Pour la 1re fois à Mohammedia, une journée de chirurgie en direct du glaucome a été organisée par une clinique d’ophtalmologie en présence d’éminents spécialistes nationaux et français. Les participants de diverses villes du Royaume ont assisté à une intervention chirurgicale transmise en direct dans une salle de conférence avec un débat sur les nouvelles approches chirurgicales du glaucome.

Cette journée a été animée par le professeur Isabelle Riss, ophtalmologiste de Bordeaux, spécialiste et active dans la recherche dans le domaine du glaucome et initiatrice de cette technique en France.

Son intervention a été axée sur l’apport du laser diode délivré sous contrôle visuel par une micro-caméra introduite à l’intérieur de l’œil à travers une incision dans le diamètre ne dépasse pas 1,8 mm, ce qui permet des traitements efficaces du glaucome sans complications. L’intervenante a dans ce contexte longuement parlé de l’importance de la recherche, des innovations chirurgicales plus simples à réaliser avec moins de complications post-opératoires, ce qui va contribuer à une meilleure prise en charge des patients glaucomateux.

Ezzouhaïri Sidi Mohamed, ophtalmologiste présent de l’Association marocaine contre le glaucome a souligné que cette journée a été l’occasion d’échanges de points de vue sur les différentes techniques de la chirurgie du glaucome. Ce fut également l’occasion de mettre en avant l’intérêt, de cette nouvelle technique qui est une véritable chirurgie endoscopique du glaucome.

Il est à noter que dans le monde il y a 65 millions de personnes atteintes de glaucome soit l’équivalent de deux fois l’ensemble de la population marocaine. Le glaucome comme l’ont précisé les participants est une maladie oculaire grave, car il entraîne une détérioration progressive des fibres du nerf optique pouvant aboutir à la cécité. Il s’agit en fait d’une atteinte du nerf optique par, principalement, une élévation de la pression à l’intérieur de l’œil.

Le glaucome est une maladie insidieuse, les altercations du champ visuel peuvent longtemps passer inaperçues. Dans sa forme chronique, le traitement médicamenteux à base de collyres prescrit à vie permet de sauvegarder une vision utile. Jusqu’à ce jour, le laser a une certaine efficacité fluctuante d’un individu à un autre. La nouvelle technique s’adresse en priorité aux personnes atteintes de glaucome et de cataracte.

Étant donné que le traitement de la cataracte est chirurgical, la micro-incision réalisée pour extraire la cataracte permettra d’introduire un endoscope muni d’une caméra et d’une sonde laser. Cet endoscope visualisera la structure responsable de la production de l’humeur aqueuse, appelée corps ciliaire et la traitera par laser diode, ce qui modulera la pression dans l’œil. Cette intervention ultra technique est efficace avec des effets indésirables minimes.

Qu’est-ce que le glaucome ?

À l’intérieur de l’oeil, entre la cornée et l’iris, se trouve un espace appelé chambre antérieure. Cet espace est rempli d’un liquide appelé humeur aqueuse. Ce liquide transparent exerce plusieurs fonctions : il maintient la pression intraoculaire, donne sa forme au globe oculaire et nourrit la cornée et le cristallin. L’humeur aqueuse est constamment renouvelée et circule dans l’oeil. En cas de glaucome, un problème d’excrétion de l’humeur aqueuse par sa voie de sortie se produit. L’excrétion du liquide est soit ralentie de façon progressive, ce qui mène peu à peu au glaucome à angle ouvert, soit bloquée rapidement, ce qui provoque un glaucome à angle fermé. Lorsque la pression à l’intérieur de l’oeil s’accroît, les fibres de la rétine et le nerf optique en sont affectés. De petites régions de la rétine deviennent alors insensibles aux rayons lumineux. Le glaucome chronique se manifeste surtout dès l’âge de 40 ans, mais il y a des formes rares qui apparaissent plus tôt. Il y a même des formes congénitales qui se manifestent chez les bébés et les nourrissons. Il y a bien sûr des formes plus aiguës qui sont plus perceptibles et qu’on appelle les formes aiguës à angle fermé, mais elles sont heureusement très peu fréquentes au Maroc.

On estime, au Royaume, que 1 à 2% des plus de 40 ans sont «glaucomateux». La fréquence s’élève avec l’âge pour atteindre même les 10% chez les populations diabétiques, atteintes de maladies cardiovasculaires et les populations âgées de 65 à 70 ans. Dans ce cadre, l’Association marocaine contre le glaucome (AMG) s’est constituée pour sensibiliser la population marocaine sur le glaucome et pour faire des campagnes de dépistage.

Abdelmajid Boustani