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Revue de presse

Services d’accueil des urgences : près de 5 millions de Marocains par an

Albayane | Maroc | 10/12/2012

Les services d’urgence jouent un rôle très important au niveau de tous les établissements hospitaliers, ils sont le miroir de chaque hôpital, c’est par les urgences que transitent plus de 50% des malades qui sont hospitalisés au niveau des différents services hospitaliers (médecine, chirurgie, traumatologie, gastroentérologie…), et comme leur nom l’indique, les urgences accueillent les malades dont l’état de santé nécessite une prise en charge immédiate.

En 2011 le nombre de malades qui sont passés par les différents services des urgences à l’échelon national était de 4.449.139.

Pour répondre à une demande de plus en plus importante de soins et parce qu’ils sont au cœur du système de santé sachant que c’est vers ces services que tous les citoyens se dirige en cas de problème de santé, le ministère de la santé va entreprendre une profonde réforme des urgences.

Les services d’accueil d'urgence (SMU) sont une partie intégrante et essentielle de notre système de soins dont la fonction principale est de fournir rapidement une assistance médicale urgente dans des situations graves. De ce fait la médecine d’urgence demande des connaissances et des compétences avérées (médecins, infirmiers) capables de poser rapidement un diagnostic, de prendre toutes les décisions qui s’imposent concernant le traitement adapté a chaque situation et d’assurer le suivi et la gestion des aspects les plus urgents de la maladie pour tous les groupes d'âge de notre population qui sollicite les services d’accueil d’urgence.

Dés lors on comprend mieux toute l’importance que revêt un service d’accueil d’urgence performant dans la prise en charge des citoyens, et on mesure à sa juste valeur la place qui doit être la sienne et les moyens (ressources humaines et matériels) qui doivent être mis à sa disposition afin de lui permettre de mener à bien ses missions dans n’importe quelle situation (urgences vraies, vitales, subjectives ou à caractère social). Il faut savoir que le citoyen qui s’adresse au service d’accueil d’urgence, portera un jugement global sur le système de soins à travers l’expérience qu’il aura vécu au niveau du service des urgences.
En effet, c’est là un élément très important que les responsables, les gestionnaires et les professionnels de santé doivent prendre en considération, à savoir que les citoyens jugent leur système de soins en fonction de leurs propres expériences et c’est encore plus vrai et plus sensible quand il s’agit d’une demande urgente de soins qui vous oblige à vous rendre dans un service d’accueil d’urgence. C’est à ce niveau que le malade ressent de façon intense le niveau de la qualité des prestations qu’il reçoit (accueil, rapidité et qualité d’intervention).

Une charge de travail harassante

Partout au Maroc, au niveau des grandes villes (Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech, Tanger, Meknès, Tétouan, Oujda…), les services d’accueil des urgences sont très sollicités de jour comme de nuit, les week-ends et les jours fériés. Au niveau de ces services pas comme les autres, l’activité est constante, parfois soutenue, la charge de travail est lourde, harassante surtout quand les ambulances défilent les unes après les autres déposant des blessés graves, des malades en situation de détresse vitale, c’est un choc hémorragique, un coma diabétique, un traumatisme crânien, un AVC…

Ces situations sont le lot quotidien des équipes qui travaillent aux urgences, tous sont conscients de la responsabilité qui est la leur et la mission que chacun doit assumer surtout quand on connaît toute l’importance que revêt aujourd’hui la prise en charge de l’urgence au sein de nos structures hospitalières.

Il n’y a pas que les professionnels de santé (médecins, infirmiers...) qui mesurent a sa juste valeur la place qu’occupe le service d’urgence au sein de l’hôpital, les citoyens eux aussi sont très bien informés sur la réalité des services d’urgences. Tous reconnaissent que ce sont des services essentiels, que les urgences sont disponibles à toute heure, les week-ends et les jours fériés, que les urgences sont efficaces et que l’on beaucoup de chance de s’en sortir en cas de problèmes sérieux.

Ce n’est pas une vue de l’esprit, loin s’en faut, c’est la réalité et chacun de nous à eu affaire un jour ou l’autre aux urgences surtout la nuit. Par ailleurs vous trouverez toujours sur place des professionnels de santé, en outre, les médecins, les chirurgiens et les infirmiers sont qualifiés, très compétents, savent et maitrisent tous ce qu’ils font. Tout n’est pas rose, c’est une évidence, les citoyens reconnaissent volontiers qu’il y a ici et là parfois des dépassements, des égarements, ce qui n’empêche pas les médecins, les infirmiers de s’acquitter dignement de leur travail au moment ou ces mêmes personnels de santé sont en nombre insuffisant.
Mais il ne faut pas limiter la cause des problèmes que vivent certains services d’urgence uniquement a un sous effectif d’infirmiers ou de médecins. C’est un raisonnement qui ne tient pas, certes, il est vrai que cela peut influer négativement sur le déroulement normal des activités, mais parallèlement il faut aussi retenir que l’ajout de ressources humaines n’est pas la seule avenue possible pour régler les problèmes affectant les urgences, il convient surtout de changer les façons de faire et d’agir sur les comportements qui nuisent à l’image de marque des services d’urgences, un problème qu’il ne faut pas occulter et qui malheureusement existe dans plusieurs établissements.

Aujourd’hui, le travail qui est entrepris par le ministère de la santé vise justement à changer cette réalité, mais à mon humble avis, il faut d’abord agir sur les comportements, il faut sensibiliser, informer, éduquer si besoin certains professionnels, il s’agit en d’autres termes de changer les mentalités.

