelée et lézardée.

En raison des fissures de l’épiderme, les terminaisons nerveuses épidermiques superficielles sont directement exposées à l’air, ce qui pourrait en modifier la sensibilité et déclencher le processus.

Il est donc conseillé aux personnes ayant une prédisposition à avoir des démangeaisons, d’essayer de se prémunir contre le prurit et une peau sèche en hydratant sa peau. On trouve en pharmacie et en parapharmacie de nombreux laits, crèmes et pommades destinés au soin quotidien des peaux sèches. Aussi, il est également conseillé d’éviter, par exemple, les produits de bain et de douche parfumés et trop détergents et surtout de se gratter, en particulier si le prurit s’accompagne de boutons.

Si l’envie de se gratter est irrésistible, frottez la partie qui démange avec la paume de la main.

Explications : Ahmed Bourra, médecin-dermatologue : «Le prurit est un symptôme qu’il faut rapporter à une maladie»

Quelle est la différence entre une simple démangeaison et le prurit ?

Le prurit est seulement un symptôme clinique d’une maladie dermatologique alors qu’une démangeaison est une sensation de picotement ou d’irritation de la peau qui donne envie ou provoque le besoin de se gratter.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Il faut toujours se méfier d’un prurit parce qu’il reste seulement un symptôme qui peut cacher une maladie grave, en cas d’accompagnement d’un œdème de Quink aux conséquences imprévisibles, voire mortelles.

Quelles sont les complications du prurit ?

Le prurit intense et chronique peut se compliquer en lésion de grattage avec irritation de la peau et des yeux. Cette peau peut changer de couleur, s’épaissir «se lichenifier» puis s’infecter.
Il faut savoir que certaines personnes sont décédées par asphyxie lors d’un prurit accompagné d’une urticaire avec œdème du larynx, des paupières et des lèvres et d’autres sont décédés suite à une prise médicamenteuse (de pénicillines, de sulfamides ou autres médicaments) ayant occasionné un choc anaphylactique révélé au début par un prurit.

Quelles sont les causes du prurit ?

Le prurit (ou pruritus, en latin) signifie : sensation spontanée de démangeaison de la peau ou des muqueuses.
Au Maroc, les causes les plus fréquentes de prurit sont les maladies de la peau :

• L’eczéma des mains, du visage, parfois du corps, est une maladie prurigineuse très souvent contagieuse.
• L’allergie cutanée alimentaire (aux conserves, aux œufs, aux dérivés laitiers, aux fraises…) et médicamenteuse (pénicilline et dérivés, sulfamide et d’autres…) provoquent un prurit toujours généralisé.
• Chez l’enfant, il faut rechercher une parasitose intestinale à confirmer par des examens de laboratoire, penser également à la gale, maladie très contagieuse et prurigineuse.
• Le psoriasis est une maladie prurigineuse qui se manifeste par des plaques érythémato-squameuses avec démangeaisons.
• Le lichen plan est une maladie de la peau plus ou moins prurigineuse.
• L’application cutanée de produits cosmétiques avec parfum ou paraben peut provoquer des irritations avec prurit.

D’autres causes plus fréquentes de prurit sont à rechercher par un interrogatoire minutieux du malade sur ses antécédents personnels et familiaux.

Par ailleurs, certaines maladies rares diagnostiquées par d’autres spécialistes en médecine sont responsables de prurit. À titre d’exemple : En gastroentérologie, une hépatite avec ictère provoque obligatoirement un prurit cutané. En hématologie, le prurit peut être provoqué par des lymphomes, des leucémies, etc.

Chez les sujets âgés, le prurit sénile est très fréquent. Ses causes peuvent également être multiples : le diabète, l’insuffisance rénale, l’hypertension artérielle, les hémopathies ainsi que d’autres maladies métaboliques sur une peau souvent sèche d’où l’intérêt d’un diagnostic précoce et d’une prise en charge globale faisant appel à une concertation multidisciplinaire.

Comment peut-on traiter le prurit ?

Le prurit appelé démangeaison reste un symptôme qu’il faut souvent rapporter à une maladie interne. Le traitement dépend donc de la cause précise du prurit. Cependant, nous pouvons utiliser en urgence des antihistaminiques de dernière génération en association parfois avec des corticoïdes, sans toutefois oublier de calmer ces démangeaisons par un traitement local approprié.

Prurits vulvaire et anal

Les prurits anal et vulvaire sont les formes de prurit les plus fréquentes malheureusement. Un prurit anal est un symptôme fréquent et bénin, mais qui peut se compliquer en raison du grattage. Il peut se manifester par des démangeaisons, des irritations ou des brûlures au niveau de l’anus. Ces manifestations deviennent peu à peu obsédantes rendant parfois la vie insupportable et perturbent le sommeil. Pour ce qui est du prurit vulvaire, c’est un signe fréquent en pathologie vulvaire. Il révèle dans la majorité des cas une cause organique qui doit toujours être recherchée par un examen locorégional soigneux. Un prurit récent aigu oriente vers une cause infectieuse avant tout et parfois vers une pathologie de contact. Dans les deux cas, il est nécessaire de soigner les démangeaisons au plus vite, idéalement en traitant la cause.

Repères

L’histamine est une molécule de signalisation du système immunitaire, de la peau, de l’estomac et du cerveau des vertébrés.
Les grattements provoquent parfois des lésions pouvant se surinfecter et être à l’origine d’une hypersensibilisation de la peau, qui va se trouver encore plus irritée.