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Le matin | Maroc | 19/11/2006
De mémoire de villageois, on n'avait jamais vu autant de personnes " cravatées " débarquer en même temps dans cette bourgade, longtemps, " hors du temps ". Alors pour l'occasion, les 1.600 habitants ont mis les petits plats dans les grands.
Il faut dire que l'accueil réservé par la population locale aux " visiteurs " est à la mesure de l'événement : la célébration de l'atteinte des objectifs ultimes d'intervention en matière d'éradication du trachome.
Si ce douar a été choisi par le ministère de la Santé, il y avait bien une raison…que nous n'allions pas d'ailleurs tarder à découvrir. Tous les habitants ont été sensibilisés à cette action appelée CHANCE. Hommes, femmes et enfants ont été associés dans une démarche participative dont le socle est bien sûr la société civile.
Dans ce sens, l'association Anti-Atlas pour le développement est très active. Elle a été très étroitement impliquée, par les autorités, dans l'application du programme CHANCE. L'association a servi de relais aux pouvoirs publics afin de vulgariser toutes les mesures qui devaient être suivies par la population. Fatima Marawani, est une militante active de l'association Anti-Atlas.
Elle est le type même de la femme rurale défavorisée par sa propre situation, sauf qu'elle a pu, grâce aux cours intensifs d'alphabétisation, s'en sortir. Alors, en essayant de " soigner son arabe ", elle explique, sereinement, que les femmes du village veillent à ce que les recommandations du ministère de la Santé, concernant l'utilisation de l'eau et l'éloignement du fumier des habitations, soient scrupuleusement appliquées.
Aujourd'hui, l'une des plus belles réalisations au niveau de Afra Labrabere est le projet d'approvisionnement en eau potable qui a permis depuis 2003 à 122 ménages, soit 87 % de la population, d'être raccordés au réseau de distribution d'eau et de disposer de latrines. Des conditions sans lesquelles l'éradication du trachome n'aurait été qu'une" pure vue de l'esprit",puisque tout le monde est conscient que le trachome n'est pas un problème strictement médical et que son existence relevait essentiellement d'un problème socio-économique, à savoir l'extrême pauvreté.
Dans un recoin du douar, une école primaire existe depuis le début
des années quatre-vingt. Les quatre classes accueillent une centaine
d'élèves du village. Rkia, 11 ans, vient chaque jour suivre les
cours dispensés par son institutrice.
Elle connaît le trachome…Elle en parle avec beaucoup de maîtrise.
Elle fait maintenant partie de cette génération qui ne souffrira
pas de cette endémie.
Rkia observe minutieusement les conseils qu'elle reçoit à l'école. Elle ne veut pas ressembler à cette vieille femme aux yeux qui coulent et aux paupières déformées qui leur rendait assez souvent visite à la maison. Cette femme lui faisait, à la fois, peur et pitié.
Depuis le début du siècle, Ouarzazate ainsi que quatre autres régions du Royaume (Errachidiua, Zagoura, Figuig et Tata) subissaient de plein fouet le fléau du trachome.
Plusieurs médecins français, qui ont séjourné dans ces régions pendant les premières années du protectorat, avaient publie le résultat de leurs observations.
Cependant, il fallait attendre les premières années de l'indépendance
pour que les programmes de lutte contre le trachome avec distribution de tétracycline
dans les écoles voient le jour. La portée de ces programmes resta
très limitée.
Ce n'est que dans les années quatre-vingt-dix que les enquêtes
provinciales sur la prévalence et la gravité du trachome déclenchent
la sonnette d'alarme.
La prévalence du trachome actif chez les enfants de moins de 10 ans variait, en 1993, entre 6 % à Figuig et 70 % à Zagora. Il fallait alors réagir rapidement. C'est ce qui fut fait en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé, l'International Trachoma Initiative et les laboratoires Pfizer Inc.
Après quinze années d'efforts soutenus dans le cadre du Programme national de lutte contre la cécité, 85 % des 26.500 personnes recensées, en 1993, comme étant menacées à terme de cécité, ont pu échapper à cette " fatalité ".
Actuellement, la lutte contre le trachome est un véritable tournant.
Une nouvelle phase va commencer, avec notamment la consolidation des acquis
et la mise en place d'un système de veille épidémiologique.
Cette étape s'étalera sur trois ans puisque c'est au bout de cette
phase que le Maroc peut entreprendre les démarches auprès de l'OMS
pour la certification de l'élimination de cette maladie…
C'est à ce moment là que Rkia, ainsi que tous les autres enfants de Afra Labrabere auraient définitivement échappé à l'obscurité qui avait enveloppé certains de leurs aïeux…Un pari qui semble à portée de vue.
Qu'est-ce que le trachome ?
Selon l'Organisation mondiale de la santé, le trachome est une maladie infectieuse et contagieuse de l'œil provoquée par la bactérie Chlamydia trachomatis, qui serait responsable de 15 % des causes de cécité. Le trachome est aussi une maladie liée à l'ignorance, aux mauvaises conditions d'hygiène individuelle et collective, à l'insalubrité du milieu et à un faible accès aux soins médicaux. C'est la première cause de cécité évitable. Le trachome touche 150 millions de personnes dans le monde, dont 75% sont des enfants. 8 millions sont déjà aveugles à cause de cette maladie et 84 millions d'individus sont aujourd'hui porteurs du trachome actif.
Pfizer Inc fait du mécénat social
C'est le docteur Henry McKinnelly, président du conseil d'administration de Pfizer Inc, géant mondial du médicament, qui a fait lui-même le déplacement à Ouarzazate pour partager la joie des Marocains d'avoir : " remporté une victoire contre le trachome cécitant ". Henry McKinnelly n'est, pas peu fier d'avoir participé au côté du gouvernement marocain à établir un record mondial quant à l'élimination la plus rapide du trachome cécitant dans l'Histoire.
Les laboratoires Pfizer ont joué un rôle important dans ce programme, et ce en mettant à la disposition des autorités sanitaires nationales 700.000 doses par an.
Le président de Pfizer a rendu hommage à l'esprit de créativité du Maroc, qui a su trouver les ressources et les modèles pour vaincre la maladie.
Il a également apprécié la démarche qui consiste, pour tous les partenaires impliqués dans cette opération, à rendre des comptes, ce qui est un gage de sérieux et de bonne volonté.
Karim Douichi
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