Vraies et fausses urgences

Le problème des ressources humaines ou plus exactement de la pénurie de médecins et d’infirmiers est relativement ancien. On sait tous que les services d’urgence font face à une activité soutenue depuis quelques années, qu’il y a un problème d’effectifs en ce qui concerne les médecins et les infirmiers, que par conséquent la charge de travail est rebutante, que cette situation influe énormément sur les relations avec les citoyens, ce qui explique que le climat soit parfois tendu surtout quand le personnel doit prendre en charge des cas qui ne sont pas urgents (toux, constipation, douleur lombaire, céphalées , migraine…) qui sont des affections qui peuvent être traitées en ambulatoire, mais force est de constater que de plus en plus de patients s’adressent aux services des urgences pour des soins de premier recours et pour des affections sans aucun caractère de gravité . Pour les gens, il est plus facile d’avoir un accès rapide à un médecin, un spécialiste, un examen ou une radiographie en allant aux urgences que de passer par le circuit normal souvent pour de petit problème qui ne nécessite nullement l’intervention d’un urgentiste.

De ce fait les services d’urgences se retrouvent face à la nécessité de faire le tri et de dépister les vraies des fausses urgences. Cette évaluation prend du temps et entraîne des encombrements et des attentes parfois intolérables dans les services, ce qui fini toujours par excéder les malades qui souffrent ou leurs familles. C’est tout le système de soins dont les urgences sont un maillon essentiel, mais un maillon seulement, qui doit donc être amélioré. Car que faire de ces patients non urgents qui sont en attente d’une prise en charge en aval, mais que l’on n’a pas pris en charge pour des raisons que la raison ne peut pas accepter ? Quelles mesures adopter aujourd’hui pour éduquer les citoyens trop habitué, au moindre pépin, à se tourner vers les services d’urgences ?

Mais aussi comment doivent agir les services d’accueil des urgences face à la précarité, face aux SDF, a celles et ceux qui ne trouvent pas de place dans les structures sociales ?

Des difficultés réelles

Comme on le voit, il y a des hauts et des bas, tout n’est pas rose, mais tout n’est pas noir. Il faut dire les choses comme il se doit, les difficultés existent, elles sont réelles, bien qu’inégales d’un établissement à l’autre. C’est la rançon du succès des services des urgences.
Mais il faut dire que les services des urgences font face depuis des années à de nombreux problèmes qui entravent le bon fonctionnement de ces services.

Dans sa réponse aux parlementaires, le ministre de la santé, le professeur Houssein Louardi avait passé en revue certains obstacles qui freinent le développement des urgences
Parmi les points soulevés par le ministre de la santé au sujet des dysfonctionnements qui sont relevés concernant les services des urgences, il y a lieu de citer :

  • 1. Différence entre l’offre et la demande.
  • 2. Il n’y a pas une vision claire et une approche concertée entre les différents intervenants (secteur public, secteur privé et protection civile)
  • 3. Absence d’un système d’information entre les intervenants
  • 4. Il n’y a pas de concertation, ni de complémentarité entre les différentes parties qui interviennent dans la prise en charge de l’urgence.
  • 5. La formation en matière d’urgence est en deçà de ce qu’elle doit être.
  • 6. Pénurie de professionnels de santé, le manque de matériel adéquat nécessaire à la prise en charge des urgences.
  • 7. Le non respect du circuit de soins, les fausses urgences qui constituent de véritables goulots d’étranglements au niveau des services d’urgence.

Des solutions adaptées

4.449.139 est le nombre d’utilisateurs des services d'urgence au niveau national durant l’année 2011, soit une augmentation de 9,13% par rapport à l'année 2010, où ce nombre avoisinait les 4.076.736 visiteurs. Un chiffre qui témoigne de la capacité de l’offre des services d’urgences, malgré les quelques disparités entre les régions.
Désormais, la priorité sera donnée à la réception et à l'orientation des malades au sein des urgences. Le Ministère vise ainsi à créer 80 unités médicales d'urgence de proximité dans les zones lointaines situées loin des établissements médicaux.

Le Ministère œuvre également pour le développement des pôles spécialisés en urgence à travers notamment le lancement de la réhabilitation de 4 pôles d’urgences médicales à l’hôpital El Farabi à Oujda, Ibn Toufail à Marrakech, Ibn Rochd à Casablanca, et l’hôpital de Sidi Bennour.

Par ailleurs, le ministère prévoit la réalisation du projet «héliportage sanitaire» dans la région de Tensift-Al Haouz et Tadla-Azilal, dont les procédures administratives et techniques sont actuellement en cours. Pour ce qui est des ressources humaines, le Ministère compte la création d’une nouvelle filière de formation d’infirmiers et d’infirmières spécialisés en soins d’urgences et de réanimation, afin de combler le déficit en matière de ressources spécialisées.
Il s’agit aussi de doter et de renforcer les différentes provinces et préfectures en moyens d’évacuation (ambulances médicalisées bien équipées) pour assurer une meilleure prise en charge des urgences et d’intervention en cas de catastrophes : mettre en place un dispositif de radiocommunication pour permettre une régulation des urgences et secours régional et provincial, amélioration les compétences et l’expertise des responsables locaux et des unités d’intervention en matière de prise en charge des urgences et secours, procéder à la révision et l’adaptation du plan d’organisation des secours (Plan ORSEC), avec définition de plans spécifiques, en fonction des risques et des régions surtout que le Maroc connaît à l’heure actuel des changements importants en terme d’urbanisation, de réseaux autoroutier, le tram, le TGV, les terrains de foot, les ports, les unités industriels et, enfin, rendre obligatoire les sessions de formation continue en matière d’urgentologie et d’organisation des secours en cas d’urgence majeure en faveur du personnel des structures d’accueil des urgences…

Écrit par Ouardirhi Abdelaziz

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