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Revue de presse

Sage-femme : un métier en manque de reconnaissance

Albayane | Maroc | 30/01/2013

Dans le répertoire des plus beaux métiers du monde, celui de sage-femme occupe indéniablement la première place. Il est vrai que c’est un métier noble, plein de valeurs humaines, de générosité, de dévouement, d’altruisme, c’est pourquoi il est préférable de dire que l’on choisi de devenir sage–femme par vocation. Au-delà de toutes ces valeurs qui symbolisent le plus vieux métier médical du monde que connaît-on vraiment des sages-femmes ? Que sait-on de celles qui prennent en charge des centaines de milliers de naissances par an ? Cette profession comporte de multiples facettes, elle est encore trop méconnue du grand public.

Pour le grand public toute personne qui porte une blouse blanche à l’intérieur d’un hôpital est une infirmière, ce qui bien entendu est totalement faux car il y a les médecins, les infirmiers, les techniciens de radiologie, de laboratoire, les étudiants en médecine, les étudiants des IFCS… Concernant la sage-femme et l’infirmière cela nous amène à dire que pendant longtemps, infirmières et sages-femmes ont été comprises comme des professions interchangeables et similaires. Or, dans la réalité, les deux métiers sont complètement différents. L’infirmière soignante s’occupe des soins qu’elle dispense aux patients hospitalisés au niveau des différents services hospitaliers, alors que la sage-femme occupe une place à part dans le monde des soins de santé même si les deux professions appartiennent au même univers et qu’infirmières et sages femmes partagent le même terrain de travail.
Mais il faut savoir que ces deux métiers sont différents, tant en termes de formation que de compétences.

Supprimer la confusion

Pour le commun des mortels, il n’y a aucune différence entre une infirmière, une accoucheuse ou une sage–femme. Cela équivaudrait à dire qu’il n’y a aucune différence entre un sergent, un capitaine et un général. Ce genre d’amalgame, de confusion peut avoir de lourdes conséquences, c’est en grand partie ce qui explique certains dérapages.

S’agissant de la sage–femme de son rôle et des missions qui sont les siennes, il faut savoir que dans le cadre de la maternité sans risque et afin de rendre la maternité plus sûre, il est indispensable qu’un professionnel de santé qualifié soit présent lors de l’accouchement, que ce soit au niveau des maternités des hôpitaux publics ou au niveau des cliniques privées.
De ce fait, il est fort utile de rappeler ici qu’il est indispensable de distinguer entre une accoucheuse qui apprend sur le tas, celle-ci pouvant être une infirmière auxiliaire qui doit assurer le service d’aide soignante et une infirmière diplômée d’Etat soignante (Bac + 3) qui a une expérience sur le terrain, et la sage-femme qui a suivi un programme de formation reconnu, bac plus 3 années de formation scientifique au sein d’une école spécialisée, créée par le ministère de la Santé.
Si dans les faits, l’accoucheuse et l’infirmière diplômée d’Etat soignante participent et assurent certains accouchements, dans la réalité et légalement parlant la sage-femme est la seule professionnelle de la santé qui n’est pas médecin mais qui est autorisée à suivre une grossesse, réaliser un accouchement.

Un métier confronté à d’énormes problèmes

Etre sage–femme est certes le plus beau métier au monde car quoi de plus excitant, de plus palpitant que de mettre au monde des bébés. C’est le sens même de la vie. Sans sage–femme on ne voit pas comment le monde pourrait évoluer. Mais être sage–femme n’est pas une sinécure. Bien souvent cette professionnelle de santé très compétente peut se retrouver face à la justice, surtout quand un accouchement censé être normal tourne au drame.

Au Maroc, le statut régissant la profession ne la protège pas de manière effective de tous les aléas de son métier. Pourtant, ces professionnelles ont un apport important dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Plusieurs affaires ont éclaté en 2012 et le malaise qui a parcouru cette catégorie de professionnelles de santé n’a pas laissé insensible le ministre de la Santé qui a pris la défense des sages–femmes, surtout en cas de poursuite judiciaire.
Aujourd’hui, pour que la sage–femme travail dans des conditions sereines, il faut qu’elle jouisse d’un statut qui lui assure protection et sécurité.

A cet effet, le professeur Louardi a donné des instructions pour que ses proches collaborateurs puissent se pencher sur l'actualisation de la loi régissant la profession infirmière, en particulier celle de sage-femme, dont le nombre s'élève à 4.000 au niveau national.

Des compétences avérées

Les sages–femmes sont compétentes, qualifiées, très expérimentées, et accompagnent chaque année la naissance de centaines de milliers de Marocaines et de Marocains, contribuent à réduire la mortalité maternelle et réalisent un travail magnifique.

Mais nos sages–femmes sont aussi compétentes dans l’examen post-natal dès lors que la grossesse a été normale et l’accouchement «eutocique «c'est-à-dire un accouchement normal, de même la sage femme peut être amenée à réaliser, en urgence, la réanimation du nouveau-né. Elle peut tout aussi bien pratiquer les soins nécessaires dans le cas de grossesse ou suites de couches physiologiques, et même pathologiques. Intervenir d’autre part dans des structures PMI (protection maternelle et infantile). Sans oublier bien sûr qu’elle même peut prescrire certaines thérapeutiques et contraceptifs, qu’elle peut aussi réaliser l’épisiotomie, l’anesthésie locorégionale lors du travail.

La sage-femme participe à la surveillance de la grossesse, sa grande compétence lui permet de détecter ou de suspecter des anomalies, et donc d’établir des diagnostics concrets et de solliciter une intervention médicale.

De nos jours les vraies sages–femmes, celles qui ont une qualification, un diplôme, une formation sont très recherchées pour leur savoir et leur savoir faire, cette reconnaissance pour autant de compétences est un signe de bonne vitalité et l’on se doit d’être fière et de dire merci à toutes ces dames qui font le plus beau métier du monde, qui consiste à donner la vie.

Écrit par Ouardirhi Abdelaziz

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